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Syndrome hémolytique et urémiqueLe
syndrome hémolytique et urémique (SHU) est une
affection potentiellement grave affectant principalement les enfants de
bas âge (moins de 3 ans). Le diagnostic de la maladie est défini par des
critères purement biologiques, c'est-à-dire par des examens sanguins.
Ces critères biologiques sont au nombre de trois:
- L'anémie de type hémolytique, avec présence de schizocytes (supérieure à 2%), qui est liée à une destruction de globules rouges (hématies).
- Une atteinte de la fonction rénale ou insuffisance rénale
qui se caractérise sur le plan biologique par une élévation anormale du
taux de créatinine sanguine ou bien par une protéinurie ou/et une
hématurie.
- Une thrombopénie de consommation qui est une diminution du taux sanguin de plaquettes.
Les deux types de SHUUn autre syndrome en est proche et se retrouve plutôt chez l'adulte, le purpura thrombotique thrombocytopénique. Dans ce cas, la diarrhée n'est classiquement pas présente.
Syndrome hémolytique et urémique typiqueIl s'agit de la forme clinique la plus fréquente. Il est toujours précédé d'une diarrhée, généralement sanglante.
Ce syndrome est souvent lié à une infection des bactéries productrices de shigatoxines, le plus souvent
Escherichia coli (ou STEC ou VTEC, c'est-à-dire
E. coli produisant des vérotoxines), il s'agit souvent du sous-type
Escherichia coli O157:H7. Les
Escherichia coli existent naturellement dans notre tube digestif et ne provoquent en général pas de maladie hormis les gastro-entérites infantiles
(GEI) et des infections urinaires. Cependant, des cas de syndrome
hémolytique et urémique, impliquant d'autres bactéries comme les shigelles, ont été décrits.
Syndrome hémolytique et urémique atypiquePlus rare, il n'est jamais précédé d'un épisode diarrhéique. Les
causes de ce syndrome sont multiples et imparfaitement établies. Elle
peut être bactériennes (infections à pneumocoque),
toxiques ou médicamenteuses. Cependant, des cas, plus rares, ont été
décrit après une greffe de moelle osseuse. Des formes héréditaires,
impliquant un trouble de l'immunité non spécifique, comme un déficit en
facteur H, en facteur I et en facteur MCP du système du complément, ont été décrites et concernent près de 50% des syndromes atypiques
[1]. Exceptionnellement, un cas, après une piqûre de scorpion, a été signalé dans la littérature médicale.
PhysiopathologieDans le syndrome hémolytique et urémique typique où est impliquée la
bactérie STEC ou VTEC, celle-ci est ingérée par le patient par les
aliments ou les boissons. Elle se multiplie dans le tube digestif, le
plus souvent au niveau du côlon
et adhère aux cellules qui tapissent le tube digestif (entèrocytes).
Les bactéries envahissent la muqueuse et déclenchent une réaction du
système de défense de l'organisme responsable des symptômes. Ainsi, 3
jours après, voire un mois après la contamination, la maladie se
manifeste par une simple diarrhée qui devient ensuite sanglante. Une fièvre peut apparaitre mais ce n'est pas un signe constant. Dans ce cas, on parle d'une « colite hémorragique ». La diarrhée est présente dans 90 % des cas.
Les bactéries STEC ou VTEC produisent ensuite une toxine (shigatoxine
ou vérotoxine) en grande quantité et, par des mécanismes complexes, la
transfèrent dans le sang. Cette toxine est véhiculée par le sang par un
type de globules blancs qu'on appelle les polynucléaires neutrophiles.
Ils dispersent la toxine dans l'organisme qui va s'attaquer aux cellules
des parois des vaisseaux (appelées cellules endothéliales). C'est alors
que surviennent les symptômes généralisés de la maladie.
En fait le stade de la colite hémorragique est probablement plus lié à
l'action de la toxine sur les vaisseaux du tube digestif qu'à un
envahissement de la muqueuse. On parle d'ailleurs d'Escherichia coli
entéro-hémorragique en non d'Escherichia coli entéro-invasif.
Une atteinte généraliséeQuelle que soit le type, la maladie peut évoluer vers de
complications multiviscérales, c'est-à-dire, toucher plusieurs organes à
la fois. Les conséquences peuvent être, outre l'atteinte rénale et
hématologique, neurologiques (convulsions, coma, obnubilation, trouble de la conscience); cardiaques (myocardite, péricardite); métaboliques (pancréatite, diabète
sucré, mais souvent transitoire). Les complications digestives, sont
propres au syndrome hémolytique et urémique "typique". Elles peuvent
être une perforation colique, un prolapsus rectal ou une invagination intestinale aiguë).
Le défaut de fonctionnement du reinLe rein filtre le sang de l'organisme pour en éliminer les déchets et
réguler le sel et l'eau. Il est donc très vascularisé et atteint
précocement. La toxine atteint les cellules des vaisseaux mais aussi les
cellules rénales elles-mêmes. Si le rein cesse brutalement de
fonctionner, on parle d'insuffisance rénale aiguë conduisant à l'accumulation de toxines, d'eau et de sel, provoquant des œdèmes, de l'hypertension artérielle, un œdème aigu du poumon. Le rein filtrant mal, la quantité d'urine diminue fortement ou complètement. On parle alors d'oligo-anurie ou d'anurie.
Pour évaluer la fonction de filtration du rein on surveille dans le
sang la concentration de deux molécules qui sont des déchets du
métabolisme-l'urée- ou des muscles-la créatinine. Au delà d'un certain seuil de concentration, il faut remplacer ce que faisait le rein en dialysant les enfants le temps que la réparation des petits vaisseaux s'effectue.
Dans un petit nombre de cas il peut y avoir des séquelles avec un rein qui fonctionne mais insuffisamment. On parle d'insuffisance rénale chronique.
Elle est irréversible. Dans d'autres cas il peut apparaître des années
plus tard une atteinte plus modérée du rein avec une fuite des protéines
(protéinurie) et une hypertension artérielle.
Ces complications rénales peuvent apparaitre 20 à 30 après l'épisode
aigu de la maladie. Cela justifie la nécessité d'effectuer une
surveillance régulière, et probablement à vie, de la fonction rénale des
enfants atteints de ce syndrome.
La diminution des plaquettesLa destruction des cellules tapissant les paroi des vaisseaux
déclenche un mécanisme complexe destiné à colmater les brèches par
l'intermédiaire des plaquettes. Elle s'agglutinent aux endroits où les
cellules des parois ont été détruites. Le nombre de plaquettes dans le
sang diminue d'autant. Si leur nombre devient trop faible, elles ne
peuvent plus assurer les réparations minimales des petits ou gros
vaisseaux. Des phénomènes de saignement sous la peau peuvent survenir
sous forme d'hématomes, de purpura. Il faut cependant dire que malgré la baisse importante des plaquettes, les hémorragies sont en fait assez rares dans cette maladie.
La diminution des globules rougesL'amas des plaquettes sur la paroi des petits vaisseaux fait que celle-ci n'est plus lisse et les globules rouges
emportés dans le flot sanguin en quelque sorte se cognent contre ces
aspérités et sont détruits ou déformés. Ils n'ont plus leur forme ronde
et sont appelés schizocytes.
Cette baisse des globules rouges étant liée à leur destruction et non à
un saignement ou un défaut de fabrication des globules rouges, on parle
d'anémie hémolytique d'origine mécanique. Cette anémie, si elle est profonde, entraîne un manque d'oxygène pour les organes et nécessite une transfusion sanguine.
Les autres organesComme la maladie atteint tous les petits vaisseaux d'autres organes
peuvent être atteints. Ainsi il peut exister des signes neurologiques (convulsions, des troubles du comportement, un coma, une aphasie, des maux de tête,
etc.), des signes d'atteinte du foie, du pancréas, du cœur. En général
ces atteintes sont plus rares, et n'apparaissent que dans des formes
qualifiées de sévères.
Prise en chargeActuellement on ne peut que traiter les dysfonctionnements décrits ci dessus :
- contrôler l'apport de l'eau et des sels minéraux,
Le système de défense de l'organisme va détruire progressivement les
bactéries mais éliminera lentement la toxine qui aura eu le temps de
faire des dégâts importants.
Actuellement on considère qu'un traitement antibiotique
ne sert à rien puisque, quand on diagnostique l'infection, la toxine
est déjà produite. Cela risque même de favoriser le SHU, car en
détruisant la bactérie on libère encore plus de toxines. Mais les
résultats des études sur ce phénomène d'amplification de la maladie sont
contradictoires. Les antidiarrhéiques sont également contre-indiqués
car ils diminuent l'élimination naturelle par les selles de la bactérie
et des toxines.
Les antidouleurs « opiacés »
(dont par exemple : Efferalgan Codéïne, Topalgic, Codoliprane,
Codenfan) peuvent être également néfastes puisqu'il ralentissent le
transit et donc l'élimination de la bactérie. Il ne faut pas non plus
utiliser d'anti-inflammatoire non stéroïdien (par exemple : l'aspirine ou l'ibuprofène)
comme antidouleur ou pour faire baisser la température : ils peuvent
aggraver le dysfonctionnement des reins et favoriser les saignements.
Les essais de nouveaux traitements n'ont pas encore montré une franche efficacité.
ProphylaxieLes règles d'hygiène alimentaire de base suffisent à diminuer le risque de SHU :
- Bien faire cuire les viandes. Attention aux viandes saignantes, en
particulier le steak haché. En effet, si la bactérie est présente à la
surface d'un steak normal, lors de la cuisson, la bactérie est détruite
rapidement au contact de la poêle chaude. Si le steak est haché, les
bactéries présentes à la surface sont alors réparties dans l'ensemble du
steak. Pour détruire la bactérie au centre, un aller et retour sur la
poêle ne suffira plus. Il faudra cuire longtemps le steak pour que la
température au centre soit suffisante pour détruire la bactérie. La
maladie aux États-Unis a d'ailleurs été dénommée « maladie du hamburger ».
- Bien se laver les mains en manipulant la viande et au contact d'animaux de ferme ou de gens souffrant de l'affection.
- Les aliments devant être mangés crus doivent être conservés
séparément des aliments destinés à être cuits, et doivent être
soigneusement lavés.
- Faire attention aux produits non pasteurisés comme les fromages au lait cru, le jus de pomme et le cidre.
- Les ustensiles de cuisine et les plans de travail doivent être soigneusement lavés.
- Le lavage des mains doit être systématique avant de préparer ou consommer les repas.
- En évitant de boire la tasse au cours de baignades dans de l'eau où la bactérie est présente.
- En évitant le contact avec les animaux infestés (vaches, veaux, moutons, chèvres, daims…) surtout pour les jeunes enfants.
ÉpidémiologieEn France, la
surveillance épidémiologique de cette maladie grave est basé sur un
réseau de néphropédiatres. La survenue d'un SHU entraîne une déclaration
l'InVS. La survenue de plusieurs cas groupés déclenche une enquête
automatiquement et une alerte épidémiologique auprès de la Direction générale de la santé, la DDASS et la Direction générale de l'alimentation. Cette maladie fait partie des maladies infectieuses à déclaration obligatoire mais uniquement dans le cadre d'une toxi-infection alimentaire collective.
En octobre 2005 dans le Sud-Ouest de la France,
une quinzaine de personnes (dont une majorité d'enfants) ont été
intoxiquées (on notifie chaque année moins de 100 cas). L'origine est de
la viande hachée surgelée provenait d'une contamination à Escherichia coli O157:H7. Les lots incriminés provenaient d'un abattoir de Maine-et-Loire. La traçabilité permis de retrouver l'erreur survenue. C'est l'Institut de veille sanitaire
(InVS) qui a débuté une enquête épidémiologique devant la survenue
rapproché dans le temps et dans l'espace de deux cas de syndrome
hémolytique et urémique. Au total, 18 personnes ont présenté un SHU
(pour 69 personnes intoxiquées).
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