Retour de flammes ?

30/10/09
(JIM)
Dr Alain Cohen
Retour de flammes ?


En termes de morbidité psychiatrique, quelle est l'incidence réelle d'un traumatisme subi dans l'enfance et lié à une catastrophe naturelle ? Pour éclaircir cette question, une étude longitudinale (à l'Université d'Adelaïde, en Australie) a évalué l'impact d'un incendie dévastateur (bushfire disaster) survenu en 1983 [1]. Impact à long terme sur la santé mentale d'une cohorte d'un millier de sujets, exposés de près à cet incendie lorsqu'ils étaient écoliers (approximativement 3 à 13 ans à cette époque, avec un âge moyen d'environ 8 ans ½). Les intéressés ont été suivis pendant vingt ans (entretiens basés sur le CIDI [2]), parallèlement à une population-témoin d'âge comparable (2 à 13 ans, âge moyen d'environ 7 ans ½) mais non exposée à cette catastrophe meurtrière (75 victimes). La principale pathologie recherchée fut bien sûr le fameux PTSD (post-traumatic stress disorder) [3] cher aux psychiatres anglo-saxons et au DSM-IV (mais encore peu « en vogue » dans la clinique française).

Contrairement à ce qu'on pouvait imaginer a priori, les résultats de cette étude australienne montrent que le traumatisme imputable à la catastrophe naturelle n'a eu finalement qu'une faible incidence directe sur la morbidité psychiatrique ultérieure. Sans répercussion spécifique, le vécu douloureux d'un tel cataclysme peut toutefois présenter un retentissement indirect, comme contexte péjoratif pour d'autres éléments ayant émaillé la biographie. Autres événements qu'il est donc important d'identifier, sans imputer systématiquement toute séquelle psychopathologique à un traumatisme unique, même d'un caractère exceptionnel.