Infections tardives à bactéries Gram négatif en unités de soins intensifs néonatales

07/02/11
(JIM)
Dr Jean-Marc Retbi

Les infections acquises dans les unités de soins intensifs néonatals sont en général dues à des staphylocoques ou à des bactéries à Gram négatif [BGN]. L'étude cas-témoins rétrospective de S Samanta et coll., menée dans un centre périnatal de niveau 3 londonien, a recherché les facteurs de risque propres aux infections acquises à BGN.
Elle a inclus 48 « inborn » traités entre 1999 et 2005 pour une septicémie ou une méningite à BGN ayant débuté après 48 h de vie, et 96 témoins appariés sur le terme et la date de naissance.
L'incidence des infections néonatales tardives à BGN est de 1,85 p. 1 000 naissances vivantes dans le centre. Elles touchent en général des grands prématurés (terme médian des cas : 26 semaines ; extrêmes : 23-40).
Les germes ont été isolés du sang (46 fois) beaucoup plus souvent que du LCR (2 fois), mais trois enfants septicémiques avaient aussi des stigmates d'atteinte méningée. Il s'agissait d'entérobactéries (15 Enterobacter spp ; 14 Escherichia coli ; 11 Klebsiella spp, 4 Serratia spp, 1 Citrobacter freundii) ou de BGN aérobies stricts environnementaux (5 Acinetobacter spp, 2 Pseudomonas aeruginosa, 1 Stenotrophomonas maltophilia).
La mortalité globale des enfants infectés a été double de celle des témoins (27 % versus 13,5 % ; p=0,08).
Les mères des enfants infectés ne se distinguaient pas de celles des témoins. En particulier, elles n'avaient pas reçu plus d'antibiothérapies per partum.
Par rapport aux témoins, les cas avaient été soumis plus fréquemment et plus longtemps à une ventilation mécanique et à une nutrition parentérale totale (en moyenne, 16,5 jours vs 6 jours pour la durée de la NPT). Ils avaient eu plus de cathéters centraux, laissés en place plus de jours. Ils avaient fait plus d'entérocolites ulcéro-nécrosantes. Ils avaient également reçu plus souvent un glycopeptide ou une uréidopénicilline.
En analyse multivariée, seule la durée de la nutrition parentérale totale au moment de/ avant la 1ère hémoculture positive restait indépendamment associée aux infections à BGN (p <0,001).
Quand l'âge gestationnel des patients est pris en compte, le seul facteur de risque indépendant d'infection néonatale tardive à BGN est donc la durée de la nutrition parentérale totale. Cette constatation suggère qu'une alimentation entérale précoce peut avoir un effet protecteur chez les grands prématurés.
Samanta S et coll. : Risk factors for late onset Gram-negative infections : a case-control study. Arch Dis Child Fetal Neonatal Ed 2011; 96 : F15-F18