Emmailloter ou pas : là est la question

19/10/09
(JIM)
Pr Jean-Jacques Baudon

Le syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN) demeure une cause importante de mortalité dans les pays occidentaux. Après une baisse spectaculaire à la suite des campagnes pour le couchage sur le dos, la fréquence du SMSN marque un plateau qui justifie de nouvelles recherches. Or, emmailloter les enfants, dans le but de leur apporter de l'apaisement et favoriser la tranquillité de leur sommeil, tend à revenir « à la mode» dans certains pays. Faut-il se méfier de cette nouvelle tendance en termes de risque de mort subite ?
Le SMSN est lié à l'incapacité de se réveiller en réponse à un stimulus respiratoire ou cardiovasculaire. Cette incapacité paraît résulter d'une dysfonction des régions cérébrales impliquées dans le contrôle cardiorespiratoire et l'éveil et de l'altération des réponses du tronc cérébral dans le sommeil en position ventrale. Pendant le sommeil calme (SC), la capacité de réveil est diminuée. Le réveil résulte de la progression d'une activation sous corticale (ASC) vers une activation corticale complète (AC). Emmailloter diminue les capacités de réveil complet, de pleurs et de sursaut.
Des chercheurs australiens ont étudié les modalités du sommeil et du réveil de nourrissons normaux, habituellement langés ou pas. Les enfants (27 : 17 filles, 10 garçons), sans aucun antécédent, alimentés au sein, habituellement couchés sur le dos, ont été étudiés par polysomnographie diurne à 3 semaines et à 3 mois. Les enregistrements ont concerné l'électroencéphalogramme, l'électro-oculographie, l'électromyographie sous-mentale, l'ECG, la température cutanée, les mouvements respiratoires thoraciques et abdominaux, le flux narinaire, la mesure du CO2 expiré et la saturation en O2. Les paramètres ont été enregistrés chez les enfants libres ou emmaillotés les bras croisés sur la poitrine avec un lange en coton, allant des clavicules aux pieds, permettant quelques mouvements des jambes.
Un flux d'air dans les narines provoquait une activation sous corticale puis corticale chez 29 % des enfants. A 3 semaines, le lange ne modifiait pas le seuil d'éveil durant le sommeil calme et agité. A 3 mois, le lange augmentait les seuils d'éveil en SC et déprimait l'AC en sommeil agité mais uniquement chez les enfants habituellement non langés. Cette augmentation du seuil d'éveil avec le lange était observée chez les enfants avec les seuils d'éveil les plus bas, les plus faciles à réveiller lorsqu'ils n'étaient pas langés. L'étude a montré également que le lange ne modifiait pas le rythme cardiaque, la température, la saturation en oxygène mais accélérait légèrement le rythme respiratoire.
En conclusion, cette étude montre que le lange n'est pas dangereux à condition d'être utilisé dés le premier mois. La diminution de l'éveil cortical chez les enfants langés plus tard pourrait augmenter le risque de mort subite.

Richardson HL et coll. : Minimizing the risks of sudden infant death syndrome: to swaddle or not to swaddle? J Pediatr 2009;155: 475-81