H1N1: toute la vérité sur les risques de contamination en avion
28/01/10
En 1979 était publié dans l' American Journal of Epidemiology, organe de référence en la matière, un rapport qui est aujourd'hui encore largement évoqué dans tous les medias dès qu'il s'agit d'illustrer la soi- disante forte contagiosité de la grippe. Il s'agissait d'un voyageur qui aurait été à l'origine, dans un aéronef, de la contagion de 72 % des passagers qui, 72 heures plus tard, auraient présenté à leur tour des signes indiscutables de grippe (toux, fièvre, fatigue, céphalée etc). Des données difficilement contestables puisque le virus en cause, A/Texas/1/77(H3N2), a été isolé par culture chez 8/31 passagers, et que la preuve sérologique de l'infection a pu être obtenue pour 20/22 malades testés. Etonnant quand même pour un virus dont le R0 (traduisant, grosso modo, le nombre de contaminations à partir d'un malade dans une population non vaccinée) se situe aux alentours de 1,5, soit dix fois moins que la rougeole ou la coqueluche. Explication : l'avion en question avait été immobilisé au sol pendant trois heures suite à un incident technique empêchant le décollage et la majorité des passagers étaient restés à bord, toute ventilation et renouvellement rapide de l'air coupés...
Quel est alors, dans un avion de la vraie vie qui décolle et dont les systèmes de ventilation fonctionnent, le véritable taux d'attaque de la grippe ? Comme le soulignaient BG Wagner et coll. fin 2009 dans BMC Med., la réalité de la transmission du H1N1 en l'air n'a jamais été clairement démontrée. Un vide qu'il s'agissait donc de combler, ce à quoi les auteurs se sont attelés. Ils ont, pour ce faire, modélisé la transmission de particules virales infectieuses dans un Boeing 747 selon une méthodologie quantitative que l'auteur de ces lignes se gardera de discuter. D'où il est apparu que la transmission du virus serait essentiellement confinée au voisinage immédiat du malade, et que bien sûr le temps de vol jouerait un rôle primordial. En pratique la transmission serait basse à modérée en première classe, respectivement de 0-1 infections à 1-3 et 2-5 pour des vols de 5 heures, 11 heures et 17 heures. En éco, tout irait un peu moins bien avec des taux de 2-5, 5-10 et 7-17 nouvelles contaminations pour les périodes correspondantes. Pour un voyage d'une durée de 17 heures, il n'y aurait en pratique plus de cas en première que si cette dernière était pleine et que la seconde n'était occupée qu'à moins de 30 %, ce qui relève évidemment plus du fantasme du statisticien que d'un véritable possibilité (mais on peut comprendre que certains aiment bien ce genre de calculs).
La conclusion des auteurs n'est pas très politiquement correcte, mais nous la rapporterons quand même : il faudrait sans doute, en période pandémique, proposer une quarantaine pour les voyageurs longue distance de seconde classe. Et puisqu'il faut bien mettre les points sur les i, faire de même avec ceux de première classe ne relèverait pas d'une stratégie efficace !
Dr Jack Breuil
Wagner BG et colal. Calculating the potential for within-flight transmission of influenza A (H1N1). BMC Med 2009 ; 7 : 81
28/01/10
En 1979 était publié dans l' American Journal of Epidemiology, organe de référence en la matière, un rapport qui est aujourd'hui encore largement évoqué dans tous les medias dès qu'il s'agit d'illustrer la soi- disante forte contagiosité de la grippe. Il s'agissait d'un voyageur qui aurait été à l'origine, dans un aéronef, de la contagion de 72 % des passagers qui, 72 heures plus tard, auraient présenté à leur tour des signes indiscutables de grippe (toux, fièvre, fatigue, céphalée etc). Des données difficilement contestables puisque le virus en cause, A/Texas/1/77(H3N2), a été isolé par culture chez 8/31 passagers, et que la preuve sérologique de l'infection a pu être obtenue pour 20/22 malades testés. Etonnant quand même pour un virus dont le R0 (traduisant, grosso modo, le nombre de contaminations à partir d'un malade dans une population non vaccinée) se situe aux alentours de 1,5, soit dix fois moins que la rougeole ou la coqueluche. Explication : l'avion en question avait été immobilisé au sol pendant trois heures suite à un incident technique empêchant le décollage et la majorité des passagers étaient restés à bord, toute ventilation et renouvellement rapide de l'air coupés...
Quel est alors, dans un avion de la vraie vie qui décolle et dont les systèmes de ventilation fonctionnent, le véritable taux d'attaque de la grippe ? Comme le soulignaient BG Wagner et coll. fin 2009 dans BMC Med., la réalité de la transmission du H1N1 en l'air n'a jamais été clairement démontrée. Un vide qu'il s'agissait donc de combler, ce à quoi les auteurs se sont attelés. Ils ont, pour ce faire, modélisé la transmission de particules virales infectieuses dans un Boeing 747 selon une méthodologie quantitative que l'auteur de ces lignes se gardera de discuter. D'où il est apparu que la transmission du virus serait essentiellement confinée au voisinage immédiat du malade, et que bien sûr le temps de vol jouerait un rôle primordial. En pratique la transmission serait basse à modérée en première classe, respectivement de 0-1 infections à 1-3 et 2-5 pour des vols de 5 heures, 11 heures et 17 heures. En éco, tout irait un peu moins bien avec des taux de 2-5, 5-10 et 7-17 nouvelles contaminations pour les périodes correspondantes. Pour un voyage d'une durée de 17 heures, il n'y aurait en pratique plus de cas en première que si cette dernière était pleine et que la seconde n'était occupée qu'à moins de 30 %, ce qui relève évidemment plus du fantasme du statisticien que d'un véritable possibilité (mais on peut comprendre que certains aiment bien ce genre de calculs).
La conclusion des auteurs n'est pas très politiquement correcte, mais nous la rapporterons quand même : il faudrait sans doute, en période pandémique, proposer une quarantaine pour les voyageurs longue distance de seconde classe. Et puisqu'il faut bien mettre les points sur les i, faire de même avec ceux de première classe ne relèverait pas d'une stratégie efficace !
Dr Jack Breuil
Wagner BG et colal. Calculating the potential for within-flight transmission of influenza A (H1N1). BMC Med 2009 ; 7 : 81
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