On recommande généralement aux diabétiques de répartir les prises alimentaires quotidiennes sur trois repas principaux et une à deux collations. Une telle répartition alimentaire est censée limiter le grignotage, et favoriser le contrôle du poids. Toutefois, il existe peu d’arguments scientifiques pour conseiller telle ou telle manière de répartir l’apport calorique au cours des 24 heures.
Chez l’animal, l’augmentation des périodes de jeune et l’espacement des prises d’aliments préviennent la survenue de maladies chroniques et prolongent l’espérance de vie. Des études observationnelles montrent une association positive entre l’excès pondéral et une prise alimentaire répartie sur plus de trois repas. Chez des diabétiques, le contrôle glycémique semble meilleur avec un repas riche plutôt qu’avec deux repas plus petits. Au-delà du nombre de prises alimentaires, l’horaire de ces dernières semble influer sur l’évolution pondérale.
Kahleova et al. ont comparé, chez des diabétiques de type 2, l’effet d’un apport calorique réparti, soit en deux repas principaux, soit en six prises alimentaires échelonnées sur la journée. Cette étude réalisée en cross-over, dans un seul centre, a concerné 54 patients (hommes et femmes) diabétiques de type 2 (âge : 30-70 ans, IMC : 27-50 kg/m²) traités par des antidiabétiques oraux. Les volontaires ont été soumis successivement à deux régimes alimentaires de même niveau calorique, l’un comportant six prises alimentaires (régime A6 : petit-déjeuner, déjeuner, dîner et trois collations entre les repas), l’autre consistant à s’alimenter en deux grands repas (régime B2, le premier repas devait être consommé entre 6h et 10h, le second entre 12h et 16h). Le niveau calorique était déterminé de façon individuelle) pour favoriser une perte pondérale (-500 kcal par rapport à la dépense énergétique totale évaluée).
L’adhésion au régime a été évaluée à l’aide d’une enquête alimentaire sur 3 jours à l’inclusion et à l’issue des deux phases de l’étude. Le niveau d’activité physique était quantifié grâce à des questionnaires validés et à la mesure du nombre de pas avec un podomètre. L’insulinosensibilité et la fonction cellulaire β ont également été mesurées (à l’aide d’un clamp hyperinsulinique-euglycémique et un repas test). La graisse intrahépatique a été évaluée par IRM.
Une perte de poids un peu plus marquée
L’apport alimentaire (diminution) et le niveau d’activité physique (légère augmentation) ont varié dans les deux groupes sans différence significative avec les deux régimes. En revanche, le poids (-2,0 kg avec A6 vs -3,7 kg avec B2, p = 0,009), la quantité de graisse intrahépatique et la glycémie à jeun ont davantage diminué avec le régime B2 qu’avec le régime A6. L’amélioration de l’HbA1c n’a pas été significativement différente entre les deux groupes, mais on note une tendance en faveur de B2 (-0,23 % vs -0,19 %, p=0,08). De même, l’insulinosensibilité et la fonction cellulaire β ont augmenté de façon similaire avec les deux régimes. Ces derniers n’ont pas eu non plus d’effet différent sur les paramètres lipidiques (triglycérides, HDL- et LDL-cholestérol).
Les auteurs de cette étude concluent à une probable supériorité d’une alimentation répartie sur deux prises alimentaire chez des patients diabétiques. Les hypothèses mécanistiques ne manquent pas : augmentation de la thermogenèse post-prandiale plus importante, production plus marquée de BNDF (Brain-Derived Neurotrophic Factor) avec le régime B2…
La principale limite de ce travail réside dans le manque de puissance et de précision pour montrer une différence d’apport calorique avec les deux régimes. Il est possible que l’apport énergétique ait été plus faible avec le régime B2 qu’avec A6. Cela suffirait à expliquer l’essentiel des résultats…
Bien que ces résultats soient intéressants sur le plan conceptuel, ils ne permettent pas de recommander aux patients diabétiques d’adopter tel ou tel rythme alimentaire. Les données récentes qui remettent en cause l’intérêt du petit déjeuner pour favoriser la perte de poids montrent que la chrononutrition en est, tout au plus, à ses débuts…
Dr Boris Hansel
RÉFÉRENCES
Kahleova H et coll. : Eating two larger meals a day (breakfast and lunch) is more effective than six smaller meals in a reduced-energy regimen for patients with type 2 diabetes: a randomised crossover study. Diabetologia. 2014; publication avancée en ligne le 18 mai. DOI 10.1007/s00125-014-3253-5.
JIM 2014
Chez l’animal, l’augmentation des périodes de jeune et l’espacement des prises d’aliments préviennent la survenue de maladies chroniques et prolongent l’espérance de vie. Des études observationnelles montrent une association positive entre l’excès pondéral et une prise alimentaire répartie sur plus de trois repas. Chez des diabétiques, le contrôle glycémique semble meilleur avec un repas riche plutôt qu’avec deux repas plus petits. Au-delà du nombre de prises alimentaires, l’horaire de ces dernières semble influer sur l’évolution pondérale.
Kahleova et al. ont comparé, chez des diabétiques de type 2, l’effet d’un apport calorique réparti, soit en deux repas principaux, soit en six prises alimentaires échelonnées sur la journée. Cette étude réalisée en cross-over, dans un seul centre, a concerné 54 patients (hommes et femmes) diabétiques de type 2 (âge : 30-70 ans, IMC : 27-50 kg/m²) traités par des antidiabétiques oraux. Les volontaires ont été soumis successivement à deux régimes alimentaires de même niveau calorique, l’un comportant six prises alimentaires (régime A6 : petit-déjeuner, déjeuner, dîner et trois collations entre les repas), l’autre consistant à s’alimenter en deux grands repas (régime B2, le premier repas devait être consommé entre 6h et 10h, le second entre 12h et 16h). Le niveau calorique était déterminé de façon individuelle) pour favoriser une perte pondérale (-500 kcal par rapport à la dépense énergétique totale évaluée).
L’adhésion au régime a été évaluée à l’aide d’une enquête alimentaire sur 3 jours à l’inclusion et à l’issue des deux phases de l’étude. Le niveau d’activité physique était quantifié grâce à des questionnaires validés et à la mesure du nombre de pas avec un podomètre. L’insulinosensibilité et la fonction cellulaire β ont également été mesurées (à l’aide d’un clamp hyperinsulinique-euglycémique et un repas test). La graisse intrahépatique a été évaluée par IRM.
Une perte de poids un peu plus marquée
L’apport alimentaire (diminution) et le niveau d’activité physique (légère augmentation) ont varié dans les deux groupes sans différence significative avec les deux régimes. En revanche, le poids (-2,0 kg avec A6 vs -3,7 kg avec B2, p = 0,009), la quantité de graisse intrahépatique et la glycémie à jeun ont davantage diminué avec le régime B2 qu’avec le régime A6. L’amélioration de l’HbA1c n’a pas été significativement différente entre les deux groupes, mais on note une tendance en faveur de B2 (-0,23 % vs -0,19 %, p=0,08). De même, l’insulinosensibilité et la fonction cellulaire β ont augmenté de façon similaire avec les deux régimes. Ces derniers n’ont pas eu non plus d’effet différent sur les paramètres lipidiques (triglycérides, HDL- et LDL-cholestérol).
Les auteurs de cette étude concluent à une probable supériorité d’une alimentation répartie sur deux prises alimentaire chez des patients diabétiques. Les hypothèses mécanistiques ne manquent pas : augmentation de la thermogenèse post-prandiale plus importante, production plus marquée de BNDF (Brain-Derived Neurotrophic Factor) avec le régime B2…
La principale limite de ce travail réside dans le manque de puissance et de précision pour montrer une différence d’apport calorique avec les deux régimes. Il est possible que l’apport énergétique ait été plus faible avec le régime B2 qu’avec A6. Cela suffirait à expliquer l’essentiel des résultats…
Bien que ces résultats soient intéressants sur le plan conceptuel, ils ne permettent pas de recommander aux patients diabétiques d’adopter tel ou tel rythme alimentaire. Les données récentes qui remettent en cause l’intérêt du petit déjeuner pour favoriser la perte de poids montrent que la chrononutrition en est, tout au plus, à ses débuts…
Dr Boris Hansel
RÉFÉRENCES
Kahleova H et coll. : Eating two larger meals a day (breakfast and lunch) is more effective than six smaller meals in a reduced-energy regimen for patients with type 2 diabetes: a randomised crossover study. Diabetologia. 2014; publication avancée en ligne le 18 mai. DOI 10.1007/s00125-014-3253-5.
JIM 2014
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