Les inhibiteurs de la pompe à proton (IPP) sont des médicaments largement prescrits dans le traitement des ulcères gastroduodénaux, du reflux gastroœsophagiens, des œsophagites et autres affections en lien avec des dysfonctionnements digestifs. Ils agissent en inhibant de façon covalente la pompe à protons (Na+/K+ ATPase) des cellules pariétales de l’estomac. C’est cette pompe à proton qui diminue le pH de l’estomac si besoin. Il est en effet bien établi aujourd’hui que la sécrétion de gastrine suite à l’ingestion d’aliments provoque un pic d’acidité gastrique nécessaire à la digestion du bol alimentaire.
Les IPP ont cette particularité de posséder une action prolongée (environ 24 heures) malgré une cinétique rapide (1 h en moyenne). Afin de potentialiser leur efficacité, il apparait donc cohérent de les administrer à proximité d’un repas. Au-delà de l’aspect théorique de la question, il a été montré que les IPP administrés pendant ou en périphérie d’un repas réduisaient en moyenne 2,5 fois plus l’acidité gastrique que pris à jeun.
Une équipe allemande a mené une étude de cohorte sur 383 patients traités quotidiennement par IPP. Un questionnaire rassemblant des données démographiques et médicales a été réalisé par un médecin traitant au domicile des patients. La question de la prise de l’IPP avant, après ou pendant un repas, ou à distance de celui-ci cherchait à établir ou non une association statistique avec la réussite ou l’échec d’une thérapie à base d’IPP.
Sans nourriture, un risque trois fois plus élevé d’échec du traitement par IPP
Sur les 383 participants de l’étude, 64 patients prenaient un IPP à distance des repas. L’échec de la thérapeutique par IPP a été médicalement constaté chez 10 de ces patients (15,5 %) alors qu’il ne concernait que 18 patients sur les 319 (5,6 %) qui prenaient un IPP avec de la nourriture. Ainsi, les auteurs en déduisent que les patients ne prenant pas leur IPP pendant ou à proximité d’un repas ont trois fois plus de risque d’échec du traitement (OR [odds ratio] = 3,35 ; intervalle de confiance à 95 % de 1,44 à 7,76), même en ajustant sur le poids et l’âge. L’ensemble des autres facteurs recueillis n’entraînait pas de différence significative entre les deux groupes.
Ce travail n’étudie pas la causalité de la réussite ou de l’échec au traitement, il ne teste que les associations de facteurs. De plus, ont été classés dans le même groupe sans distinction les patients qui prenaient un IPP avant, pendant, ou après un repas. Les RCP des principaux IPP mentionnent pourtant que la prise doit se faire « préférentiellement à jeun » ou éventuellement avant un repas. Les chercheurs n’abordent malheureusement pas ce point de discordance dans leur étude.
Florian Slimano
RÉFÉRENCES
Freigofas J et coll.: Indirect evidence for proton pump inhibitors failure in patients taking them independent of meals. Pharmacoepidemiol Drug Saf. 2014 ; 23 : 768-772
JIM 2014
Les IPP ont cette particularité de posséder une action prolongée (environ 24 heures) malgré une cinétique rapide (1 h en moyenne). Afin de potentialiser leur efficacité, il apparait donc cohérent de les administrer à proximité d’un repas. Au-delà de l’aspect théorique de la question, il a été montré que les IPP administrés pendant ou en périphérie d’un repas réduisaient en moyenne 2,5 fois plus l’acidité gastrique que pris à jeun.
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Sans nourriture, un risque trois fois plus élevé d’échec du traitement par IPP
Sur les 383 participants de l’étude, 64 patients prenaient un IPP à distance des repas. L’échec de la thérapeutique par IPP a été médicalement constaté chez 10 de ces patients (15,5 %) alors qu’il ne concernait que 18 patients sur les 319 (5,6 %) qui prenaient un IPP avec de la nourriture. Ainsi, les auteurs en déduisent que les patients ne prenant pas leur IPP pendant ou à proximité d’un repas ont trois fois plus de risque d’échec du traitement (OR [odds ratio] = 3,35 ; intervalle de confiance à 95 % de 1,44 à 7,76), même en ajustant sur le poids et l’âge. L’ensemble des autres facteurs recueillis n’entraînait pas de différence significative entre les deux groupes.
Ce travail n’étudie pas la causalité de la réussite ou de l’échec au traitement, il ne teste que les associations de facteurs. De plus, ont été classés dans le même groupe sans distinction les patients qui prenaient un IPP avant, pendant, ou après un repas. Les RCP des principaux IPP mentionnent pourtant que la prise doit se faire « préférentiellement à jeun » ou éventuellement avant un repas. Les chercheurs n’abordent malheureusement pas ce point de discordance dans leur étude.
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