EMC articles

J. Norton [1], G. De Roquefeuil [1], J.P. Boulenger [1 et 2], K. Ritchie [1], A. Tylee [3], A. Mann [1 et 3]
^[1] Inserm E361, Hôpital La Colombière, Montpellier, France ;

^[2] Service Universitaire de Psychiatrie Adulte, Hôpital La Colombière, Montpellier, France ;

^[3] Institute of Psychiatry, King’s College, Londres, UK.

 

Contexte : La majorité des troubles psychiatriques, de type dépressif et anxieux, sont associés à une détresse et une incapacité élevées. Ils sont vus principalement en médecine générale où la détection n’est pas optimale.

Objectifs : Dans la région de Montpellier, (i) estimer la prévalence des troubles psychiatriques repérés par le Patient Health Questionnaire (PHQ) et par le médecin généraliste (MG), (ii) étudier la concordance entre les deux et (iii) identifier les facteurs liés à leur détection.

Méthode : Au total, 1 151 consultants consécutifs de 46 MG ont rempli en salle d’attente des auto-questionnaires dont le PHQ — outil diagnostique basé sur le DSM-IV. Pour chaque patient, le MG a indiqué la sévérité des troubles psychologiques.

Résultats : 27 % des sujets ont rempli les critères PHQ de dépression, d’anxiété et de trouble somatoforme (« cas PHQ ») : 16 % de dépression (9 % majeur, 7 % mineur), 11 % d’anxiété et 12 % de trouble somatoforme. Le MG identifie 29 % de l’échantillon comme des « cas » de trouble psychologique. La concordance entre ces deux estimations est de 0,3 (kappa) ; 51 % des « cas PHQ » sont détectés par les MG, (75 % et 42 % des dépressions majeurs et mineurs, 69 % des troubles anxieux, 40 % des troubles somatoformes). La détection est significativement plus élevée chez les patients : de sexe féminin (p = 0,009), avec une incapacité élevée (p = 0,003), connus du MG (p = 0,03), consultant pour une raison psychologique (p ≪ 0,0001), ayant vu un psychiatre (p = 0,04), déclarant des problèmes personnels/sociaux (p = 0,004).

Conclusion : D’après le PHQ, 27 % des consultants ont un trouble dépressif, anxieux ou somatoforme ; mais la moitié n’est pas détectée par le MG. Le niveau de détection augmente avec la sévérité du trouble psychiatrique et le niveau d’incapacité, limitant ainsi les conséquences de cette non-détection. Le PHQ pourrait aider à améliorer la détection des troubles psychiatriques en médecine générale. Mais son utilisation par le médecin généraliste reste encore à tester.