Un cas probable du syndrome de Guillain-barré a été signalé chez une femme qui a été vaccinée en France contre la grippe A (H1N1). La relation de cause à effet avec la vaccination «nécessite une expertise approfondie» précise le ministère de la santé. Jusqu’à présent rien n’a permis d’établir clairement ce lien, alors que la grippe elle-même augmente le risque de SGB.
Avec moins de 2.000 cas d’hospitalisations par an enregistrés en France, le syndrome de Guillain-Barré est une maladie rare, aux manifestations cliniques très variées, allant de cas sévères de paralysie à des troubles légers et transitoires. Si cette atteinte des nerfs périphériques fait aujourd’hui les gros titres, c’est à cause d’un lien suspecté entre la vaccination antigrippale et sa survenue, souvent inexpliquée.
Ce soupçon est né lors de la campagne de vaccination de 1976 aux États-Unis contre la grippe porcine (due au virus A/New Jersey/H1N1). 45 millions d’Américains ont été vaccinés au cours de cet hiver 76-77 (1) et parmi ces personnes plus de 500 cas de syndrome de Guillain-Barré (SGB) ont été recensés, dont 25 décès. Les études menées à l’époque ont fait état d’un risque de SGB de 1 pour 100.000 vaccinés.
Cependant, «ces conclusions tirées ‘à chaud’ ont été remises en cause par des études postérieures» modère Elyanne Gault, du laboratoire de microbiologie de l’hôpital Ambroise Paré de Boulogne-Billancourt (Ap-Hp). «Avec le recul, on ne peut pas conclure que cette campagne de vaccination a vraiment eu une incidence sur les cas de SGB», poursuit la spécialiste. Il manque notamment des données sur les cas d’infections par des bactéries et des virus qui peuvent être à l’origine de syndrome.
La grippe facteur de risque
«Le SGB survient deux à trois semaines après une infection virale ou bactérienne, explique le Dr Gault, et il est parfois difficile d’en trouver la cause». 40% des cas de SGB sont liés à une infection par la bactérie Campylobacter jejuni, l’une des principales causes de diarrhées sur la planète, précise Elyanne Gault. Le risque de développer un SGB après une infection à Campylobacter serait de 1 pour 10.000. La seconde cause identifiée est le cytomégalovirus.
La grippe elle-même est un facteur de risque pour le SGB, comme l’a montré une étude menée par Elyanne Gault et ses collègues de l’hôpital de Garches, centre de référence pour le SGB (2). Sur 405 patients hospitalisés pour un SGB, 14 cas de grippe ont été confirmés par analyse sérologique. En extrapolant au nombre de cas de grippes en Ile-de-France, l’incidence serait de 4 à 7 cas de SGB pour 100.000 grippés. Côté vaccination, une étude menée aux États-Unis sur deux saisons de grippe (entre 1992 et 1994) évalue le risque de survenue de SGB à un cas pour un million de personnes vaccinées.
L’Agence française de sécurité sanitaire, au cœur du dispositif de pharmacovigilance, doit se pencher sur le cas de la femme vaccinée contre la grippe A(H1N1)/2009 afin d’établir la cause probable du syndrome de Guillain-Barré dont elle a souffert. Il n’est pour l’instant pas exclu qu’il puisse s’agir de la grippe elle-même ou d’un autre agent pathogène. Chaque hiver, lorsque circulent les virus grippaux et divers virus respiratoires, le nombre de cas de SGB augmente.
Une maladie mal connue
«Le syndrome de Guillain-Barré est une maladie très complexe», rappelle Elyanne Gault. Dans tous les cas la myéline, la gaine qui protège les nerfs, est attaquée. Les patients souffrent donc de paralysies qui progressent des membres inférieurs vers la tête, de façon symétrique.
Cependant Il existe différentes formes qui n’auraient pas toutes les mêmes mécanismes. «Pour l’une des formes de Guillain-Barré liée à Campylobacter, on sait que le système immunitaire produit des anticorps contre la bactérie qui prennent aussi pour cibles des protéines de la myéline et qui la détruisent» explique le Dr Elyanne Gault. Mais dans le cas d’un cytomégalovirus ou d’un virus grippal, on ne sait pas qui s’en prend à la myéline, si c’est-ce le virus lui-même ou des anticorps.
Pourquoi certaines personnes vont souffrir d’un syndrome de Guillain-Barré après une infection et d’autres pas? Là encore c’est le mystère. «Aucun facteur prédictif n’a pour l’instant été identifié».
Cécile Dumas
Sciences-et-Avenir.com
13/11/09
(1) vaccin contenant un virus entier inactivé, sans adjuvant.
(2) Guillain-Barré syndrome and influenza virus infection, Sivadon-Tardy et alii, Clinical Infectious Diseases, 2009.
Avec moins de 2.000 cas d’hospitalisations par an enregistrés en France, le syndrome de Guillain-Barré est une maladie rare, aux manifestations cliniques très variées, allant de cas sévères de paralysie à des troubles légers et transitoires. Si cette atteinte des nerfs périphériques fait aujourd’hui les gros titres, c’est à cause d’un lien suspecté entre la vaccination antigrippale et sa survenue, souvent inexpliquée.
Ce soupçon est né lors de la campagne de vaccination de 1976 aux États-Unis contre la grippe porcine (due au virus A/New Jersey/H1N1). 45 millions d’Américains ont été vaccinés au cours de cet hiver 76-77 (1) et parmi ces personnes plus de 500 cas de syndrome de Guillain-Barré (SGB) ont été recensés, dont 25 décès. Les études menées à l’époque ont fait état d’un risque de SGB de 1 pour 100.000 vaccinés.
Cependant, «ces conclusions tirées ‘à chaud’ ont été remises en cause par des études postérieures» modère Elyanne Gault, du laboratoire de microbiologie de l’hôpital Ambroise Paré de Boulogne-Billancourt (Ap-Hp). «Avec le recul, on ne peut pas conclure que cette campagne de vaccination a vraiment eu une incidence sur les cas de SGB», poursuit la spécialiste. Il manque notamment des données sur les cas d’infections par des bactéries et des virus qui peuvent être à l’origine de syndrome.
La grippe facteur de risque
«Le SGB survient deux à trois semaines après une infection virale ou bactérienne, explique le Dr Gault, et il est parfois difficile d’en trouver la cause». 40% des cas de SGB sont liés à une infection par la bactérie Campylobacter jejuni, l’une des principales causes de diarrhées sur la planète, précise Elyanne Gault. Le risque de développer un SGB après une infection à Campylobacter serait de 1 pour 10.000. La seconde cause identifiée est le cytomégalovirus.
La grippe elle-même est un facteur de risque pour le SGB, comme l’a montré une étude menée par Elyanne Gault et ses collègues de l’hôpital de Garches, centre de référence pour le SGB (2). Sur 405 patients hospitalisés pour un SGB, 14 cas de grippe ont été confirmés par analyse sérologique. En extrapolant au nombre de cas de grippes en Ile-de-France, l’incidence serait de 4 à 7 cas de SGB pour 100.000 grippés. Côté vaccination, une étude menée aux États-Unis sur deux saisons de grippe (entre 1992 et 1994) évalue le risque de survenue de SGB à un cas pour un million de personnes vaccinées.
L’Agence française de sécurité sanitaire, au cœur du dispositif de pharmacovigilance, doit se pencher sur le cas de la femme vaccinée contre la grippe A(H1N1)/2009 afin d’établir la cause probable du syndrome de Guillain-Barré dont elle a souffert. Il n’est pour l’instant pas exclu qu’il puisse s’agir de la grippe elle-même ou d’un autre agent pathogène. Chaque hiver, lorsque circulent les virus grippaux et divers virus respiratoires, le nombre de cas de SGB augmente.
Une maladie mal connue
«Le syndrome de Guillain-Barré est une maladie très complexe», rappelle Elyanne Gault. Dans tous les cas la myéline, la gaine qui protège les nerfs, est attaquée. Les patients souffrent donc de paralysies qui progressent des membres inférieurs vers la tête, de façon symétrique.
Cependant Il existe différentes formes qui n’auraient pas toutes les mêmes mécanismes. «Pour l’une des formes de Guillain-Barré liée à Campylobacter, on sait que le système immunitaire produit des anticorps contre la bactérie qui prennent aussi pour cibles des protéines de la myéline et qui la détruisent» explique le Dr Elyanne Gault. Mais dans le cas d’un cytomégalovirus ou d’un virus grippal, on ne sait pas qui s’en prend à la myéline, si c’est-ce le virus lui-même ou des anticorps.
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