Le ministère de l’Enseignement supérieur envisage une réforme en profondeur des études médicales. L’année de DCEM4 pourrait être supprimée pour permettre l’intégration des études de santé au cursus européen du LMD. Les épreuves classantes nationales (ECN) disparaîtraient et les candidats accéderaient à un poste d’internat après un contrôle continu. L’internat de certaines spécialités pourrait en revanche être prolongé d’un an. Une petite révolution.
LA PREMIÈRE ANNÉE des études de santé n’est pas en place – elle verra le jour à la prochaine rentrée – mais de nouveaux projets de réforme vont déjà bon train. Les étudiants en médecine (ANEMF), pharmacie (ANEPF), sage-femme (ANESF), kinésithérapie (FNEK), chirurgie dentaire (UNECD) et la fédération qui les regroupe (FAGE) se sont inquiétés dans un communiqué commun de l’avenir du système Licence-master-doctorat (LMD) en santé. Elles redoutaient le retard à l’allumage de la future L1 Santé qui va permettre à la partir de la prochaine rentrée universitaire aux futurs impétrants de passer jusqu’à 4 concours distincts en médecine, pharmacie, maïeutique et odontologie (« le Quotidien » du 19 février).
Le ministère de l’Enseignement supérieur l’a confirmé au « Quotidien » : les études de santé intégreront bien le cursus européen du LMD. « La réforme de la L1 Santé est en ordre de marche, confie-t-on dans l’entourage de Valérie Pécresse. Un arrêté est paru en octobre pour la mettre en place. Un second, en préparation, va préciser les modalités des passerelles. L’essentiel est fait sur le plan réglementaire. Le reste est aujourd’hui à la charge des universités. » Après la création de cette première année commune, le ministère de l’Enseignement supérieur envisage de « s’attaquer à la L2, la L3 et aux Masters 1 et 2 ».
Une année à la trappe.
L’intégration des études médicales au cursus du LMD bloque depuis plusieurs années. Faire entrer les six années du premier et du deuxième cycle en 5 ans a toujours été un sacré casse-tête. Dans un souci de cohérence, l’idée qui prévaut aujourd’hui, rue Descartes, est de supprimer la 6e année (DCEM4). Cette dernière est essentiellement consacrée par les étudiants à la préparation des épreuves classantes nationales (ECN). Dans le prolongement de cette idée, les ECN pourraient purement et simplement disparaître. Elles seraient remplacées par un « contrôle continu des connaissances ». En contrepartie, les diplômes d’études spécialisées (DES) de certaines disciplines pourraient être prolongés d’un an.
Plusieurs spécialités comme la médecine générale ou la cardiologie le réclament. L’allongement de certaines spécialités d’internat est actuellement discuté dans le cadre de la commission nationale de l’internat et du post-internat. Il a été demandé à chaque spécialité d’élaborer son référentiel métier afin de déterminer si un allongement de la formation est nécessaire.
Le ministère de l’Enseignement supérieur envisage de soumettre cette réforme d’envergure à la discussion des partenaires. Une refonte des ECN est en débat depuis plusieurs années. Depuis leur création en 2004, ces épreuves ont eu le mérite de créer un programme national commun dans les facultés. Mais elles ont eu un effet pervers en amenant les étudiants à délaisser leurs stages en DCEM4 pour « bachoter ». De plus, les étudiants sont classés dans un mouchoir de poche avec 95 % d’ex-æquos, ce qui crée beaucoup de frustrations. La France est l’un des seuls pays européens à avoir un concours à l’entrée du 3e cycle. Cette réforme lui permettrait de se rapprocher de ses voisins.
Une idée difficile à mettre en œuvre.
Le ministère de la Santé confirme qu’une refonte de la formation est envisagée. « Le DCEM4 pourrait être supprimé mais cette réduction d’un an du 1er et 2e cycle n’est pas actée, nous indique-t-on avenue de Ségur. Différents scénarios sont à l’étude et aucun n’est retenu ».
Plusieurs obstacles pourraient toutefois compliquer ce projet. L’allongement d’un an de la durée d’internat représente un coût financier non négligeable – 35 000 euros par an et par interne en plus. Le montant de l’ardoise pourrait vite devenir astronomique si les 3 500 internes de médecine générale devaient faire une 4e année d’internat. Par ailleurs, si les internes devaient jouer les prolongations, il faudrait trouver de nouveaux terrains de stage. Or, les associations représentatives se plaignent déjà de manquer de stages formateurs dans certaines disciplines.
Seconde difficulté et pas la moindre, le gouvernement devra convaincre les étudiants en médecine du bien fondé de cette réforme. Les carabins sont les premiers à constater chaque année les limites des ECN. Ils restent cependant très attachés à ces épreuves anonymes et républicaines. À tel point qu’ils préfèrent « jouer leur carrière sur deux jours et demi que sur les résultats de trois ans de scolarité », commente un expert. La réaction des étudiants à ce projet sera révélatrice de leurs attentes. On saura alors s’ils privilégient l’intégration des études médicales au LMD ou le maintien des épreuves classantes nationales.
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LA PREMIÈRE ANNÉE des études de santé n’est pas en place – elle verra le jour à la prochaine rentrée – mais de nouveaux projets de réforme vont déjà bon train. Les étudiants en médecine (ANEMF), pharmacie (ANEPF), sage-femme (ANESF), kinésithérapie (FNEK), chirurgie dentaire (UNECD) et la fédération qui les regroupe (FAGE) se sont inquiétés dans un communiqué commun de l’avenir du système Licence-master-doctorat (LMD) en santé. Elles redoutaient le retard à l’allumage de la future L1 Santé qui va permettre à la partir de la prochaine rentrée universitaire aux futurs impétrants de passer jusqu’à 4 concours distincts en médecine, pharmacie, maïeutique et odontologie (« le Quotidien » du 19 février).
Le ministère de l’Enseignement supérieur l’a confirmé au « Quotidien » : les études de santé intégreront bien le cursus européen du LMD. « La réforme de la L1 Santé est en ordre de marche, confie-t-on dans l’entourage de Valérie Pécresse. Un arrêté est paru en octobre pour la mettre en place. Un second, en préparation, va préciser les modalités des passerelles. L’essentiel est fait sur le plan réglementaire. Le reste est aujourd’hui à la charge des universités. » Après la création de cette première année commune, le ministère de l’Enseignement supérieur envisage de « s’attaquer à la L2, la L3 et aux Masters 1 et 2 ».
Une année à la trappe.
L’intégration des études médicales au cursus du LMD bloque depuis plusieurs années. Faire entrer les six années du premier et du deuxième cycle en 5 ans a toujours été un sacré casse-tête. Dans un souci de cohérence, l’idée qui prévaut aujourd’hui, rue Descartes, est de supprimer la 6e année (DCEM4). Cette dernière est essentiellement consacrée par les étudiants à la préparation des épreuves classantes nationales (ECN). Dans le prolongement de cette idée, les ECN pourraient purement et simplement disparaître. Elles seraient remplacées par un « contrôle continu des connaissances ». En contrepartie, les diplômes d’études spécialisées (DES) de certaines disciplines pourraient être prolongés d’un an.
Plusieurs spécialités comme la médecine générale ou la cardiologie le réclament. L’allongement de certaines spécialités d’internat est actuellement discuté dans le cadre de la commission nationale de l’internat et du post-internat. Il a été demandé à chaque spécialité d’élaborer son référentiel métier afin de déterminer si un allongement de la formation est nécessaire.
Le ministère de l’Enseignement supérieur envisage de soumettre cette réforme d’envergure à la discussion des partenaires. Une refonte des ECN est en débat depuis plusieurs années. Depuis leur création en 2004, ces épreuves ont eu le mérite de créer un programme national commun dans les facultés. Mais elles ont eu un effet pervers en amenant les étudiants à délaisser leurs stages en DCEM4 pour « bachoter ». De plus, les étudiants sont classés dans un mouchoir de poche avec 95 % d’ex-æquos, ce qui crée beaucoup de frustrations. La France est l’un des seuls pays européens à avoir un concours à l’entrée du 3e cycle. Cette réforme lui permettrait de se rapprocher de ses voisins.
Une idée difficile à mettre en œuvre.
Le ministère de la Santé confirme qu’une refonte de la formation est envisagée. « Le DCEM4 pourrait être supprimé mais cette réduction d’un an du 1er et 2e cycle n’est pas actée, nous indique-t-on avenue de Ségur. Différents scénarios sont à l’étude et aucun n’est retenu ».
Plusieurs obstacles pourraient toutefois compliquer ce projet. L’allongement d’un an de la durée d’internat représente un coût financier non négligeable – 35 000 euros par an et par interne en plus. Le montant de l’ardoise pourrait vite devenir astronomique si les 3 500 internes de médecine générale devaient faire une 4e année d’internat. Par ailleurs, si les internes devaient jouer les prolongations, il faudrait trouver de nouveaux terrains de stage. Or, les associations représentatives se plaignent déjà de manquer de stages formateurs dans certaines disciplines.
Seconde difficulté et pas la moindre, le gouvernement devra convaincre les étudiants en médecine du bien fondé de cette réforme. Les carabins sont les premiers à constater chaque année les limites des ECN. Ils restent cependant très attachés à ces épreuves anonymes et républicaines. À tel point qu’ils préfèrent « jouer leur carrière sur deux jours et demi que sur les résultats de trois ans de scolarité », commente un expert. La réaction des étudiants à ce projet sera révélatrice de leurs attentes. On saura alors s’ils privilégient l’intégration des études médicales au LMD ou le maintien des épreuves classantes nationales.
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