09/03/12
(JIM)
Dr Alain Cohen
Selon les éditorialistes du British Journal of Psychiatry, le rôle néfaste de la maltraitance et des abus contre des enfants fut « longtemps ignoré ou minimisé.» Jusqu'en 1975, des ouvrages de psychiatrie avançaient ainsi un taux d'inceste « officiel » d'environ un cas pour un million d'enfants. Mais vers la fin du XXème siècle, des études épidémiologiques ont révélé « l'étendue alarmante des abus et des carences» dont souffrent réellement certains enfants, bien plus souvent qu'on ne le croyait auparavant. Et en évoquant une problématique proche de celle observée chez des vétérans de la guerre du Vietnam, la description du « trouble de stress post-traumatique» (PTSD : post-traumatic stress disorder) comme séquelle possible d'un traumatisme infanto-juvénile a montré que la psychopathologie de l'adulte s'ancre volontiers -comme l'affirmait déjà Freud- dans un événement traumatique survenu dans l'enfance ou l'adolescence. Voir par exemple sur ce thème le film d'Hitchcock, Pas de printemps pour Marnie.
Mais, rappellent les auteurs, la nature de ces traumatismes précoces ne se résume pas aux abus sexuels, et leurs conséquences dépassent largement le cadre du seul PTSD. En amont, tout contexte (familial ou propre à l'enfant) peut être impliqué : pathologie ou stress important chez la mère, carences nutritionnelles, caractère non désiré de la grossesse, perte précoce d'un parent (par décès ou abandon), confrontation à des violences intrafamiliales (même au titre de « simple témoin »), addiction parentale à une drogue, antécédents psychiatriques ou/et judiciaires d'un parent, etc. Et en aval, le jeune concerné peut présenter aussi une large diversité de troubles : anxiété, phobies, PTSD, hyperactivité, dépression, troubles de la personnalité, addiction à une drogue, etc.
Ces dernières années, les études épidémiologiques ont confirmé par ailleurs que des antécédents traumatiques dans l'enfance (abus sexuels ou autres formes de maltraitance) sont associés de façon significative à une éventuelle évolution psychotique. Ce lien aurait paru « hérétique aux psychiatres à orientation biologique» : en 2004, une enquête montrait ainsi que la majorité des psychiatres (britanniques) estimaient que les psychoses s'enracinent essentiellement dans des terrains organiques (caused primarily by biological factors). Mais plusieurs recherches (comme une enquête prospective menée aux Pays-Bas) ont révélé le lien incontestable entre antécédents traumatiques et psychoses : multiplication du risque de psychose « par un facteur 9 en moyenne : facteur 2 en cas de traumatisme ''léger'' (mild abuse) et facteur proche de 50 en cas de traumatisme ''grave'' (severe abuse).»
Conjuguant une approche neuro-développementale et psychologique au sein d'un même modèle, certains travaux réconcilient d'ailleurs les thèses « biologiques » et « psychosociales » dans le déterminisme de la psychose, en estimant que le cerveau des enfants ayant subi des traumatismes précoces peut présenter des anomalies (biochimiques ou/et neuro-anatomiques) comparables à celles observées chez certains psychotiques avec des antécédents d'affection cérébrale organique (comme une encéphalopathie).
Read J et Bentall RP : Negative childhood experiences and mental health : theoretical, clinical and primary prevention implications. Br J Psychiatry, 2012; 200: 89-91.
(JIM)
Dr Alain Cohen
Selon les éditorialistes du British Journal of Psychiatry, le rôle néfaste de la maltraitance et des abus contre des enfants fut « longtemps ignoré ou minimisé.» Jusqu'en 1975, des ouvrages de psychiatrie avançaient ainsi un taux d'inceste « officiel » d'environ un cas pour un million d'enfants. Mais vers la fin du XXème siècle, des études épidémiologiques ont révélé « l'étendue alarmante des abus et des carences» dont souffrent réellement certains enfants, bien plus souvent qu'on ne le croyait auparavant. Et en évoquant une problématique proche de celle observée chez des vétérans de la guerre du Vietnam, la description du « trouble de stress post-traumatique» (PTSD : post-traumatic stress disorder) comme séquelle possible d'un traumatisme infanto-juvénile a montré que la psychopathologie de l'adulte s'ancre volontiers -comme l'affirmait déjà Freud- dans un événement traumatique survenu dans l'enfance ou l'adolescence. Voir par exemple sur ce thème le film d'Hitchcock, Pas de printemps pour Marnie.
Mais, rappellent les auteurs, la nature de ces traumatismes précoces ne se résume pas aux abus sexuels, et leurs conséquences dépassent largement le cadre du seul PTSD. En amont, tout contexte (familial ou propre à l'enfant) peut être impliqué : pathologie ou stress important chez la mère, carences nutritionnelles, caractère non désiré de la grossesse, perte précoce d'un parent (par décès ou abandon), confrontation à des violences intrafamiliales (même au titre de « simple témoin »), addiction parentale à une drogue, antécédents psychiatriques ou/et judiciaires d'un parent, etc. Et en aval, le jeune concerné peut présenter aussi une large diversité de troubles : anxiété, phobies, PTSD, hyperactivité, dépression, troubles de la personnalité, addiction à une drogue, etc.
Ces dernières années, les études épidémiologiques ont confirmé par ailleurs que des antécédents traumatiques dans l'enfance (abus sexuels ou autres formes de maltraitance) sont associés de façon significative à une éventuelle évolution psychotique. Ce lien aurait paru « hérétique aux psychiatres à orientation biologique» : en 2004, une enquête montrait ainsi que la majorité des psychiatres (britanniques) estimaient que les psychoses s'enracinent essentiellement dans des terrains organiques (caused primarily by biological factors). Mais plusieurs recherches (comme une enquête prospective menée aux Pays-Bas) ont révélé le lien incontestable entre antécédents traumatiques et psychoses : multiplication du risque de psychose « par un facteur 9 en moyenne : facteur 2 en cas de traumatisme ''léger'' (mild abuse) et facteur proche de 50 en cas de traumatisme ''grave'' (severe abuse).»
Conjuguant une approche neuro-développementale et psychologique au sein d'un même modèle, certains travaux réconcilient d'ailleurs les thèses « biologiques » et « psychosociales » dans le déterminisme de la psychose, en estimant que le cerveau des enfants ayant subi des traumatismes précoces peut présenter des anomalies (biochimiques ou/et neuro-anatomiques) comparables à celles observées chez certains psychotiques avec des antécédents d'affection cérébrale organique (comme une encéphalopathie).
Read J et Bentall RP : Negative childhood experiences and mental health : theoretical, clinical and primary prevention implications. Br J Psychiatry, 2012; 200: 89-91.
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