Les dangers des coupe-faim

Décembre 2000, la justice française a condamné le fabricant d’un coupe-faim, mettant par là-même l’accent sur les dangers de ce type de médicaments. Dans le même temps, aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration est partie en guerre contre des compléments alimentaires contenant de l’éphédrine. A qui sont destinés les coupe-faim ? Peut-on les utiliser sans risque ?

Le 22 décembre 2000, le tribunal de grande instance de Nanterre condamnait le groupe pharmaceutique fabricant du coupe-faim Isoméride à payer plus de 2,5 millions de francs de dommages et intérêts à Anna Fereira. Cette dernière avait contracté une maladie imputable au médicament, à la suite de laquelle elle dût subir une transplantation des deux poumons et une intervention cardiaque.

Vers la fin des coupe-faim ?
Dès 1985, l’Agence du médicament avait recommandé de réserver ces traitements aux patients souffrant d’obésité majeure. Ils ne pouvaient être prescrits que par des médecins hospitaliers ou des spécialistes d’endocrinologie ou de diabétologie. Malgré les risques connus d’hypertension artérielle pulmonaire, ces produits continuaient à être utilisés par des personnes ne souffrant pas d’obésité mais désirant seulement perdre quelques kilos.
Depuis septembre 1999, la commercialisation des coupe-faim est interdite en France. Le risque d’hypertension par rapport aux pertes de poids semblait enfin faire pencher la balance du côté de la prudence.

Des amphétamines contre l'appétit !
Aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration est récemment partie en guerre contre des produits amaigrissants contenant de l’éphédrine, un alcaloïde à l’origine des amphétamines. Autre cheval de bataille, elle a tout récemment demandé aux laboratoires pharmaceutiques de retirer du marché les médicaments contenant une substance chimique (de la phénylpropanolamine) qui augmenterait le risque d’hémorragie cérébrale2. Outre-Atlantique, ces médicaments sont indiqués comme décongestionnant nasal mais également comme coupe-faim… D’emploi très courant en France comme aux Etats-Unis, ces produits font actuellement l’objet d’une réévaluation des risques par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, selon un communiqué du 14 novembre 2000. Mais doit-on pour autant remettre en cause tous les médicaments coupe-faim ?

Efficaces pour traiter l’obésité
La sibutramine, un traitement contre l’obésité commercialisé aux Etats-Unis sous le nom de Méridia et en Europe sous le nom de Sibutral®, s’est révélé efficace pour aider les malades à perdre du poids et à le maintenir. Cependant, les effets sur le long terme de ce produit restent inconnus.

Publiée dans la prestigieuse revue The Lancet3, une étude atteste l’impact de ce médicament (développé à l’origine comme antidépresseur) sur des volontaires durant deux ans.

Huit centres européens ont recruté 605 obèses qui, pendant six mois, ont été traités avec de la sibutramine à 10 mg par jour, associé à un régime individualisé de 600 kilocalories par jour en fonction de leur besoin. Résultat : 80 % réussirent à réduire leur masse corporelle de plus de 5 % et participèrent à la seconde phase du programme. Durant les 18 mois suivants, les patients ont été traités soit avec de la sibutramine (à raison de 10 mg/jour et jusqu’à 20 mg/jour en cas de reprise de poids) soit avec un placebo. Au terme de ce délai, les résultats plaident en faveur de ce composé : 43 % du groupe traité réussirent à conserver un poids stable contre seulement 16 % du groupe recevant un placebo. De plus, les analyses sanguines des personnes traitées témoignent d’une stabilisation des indicateurs de cette maladie : insuline, triglycérides, peptide C, VLDL cholestérol et acide urique. Enfin, le taux de HDL cholestérol (ou bon cholestérol) était en augmentation.

Cependant, certains patients ont dû arrêter le traitement car la sibutramine entraînait chez eux une augmentation de la pression artérielle trop importante. Ainsi, une surveillance médicale est-elle nécessaire pour un traitement sur le long terme de l’obésité. Cet essai thérapeutique est le second témoignant de l’efficacité de médicament contre l’obésité. L’arsenal thérapeutique comptait déjà le Xenical4, qui limite la digestion des graisses.

Ce médicament de deuxième génération, efficace et sans risque, a déjà permis à de nombreux obèses de renouer avec les plaisirs de la vie. Attention néanmoins, ces traitements ne sont en aucun cas adaptés à la perte de quelques kilos superflus.

http://www.doctissimo.fr/html/sante/mag_2001/mag0112/sa_3410_dangers_coupefaim_02.htm