Perturbations endocriniennes après traumatisme cérébral chez l'enfant

(JIM)
Pr JJ Baudon

L'atteinte cérébrale par traumatisme crânien (TC) peut déterminer chez l'enfant des troubles de la croissance et du développement. Dans les TC de l'adulte, le dysfonctionnement hypophysaire est bien documenté. En pédiatrie, peu d'études ont évalué de façon systématique les fonctions endocriniennes. Ce travail a été réalisé à Cincinnati chez 31 enfants, âgés de 1,5 à 18 ans (âge moyen 11,6 ans), ayant souffert d'un TC modéré à sévère (score de coma de Glasgow <= 12).
Les fonctions explorées, 1, 3, 6 et 12 mois après le TC, ont été la fonction thyroïdienne (T4, TSH), l'IGF1, l'IGF binding protein 3, et le cortisol et à 3 et 6 mois la prolactine. Au 6ème mois, ont été évaluées la sécrétion spontanée d'hormone de croissance (GH) et la sécrétion de TSH par des dosages répétés, le test à l'ACTH et la mesure de l'osmolarité plasmatique et urinaire. Au 12ème mois, en cas de tests anormaux antérieurs ou de troubles pubertaires, de nouveaux tests ont été faits dont les dosages de GH après stimulation.
L'incidence des dysfonctionnements endocriniens était de 15 % (4/27) à 1 mois : 3 diabètes insipides et 2 TSH anormales. A 2-3 mois, cette incidence atteignait 25 % (13/25) : 6 enfants avaient un taux de T4 bas avec TSH normale, 1 une TSH et 4 des taux de prolactine élevés. Deux sur 9 adolescentes avaient une oligoménorrhée. A 6 mois, 75 % (18/24) des patients avaient des anomalies : 3 un taux de GH insuffisant dont 2 présentaient un arrêt de croissance en cours de puberté, 8 une hyperprolactinémie, 11 une sécrétion de TSH insuffisante et des taux de T4 dans le tiers inférieur de la normale, l'un étant traité sur la clinique et 2 des T4 pathologiques. Deux patients avaient une puberté précoce. Les diabètes insipides ont été transitoires. A 1 an, 29 % des patients (6/21) avaient encore des anomalies : 3 une puberté précoce dont 2 traités, 2 une hypothyroïdie centrale et 1 un déficit en GH également traités.
Au total, beaucoup d'anomalies endocriniennes ont été transitoires et purement biologiques. Cependant, la possibilité de séquelles à un an doit être notée. Aucun facteur prédictif d'atteinte endocrinienne, notamment le rôle qu'aurait pu avoir la sévérité du traumatisme initial, n'a été trouvé.


Kaulfers AM et coll. : Endocrine dysfunction following traumatic brain injury in children. J Pediatr., 2010 ;157 : 894-