Des extrasystoles auriculaires (ESA) sont fréquemment enregistrées lors de la réalisation d’un ECG. Dans la population générale, les ESA sont présentes chez 10 % à 20 % dessujets, tandis que les extrasystoles ventriculaires (ESV) le sont chez 5 % à 10 %.
La valeur pronostique des ESA et des ESV, en l’absence de cardiopathie ischémique, a fait l’objet d’évaluations souvent contradictoires.
C’est la raison pour laquelle Qureshi et coll. ont étudié la valeur pronostique des ESA et des ESV dans une cohorte prospective de 7 504 sujets indemnes de toute affection cardiovasculaire et sélectionnés à partir des participants à la 3e enquête NANHES (Third National Health and Nutrition Examination Survey III) entre 1988 et 1994.
Critère composite principal : mortalité totale, mortalité d’origine cardiovasculaire et mortalité liée à une cardiopathie ischémique.
Sur les 7 504 sujets de l’étude (âge moyen : 60 ± 14 ans ; femmes : 47 % ; Blancs : 49 %), 89 (1,2 %) avaient des ESA et 110 (1,5 %) avaient des ESV sur les ECGs 12 dérivations.
Pendant un suivi moyen de 13 ± 4 ans (maximum : 18 ans), on a dénombré 2 386 décès dont 963 étaient de cause cardiovasculaire et 511 étaient liés à une cardiopathie ischémique.
En analyse multivariée ajustée pour les variables démographiques et cliniques et pour les paramètres électrocardiographiques, les ESA étaient associées significativement avec la mortalité de toute cause (hazard ratio
1, 41 ; intervalle de confiance [IC] 95 % [1,08 à 1,80), avec la mortalité cardiovasculaire (HR 1,78 ; IC 95 % [1,26 à 2,44]) et avec la mortalité liée à une cardiopathie ischémique (HR 2,40 ; IC 95 % [1,59 à 3,47]).
En contraste, les ESV n’étaient associées significativement ni avec la mortalité de toute cause (HR 1,05 ; IC 95 % [0,80 à 1,36]), ni avec la mortalité cardiovasculaire (HR 0,96 ; IC 95 % [0,62 à 1,43]), ni avec la mortalité liée à une cardiopathie ischémique (HR 0,89 ; IC 95 % [0,47 à 1,52]).
En conclusion, chez les sujets indemnes de toute affection cardiovasculaire, la présence d’ESA à l’ECG de dépistage effectué en routine est un élément prédictif d’événements adverses, tandis que la présence d’ESV n’a pas de valeur prédictive.
Pour intéressants qu’ils soient, les résultats de cette étude vont à l’encontre de la notion classique selon laquelle les ESA sont d’ordinaire bénignes. En fait, il est désormais démontré que les ESA peuvent être à l’origine d’une fibrillation auriculaire elle-même responsable d’accident vasculaire cérébral, d’infarctusdu myocarde, de décès ; les ESA peuvent également constituer un marqueur précoce de fibrose myocardique ; on sait enfin que leur fréquence augmente en cas d’élévation du taux de BNP (B-type natriuretic peptide) et en présence de facteurs de risque cardiovasculaire.
Quoi qu’il en soit, les résultats de cette étude devront être confirmés par des études ultérieures qui tenteront de préciser les mécanismes par lesquels la présence d’ESA serait associée à un mauvais pronostic.
Dr Robert Haïat
RÉFÉRENCES
Qureshi W et coll. : Long-Term Mortality Risk in Individuals With Atrial or Ventricular Premature Complexes (Results from the Third National Health and Nutrition Examination Survey). Am J Cardiol., 2014; 114: 59-64.
JIM 2014
La valeur pronostique des ESA et des ESV, en l’absence de cardiopathie ischémique, a fait l’objet d’évaluations souvent contradictoires.
C’est la raison pour laquelle Qureshi et coll. ont étudié la valeur pronostique des ESA et des ESV dans une cohorte prospective de 7 504 sujets indemnes de toute affection cardiovasculaire et sélectionnés à partir des participants à la 3e enquête NANHES (Third National Health and Nutrition Examination Survey III) entre 1988 et 1994.
Critère composite principal : mortalité totale, mortalité d’origine cardiovasculaire et mortalité liée à une cardiopathie ischémique.
Sur les 7 504 sujets de l’étude (âge moyen : 60 ± 14 ans ; femmes : 47 % ; Blancs : 49 %), 89 (1,2 %) avaient des ESA et 110 (1,5 %) avaient des ESV sur les ECGs 12 dérivations.
Pendant un suivi moyen de 13 ± 4 ans (maximum : 18 ans), on a dénombré 2 386 décès dont 963 étaient de cause cardiovasculaire et 511 étaient liés à une cardiopathie ischémique.
En analyse multivariée ajustée pour les variables démographiques et cliniques et pour les paramètres électrocardiographiques, les ESA étaient associées significativement avec la mortalité de toute cause (hazard ratio
1, 41 ; intervalle de confiance [IC] 95 % [1,08 à 1,80), avec la mortalité cardiovasculaire (HR 1,78 ; IC 95 % [1,26 à 2,44]) et avec la mortalité liée à une cardiopathie ischémique (HR 2,40 ; IC 95 % [1,59 à 3,47]).
En contraste, les ESV n’étaient associées significativement ni avec la mortalité de toute cause (HR 1,05 ; IC 95 % [0,80 à 1,36]), ni avec la mortalité cardiovasculaire (HR 0,96 ; IC 95 % [0,62 à 1,43]), ni avec la mortalité liée à une cardiopathie ischémique (HR 0,89 ; IC 95 % [0,47 à 1,52]).
En conclusion, chez les sujets indemnes de toute affection cardiovasculaire, la présence d’ESA à l’ECG de dépistage effectué en routine est un élément prédictif d’événements adverses, tandis que la présence d’ESV n’a pas de valeur prédictive.
Pour intéressants qu’ils soient, les résultats de cette étude vont à l’encontre de la notion classique selon laquelle les ESA sont d’ordinaire bénignes. En fait, il est désormais démontré que les ESA peuvent être à l’origine d’une fibrillation auriculaire elle-même responsable d’accident vasculaire cérébral, d’infarctusdu myocarde, de décès ; les ESA peuvent également constituer un marqueur précoce de fibrose myocardique ; on sait enfin que leur fréquence augmente en cas d’élévation du taux de BNP (B-type natriuretic peptide) et en présence de facteurs de risque cardiovasculaire.
Quoi qu’il en soit, les résultats de cette étude devront être confirmés par des études ultérieures qui tenteront de préciser les mécanismes par lesquels la présence d’ESA serait associée à un mauvais pronostic.
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