La prévention figure en bonne place dans le projet de loi santé de Marisol Touraine. Cette dernière pourrait être intéressée par une étude récemment publiée dans le British Medical Journal. L’étude évalue l’efficacité du dépistage et de la prévention dans les cardiopathies ischémiques. Et une fois de plus, les résultats sont plutôt décevants. Car si au niveau individuel le dépistage du risque cardiovasculaire et la correction des facteurs de risque de cardiopathie ischémique semblent avoir un effet bénéfique, les études menées à l’échelle d’une population ne parviennent pas à le prouver.
Il s’agit ici d’une étude danoise menée sur près de 60 mille individus randomisés en 2 groupes. Les uns (n = 11 629) étaient dépistés pour les facteurs de risque de cardiopathie ischémique et des conseils leur étaient prodigués, jusqu’à 4 fois en 5 ans. Les patients ayant une hygiène de vie peu conforme aux recommandations recevaient à chaque visite des conseils pour modifier leurs habitudes. Ceux qui étaient à haut risque cardiovasculaire recevaient en plus 6 cessions de groupe portant sur l’arrêt du tabac, la diététique et l’activité physique. Si un traitement médicamenteux était nécessaire, les patients étaient adressés à leur médecin généraliste.
L’autre groupe (n= 47 987) n’entrait dans aucun plan de dépistage particulier et bénéficiait de l’accès habituel aux professionnels de santé. Le suivi durait une dizaine d’années.
Les tenants du dépistage, de l’éducation thérapeutique et autres formules impliquant la participation active du patient (et des professionnels) attendront encore une preuve de l’efficacité de ces pratiques à grande échelle. Aucune différence significative n’est en effet notée entre les deux groupes en ce qui concerne la survenue d’une cardiopathie ischémique dans les 10 ans suivant le début de l’étude (Hazard Ratio
1,03 ; intervalle de confiance à 95 % : 0,87 à 1,13). L’examen des autres critères ne donne pas plus de satisfaction, puisqu’il n’est pas constaté non plus d’effet du dépistage et du conseil sur le risque d’accident vasculaire cérébral ou sur la mortalité.
Ce constat ne signifie évidemment pas que le dépistage et la prise en charge des facteurs de risque ne servent à rien. La prévention et le conseil font partie de la pratique quotidienne des praticiens. Mais cette étude, comme beaucoup d’autres, confirme que, s’ils peuvent être utiles à certains sujets à l’échelon individuel, leur extension systématique à toute une population ne réduit pas l’incidence des pathologies chroniques. Les auteurs donnent quelques pistes pour favoriser les changements d’habitudes à l’échelle des populations, parmi lesquelles une taxe sur les produits peu diététiques, solution qui semble avoir été écartée dans le projet de loi santé rendu public récemment.
Notons enfin que les résultats de cette étude sont en contradiction complète avec ce qui est pratiqué dans les Instituts Interrégionaux pour la Santé (IRSA), qui, avec l’appui des Caisses Primaires d’Assurance Maladie, réalisent chaque année plus de 70 000 « examens de santé » systématiques, au mépris des données issues de la quasi-totalité des études.
Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCES
Jørgensen T et coll. : Effect of screening and lifestyle counselling on incidence of ischaemic heart disease in general population: Inter99 randomised trial. BMJ 2014;348:g3617doi: 10.1136/bmj.g3617
JIM 2014
Il s’agit ici d’une étude danoise menée sur près de 60 mille individus randomisés en 2 groupes. Les uns (n = 11 629) étaient dépistés pour les facteurs de risque de cardiopathie ischémique et des conseils leur étaient prodigués, jusqu’à 4 fois en 5 ans. Les patients ayant une hygiène de vie peu conforme aux recommandations recevaient à chaque visite des conseils pour modifier leurs habitudes. Ceux qui étaient à haut risque cardiovasculaire recevaient en plus 6 cessions de groupe portant sur l’arrêt du tabac, la diététique et l’activité physique. Si un traitement médicamenteux était nécessaire, les patients étaient adressés à leur médecin généraliste.
L’autre groupe (n= 47 987) n’entrait dans aucun plan de dépistage particulier et bénéficiait de l’accès habituel aux professionnels de santé. Le suivi durait une dizaine d’années.
Les tenants du dépistage, de l’éducation thérapeutique et autres formules impliquant la participation active du patient (et des professionnels) attendront encore une preuve de l’efficacité de ces pratiques à grande échelle. Aucune différence significative n’est en effet notée entre les deux groupes en ce qui concerne la survenue d’une cardiopathie ischémique dans les 10 ans suivant le début de l’étude (Hazard Ratio
1,03 ; intervalle de confiance à 95 % : 0,87 à 1,13). L’examen des autres critères ne donne pas plus de satisfaction, puisqu’il n’est pas constaté non plus d’effet du dépistage et du conseil sur le risque d’accident vasculaire cérébral ou sur la mortalité.
Ce constat ne signifie évidemment pas que le dépistage et la prise en charge des facteurs de risque ne servent à rien. La prévention et le conseil font partie de la pratique quotidienne des praticiens. Mais cette étude, comme beaucoup d’autres, confirme que, s’ils peuvent être utiles à certains sujets à l’échelon individuel, leur extension systématique à toute une population ne réduit pas l’incidence des pathologies chroniques. Les auteurs donnent quelques pistes pour favoriser les changements d’habitudes à l’échelle des populations, parmi lesquelles une taxe sur les produits peu diététiques, solution qui semble avoir été écartée dans le projet de loi santé rendu public récemment.
Notons enfin que les résultats de cette étude sont en contradiction complète avec ce qui est pratiqué dans les Instituts Interrégionaux pour la Santé (IRSA), qui, avec l’appui des Caisses Primaires d’Assurance Maladie, réalisent chaque année plus de 70 000 « examens de santé » systématiques, au mépris des données issues de la quasi-totalité des études.
Dr Roseline Péluchon
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