Sévices dans l’enfance : le poumon trinque

Sévices dans l’enfance : le poumon trinque

Les enfants soumis à des sévices émotionnels, physiques ou sexuels ou témoins de violence domestique (les Anglo-Saxons parlent d’« Adverse Childhood Experience » - ACE) auraient un risque accru de développer plus tard un cancer du poumon. Mais le tabagisme ne suffit pas à expliquer la relation.
On sait déjà qu’il existe une forte relation entre les événements stressants traumatiques de l’enfance et un tabagisme ultérieur (notamment un tabagisme précoce, à partir de 14 ans) ; comme si le tabagisme, du fait de l’action psychoactive de la nicotine, était une sorte d’auto-traitement pour lutter contre les troubles affectifs.
On s’est donc demandé si les ACE pouvaient majorer le risque de cancer du poumon. D’où une nouvelle étude auprès de plus de 17 000 personnes, publiée dans « BMC Public Health ».
Résultats : on a observé une relation graduelle entre, d’une part, le score ACE et le tabagisme et, d’autre part, entre les ACE et l’incidence du cancer du poumon : par rapport aux sujets non exposés à un ACE, les personnes qui présentent 6 ACE ou plus ont un risque de cancer du poumon multiplié par 3. Par ailleurs, les sujets ayant 6 ACE ou plus déclaraient leur cancer du poumon treize ans plus tôt que ceux qui ne présentaient pas d’ACE.
Cela dit, l’accroissement du risque de cancer du poumon était dû en partie seulement au tabagisme. « La survenue de cancers du poumon liés aux ACE et non attribuables à un facteur causal intermédiaire, le tabagisme, suggère l’existence d’autres mécanismes par lesquels les événements traumatiques de l’enfance affectent négativement l’état de santé », indiquent les auteurs.

› Dr E. DE V.

David Brown et coll. « BMC Public Health » sous presse.
Quotimed.com, le 19/01/2010