Paris, France -- « Longtemps le risque transfusionnel infectieux à court et long terme est passé au premier plan des complications possibles du recours aux produits sanguins labiles (PSL). Et à juste titre ! » analyse le Pr Dan Benhamou (Anesthésiste-réanimateur, Le Kremlim-Bicêtre) à l’occasion du 31ème congrès annuel de la Société Française d’Hématologie [1].
« Mais désormais, avec le soin porté à la sélection des donneurs, la réalisation de tests systématiques bactériens et viraux et les mesures d’inactivation infectieuses, l’incidence du risque est estimée à 10-5 pour les bactéries et le VHB, à 10-6 pour le VIH et à 10-7 pour le VHC.
En revanche, d’autres risques immédiats – surcharge, TRALI (transfusion related acute lung injury), allergie, incompatibilité ABO – perdurent. Leur incidence pourrait être limitée par un travail d’évaluation des risques en situation réelle, d’amélioration des pratiques et de formation des soignants aux principales complications immédiates de la transfusion de produits sanguins labiles ».
Les oedèmes aigus du poumon (OAP) de surcharge
En 2011, l’incidence des OAP de surcharge après transfusion s’établissait à 80 par an dans notre pays, contre 40 dans les années 2000. Cette majoration est liée à une méconnaissance ou une insuffisance de connaissance sur ces accidents qui sont pourtant évitables.
Ils surviennent en effet majoritairement chez des patients à risque de surcharge évident : des insuffisants cardiaques, des nourrissons, des personnes âgées (60 % ont plus de 75 ans) et chez des hypertendus dans un cas sur deux.
Ce sont des patients qui souffrent d’anémie chronique qui sont le plus souvent concernés et, globalement, de type d’accident survient majoritairement lors de la transfusion de concentrés de globules rouges (CGR) (93 % des cas).
La volémie transfusée ne doit pas être nécessairement très importante pour entrainer une surcharge : dans 50 % des cas, l’OAP survient dès la première unité de CGR administrée.
« La prévention de la surcharge repose essentiellement sur la formation spécifiques des équipes soignantes à la gestion de ces accidents : c’est sur ces soignants en effet que repose la responsabilité d’identifier les patients et les circonstances à risque », explique le Pr Benhamou.
« Lorsqu’un patient à risque est identifié, les transfusions doivent être prescrites unités par unités en prenant en compte le poids du receveur. Le débit de transfusion doit être limité à 2 ml/kg/h. Quant à la question de la prescription systématique de diurétiques, elle se pose de longue date. Pour autant, à ce jour il n’existe pas de recommandations et ce choix thérapeutique est laissé au libre arbitre du prescripteur ».
Le TRALI : syndrome respiratoire aigu post-transfusionnel
Cette entité clinique d’œdème du poumon lésionnel a été décrite dans les années 2000. Différente de l’OAP par l’absence de surcharge, elle survient moins de 6 h après une transfusion (généralement dans les deux heures). Les TRALI se caractérisent par une dyspnée ou une désaturation d’aggravation rapide associée à une élévation thermique (1 à 2 °C). La radiologie retrouve des infiltrats pulmonaires bilatéraux. Il s’agit le plus souvent de situations complexes qui surviennent en service de réanimation dans un contexte de transfusion massive
Cet accident reste encore sous déclaré auprès de l’Etablissement français du sang (EFS) par méconnaissance de ce type de complications ou en raison de l’absence de bilan immunologique, car certains médecins pensent, à tort, que ce type d’investigation est nécessaire pour pouvoir déclarer l’accident auprès de l’EFS.
Les mécanismes physiopathologiques sont encore mal connus mais dans 70 % des cas environ il existerait un conflit immunitaire. Parmi les facteurs de risque de TRALI, certains sont liés au donneur notamment la présence d’anticorps anti-leucocytes (anti-granulocytes anti HNA ou d’anticorps de classe I ou II).
D’autres sont en rapport avec le produit : qualité de plasma, PSL mono-donneurs (PFC, CPA) et présence de facteurs activant les polynucléaires neutrophiles.
Enfin, certains facteurs liés au receveur peuvent influer : facteurs génétiques, comorbidités.
« Le traitement des TRALI est symptomatique et doit impliquer l’éviction définitives d’autres produits sanguins labiles provenant du même donneur. C’est pour cette raison que l’accident doit absolument être déclaré », précise le Pr Benhamou.
L’allergie aux produits sanguins labiles
Le risque d’allergie est estimé à 5 accidents pour 10 000 produits sanguins labiles (PSL) dont 1,2 accident allergique grave. C’est avec les concentrés de plaquettes que le risque est le plus élevé, viennent ensuite les plasmas frais congelés (PFC) et les concentrés de globules rouges (CGR).
Le délai est rapide entre l’injection et les signes cliniques. Ils sont associés à des signes cutanés (prurit et urticaires).
Ils surviennent préférentiellement sur un terrain atopique et récidivent fréquemment.
L’incompatibilité ABO
En 2000, on recensait 28 accidents par incompatibilité ABO. Des campagnes de formation des personnes IDE et des médecins mises en place à l’initiative des centres de transfusion sanguine (CTS) ont permis de faire passer ce chiffre à 9 en 2011.
« Pour limiter le risque d’incompatibilité ABO, il convient de favoriser les bonnes pratiques par des formations internes et externes et de dépister les dysfonctionnements : analyse des procédures de soins, travail sur les erreurs et les « presque-accidents ».
En 2009, par exemple, 43 déclarations d’erreurs de destinataires ont été signalées à l’EFS. Et 109 défaillances ont été retrouvées dans ces 43 déclarations défaillances de délivrance, de réception dans le service clinique, de contrôle pré-transfusionnel au lit du malade », conclut le Pr Benhamou [2].
REFERENCES :
LIENS
« Mais désormais, avec le soin porté à la sélection des donneurs, la réalisation de tests systématiques bactériens et viraux et les mesures d’inactivation infectieuses, l’incidence du risque est estimée à 10-5 pour les bactéries et le VHB, à 10-6 pour le VIH et à 10-7 pour le VHC.
En revanche, d’autres risques immédiats – surcharge, TRALI (transfusion related acute lung injury), allergie, incompatibilité ABO – perdurent. Leur incidence pourrait être limitée par un travail d’évaluation des risques en situation réelle, d’amélioration des pratiques et de formation des soignants aux principales complications immédiates de la transfusion de produits sanguins labiles ».
Les oedèmes aigus du poumon (OAP) de surcharge
En 2011, l’incidence des OAP de surcharge après transfusion s’établissait à 80 par an dans notre pays, contre 40 dans les années 2000. Cette majoration est liée à une méconnaissance ou une insuffisance de connaissance sur ces accidents qui sont pourtant évitables.
Ils surviennent en effet majoritairement chez des patients à risque de surcharge évident : des insuffisants cardiaques, des nourrissons, des personnes âgées (60 % ont plus de 75 ans) et chez des hypertendus dans un cas sur deux.
Ce sont des patients qui souffrent d’anémie chronique qui sont le plus souvent concernés et, globalement, de type d’accident survient majoritairement lors de la transfusion de concentrés de globules rouges (CGR) (93 % des cas).
La volémie transfusée ne doit pas être nécessairement très importante pour entrainer une surcharge : dans 50 % des cas, l’OAP survient dès la première unité de CGR administrée.
« La prévention de la surcharge repose essentiellement sur la formation spécifiques des équipes soignantes à la gestion de ces accidents : c’est sur ces soignants en effet que repose la responsabilité d’identifier les patients et les circonstances à risque », explique le Pr Benhamou.
« Lorsqu’un patient à risque est identifié, les transfusions doivent être prescrites unités par unités en prenant en compte le poids du receveur. Le débit de transfusion doit être limité à 2 ml/kg/h. Quant à la question de la prescription systématique de diurétiques, elle se pose de longue date. Pour autant, à ce jour il n’existe pas de recommandations et ce choix thérapeutique est laissé au libre arbitre du prescripteur ».
Le TRALI : syndrome respiratoire aigu post-transfusionnel
Cette entité clinique d’œdème du poumon lésionnel a été décrite dans les années 2000. Différente de l’OAP par l’absence de surcharge, elle survient moins de 6 h après une transfusion (généralement dans les deux heures). Les TRALI se caractérisent par une dyspnée ou une désaturation d’aggravation rapide associée à une élévation thermique (1 à 2 °C). La radiologie retrouve des infiltrats pulmonaires bilatéraux. Il s’agit le plus souvent de situations complexes qui surviennent en service de réanimation dans un contexte de transfusion massive
Cet accident reste encore sous déclaré auprès de l’Etablissement français du sang (EFS) par méconnaissance de ce type de complications ou en raison de l’absence de bilan immunologique, car certains médecins pensent, à tort, que ce type d’investigation est nécessaire pour pouvoir déclarer l’accident auprès de l’EFS.
Les mécanismes physiopathologiques sont encore mal connus mais dans 70 % des cas environ il existerait un conflit immunitaire. Parmi les facteurs de risque de TRALI, certains sont liés au donneur notamment la présence d’anticorps anti-leucocytes (anti-granulocytes anti HNA ou d’anticorps de classe I ou II).
D’autres sont en rapport avec le produit : qualité de plasma, PSL mono-donneurs (PFC, CPA) et présence de facteurs activant les polynucléaires neutrophiles.
Enfin, certains facteurs liés au receveur peuvent influer : facteurs génétiques, comorbidités.
« Le traitement des TRALI est symptomatique et doit impliquer l’éviction définitives d’autres produits sanguins labiles provenant du même donneur. C’est pour cette raison que l’accident doit absolument être déclaré », précise le Pr Benhamou.
L’allergie aux produits sanguins labiles
Le risque d’allergie est estimé à 5 accidents pour 10 000 produits sanguins labiles (PSL) dont 1,2 accident allergique grave. C’est avec les concentrés de plaquettes que le risque est le plus élevé, viennent ensuite les plasmas frais congelés (PFC) et les concentrés de globules rouges (CGR).
Le délai est rapide entre l’injection et les signes cliniques. Ils sont associés à des signes cutanés (prurit et urticaires).
Ils surviennent préférentiellement sur un terrain atopique et récidivent fréquemment.
L’incompatibilité ABO
En 2000, on recensait 28 accidents par incompatibilité ABO. Des campagnes de formation des personnes IDE et des médecins mises en place à l’initiative des centres de transfusion sanguine (CTS) ont permis de faire passer ce chiffre à 9 en 2011.
« Pour limiter le risque d’incompatibilité ABO, il convient de favoriser les bonnes pratiques par des formations internes et externes et de dépister les dysfonctionnements : analyse des procédures de soins, travail sur les erreurs et les « presque-accidents ».
En 2009, par exemple, 43 déclarations d’erreurs de destinataires ont été signalées à l’EFS. Et 109 défaillances ont été retrouvées dans ces 43 déclarations défaillances de délivrance, de réception dans le service clinique, de contrôle pré-transfusionnel au lit du malade », conclut le Pr Benhamou [2].
REFERENCES :
- Benhamou D. Complications immédiates de la transfusion. Congrès de la SFH 2014.
- Falzone E, Auroy Y, Hoffmann C et coll, groupe de travail « Analyse des causes racines » de la Commission nationale d’hémovigilance. Errors of red cell concentrates recipients: method of analysis using the adverse events notified to the hemovigilance network in 2009. Transfus Clin Biol. 2012 Dec;19(6):338-44. doi: 10.1016/j.tracli.2012.06.004
LIENS
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