Même s'il se sent «guéri», le patient ne doit surtout pas arrêter son traitement antihypertenseur sans une bonne appréciation par son médecin du risque cardiovasculaire global.
AVIS D'EXPERT - Lorsque la cause de l'hypertension est connue, elle se soigne dans près de 6% des cas, explique le Pr Pierre-François Plouin, du service d'hypertension artérielle de l' hôpital européen Georges-Pompidou (Paris).
L'hypertension artérielle (HTA) n'est pas en soi une maladie ; c'est un facteur de risque comme le cholestérol. Les hypertendus ont statistiquement une plus grande probabilité de subir des accidents cardiaques ou cérébraux que les personnes du même âge et du même sexe qui n'ont pas de HTA. Ce sont ces accidents cardiovasculaires qui sont des maladies. Ils sont sévères, peuvent être mortels ou laisser d'importantes séquelles. Leur probabilité augmente avec le niveau de la pression artérielle (la «tension») mais n'est jamais de 100 %. On sait heureusement les prévenir: les médicaments qui réduisent la tension, les antihypertenseurs, réduisent de façon très importante leur probabilité. Guérir de la HTA, c'est se passer de traitement après avoir été hypertendu sans compromettre la prévention des accidents cardiovasculaires. Tout dépend de la sévérité de la HTA.
Un traitement antihypertenseur ne se justifie pas quand la probabilité d'un accident cardiovasculaire est très faible. C'est notamment le cas de femmes jeunes (le risque cardiovasculaire est plus faible chez la femme que chez l'homme et il augmente avec l'âge) qui ont un poids normal, pas d'exposition au tabac, pas de diabète ni d'excès de cholestérol, et dont la tension ne dépasse pas 16/10 cm de mercure. Bien souvent, le traitement antihypertenseur a été institué à l'occasion d'une HTA transitoire en période de stress. Avant de commencer un traitement, il faut confirmer une HTA permanente, en mesurant la tension sur 24 heures par un moniteur automatique (holter tensionnel ou mesure ambulatoire de pression artérielle), ou directement par le patient, trois fois le matin et trois fois le soir pendant 3 à 5 jours. Mais, même s'il se sent «guéri», le patient ne doit surtout pas arrêter son traitement antihypertenseur sans une bonne appréciation par son médecin du risque cardiovasculaire global. Une surveillance est obligatoire, car il n'est pas rare que la tension s'élève après quelques années, justifiant le traitement à terme.
Activité physique régulière
Une meilleure hygiène de vie peut éviter un traitement antihypertenseur dans les cas de HTA peu sévères. La réduction de la consommation de sel et de boissons alcoolisées, la perte de poids chez les personnes en surpoids et une dépense physique régulière réduisent la tension et peuvent «guérir» une HTA à 150/100 mmHg. Mais ces efforts et cette motivation ont besoin d'être soutenus pour durer par une surveillance constante, voire la reprise à terme d'un traitement médicamenteux, simple à prendre, bien toléré, et surtout plus puissant, mais qui ne doit pas occulter les bienfaits sur la santé cardiovasculaire d'une bonne hygiène de vie.
Quand on connaît la cause de la HTA, on peut la guérir dans 5 à 6 % des cas avec une prise en charge par des équipes spécialisées. C'est le cas, par exemple, dans l'adénome de Conn, une tumeur bénigne de la surrénale, une glande située au-dessus du rein, génératrice d'hypertension par un dérèglement de production hormonale. On obtient une guérison complète de la HTA après l'ablation chirurgicale par cœlioscopie, sous anesthésie générale, de 40 % des adénomes de Conn, et une large amélioration dans les autres cas. Dans certains cas, le rétrécissement des artères rénales peut aussi expliquer une HTA secondaire. Il suffit alors de dilater l'artère par un ballonnet introduit par voie artérielle, souvent complétée par l'introduction d'un stent, une sorte de ressort biocompatible qui maintient l'artère bien ouverte au passage du sang de l'aorte vers le rein. Enfin, bien qu'il ne s'agisse pas à proprement parler d'une HTA secondaire, la HTA est très fréquente en cas d'obésité massive. Le recours à la chirurgie et la perte de poids importante qui s'ensuit permettent une guérison dans 60 % des cas.
De nouvelles pistes
De nombreuses études expérimentales ont montré que le contrôle de la tension dépend en grande partie du système sympathique, un système nerveux qui descend des centres régulateurs de la tension dans le cerveau et accompagne les artères dans la plupart des organes, dont les reins. Il est en équilibre finement régulé avec le système parasympathique, un système parallèle qui a d'importants relais dans les carotides. Chez des animaux hypertendus, la stimulation du sympathique rénal augmente la tension, et, inversement, sa suppression par la dénervation rénale peut la normaliser, de même que la stimulation du parasympathique au niveau de zones précises des carotides. Ces études ont abouti à la conception de sondes introduites dans les artères rénales pour neutraliser le sympathique rénal par l'émission contrôlée d'ondes de radiofréquence ou d'ultrasons.
La procédure comporte l'introduction d'une sonde émettrice au cours d'une artériographie ; elle est douloureuse et généralement réalisée sous anesthésie générale. Réservée aux cas de HTA réfractaire, incontrôlable par les médicaments usuels, elle n'a cependant pas encore démontré son efficacité à moyen et long terme, et chez tous les patients. Une étude récente n'a pas montré de différence entre l'application de radiofréquence et une procédure placebo ; les résultats d'une autre étude contrôlée devraient être disponibles dans les prochains mois. La stimulation baroréflexe, qui contrôle la tension via le parasympathique, par la pose d'un stimulateur branché sur les carotides au moyen d'une incision minime au niveau du cou, pourrait peut-être venir au secours de ces patients, mais quelques années seront nécessaires pour optimiser les sondes ou les stimulateurs, mieux sélectionner les candidats et vérifier que la baisse de tension s'accompagne à terme d'une réduction du risque cardiovasculaire. En tout état de cause, même avec une sélection rigoureuse des candidats, ces méthodes sont encore trop expérimentales pour qu'on envisage à court terme une possibilité de guérison de la HTA.
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