Petits hippocampes et grandes dépressions
LE 03 MAI 2010
Des travaux antérieurs ont établi que l’hippocampe[1] est plus petit qu’à l’ordinaire chez les patients déprimés. Cette réduction du volume de l’hippocampe est un fait avéré, mais son lien causal ou chronologique avec la dépression demeure encore inconnu : quel phénomène peut-on considérer comme la cause (ou au contraire la conséquence) de l’autre ?
Conduite au département de psychologie de la Stanford University, et portant sur 55 filles âgées de 9 à 15 ans (23 considérées vulnérables à la dépression, en raison de troubles analogues dans les antécédents de leur mère, et 32 considérées sans risque particulier, en l’absence de tout contexte psychiatrique maternel), une étude californienne explore l’hypothèse d’une réduction du volume de l’hippocampe préalable à la dépression, d’où son implication possible à l’origine de l’affection. Cette recherche concerne seulement des filles car les troubles dépressifs majeurs les affectent deux fois plus souvent, avec une symptomatologie à la fois plus précoce, plus fruste, mais en définitive plus sévère que chez les garçons. Et la référence à l’anamnèse maternelle s’explique par une méta-analyse de 2002 (due à AM Connell et SH Goodman) montrant une corrélation plus forte avec des antécédents dépressifs chez la mère qu’avec des antécédents analogues chez le père.
Les auteurs ont utilisé l’imagerie par résonance magnétique [2] pour examiner la structure et le volume du cerveau chez ces personnes à haut ou à faible risque familial de dépression. L’exploitation des données d’imagerie s’est faite par une analyse morphométrique basée sur la technique des voxels (contraction consacrée de « volumetric pixel » : pixel en 3D) et par un tracé manuel du dessin de l’hippocampe. Les résultats montrent, chez les sujets à haut risque de dépression, une diminution de la densité en matière grise et du volume de l’hippocampe par rapport aux sujets à bas risque, ce qui tend à indiquer que les anomalies neuroanatomiques associées à la dépression pourraient précéder la survenue de troubles dépressifs.
Cette étude ne présente pas seulement un intérêt théorique, mais pourrait avoir une utilité pratique. En effet, précisent les auteurs, l’efficacité de nombreux antidépresseurs dépend des capacités de neurogenèse dans l’hippocampe. Or ces médicaments préviennent ou peuvent même corriger, chez les sujets déprimés, la perte de volume de l’hippocampe liée au stress (stress-related hippocampal volume loss). Pour les sujets à risque, il serait donc logique d’envisager de corriger cette atrophie de la glie ou des neurones par la prescription d’antidépresseurs (ou par toute autre intervention adaptée). Enjeu ultime : retarder ou prévenir l’apparition de la maladie.
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Dr Alain Cohen
Chen MC et coll. : Decreased hippocampal volume in healthy girls at risk of depression. Arch Gen Psychiatry 2010 ; 67 (3) : 270-276
LE 03 MAI 2010
Des travaux antérieurs ont établi que l’hippocampe[1] est plus petit qu’à l’ordinaire chez les patients déprimés. Cette réduction du volume de l’hippocampe est un fait avéré, mais son lien causal ou chronologique avec la dépression demeure encore inconnu : quel phénomène peut-on considérer comme la cause (ou au contraire la conséquence) de l’autre ?
Conduite au département de psychologie de la Stanford University, et portant sur 55 filles âgées de 9 à 15 ans (23 considérées vulnérables à la dépression, en raison de troubles analogues dans les antécédents de leur mère, et 32 considérées sans risque particulier, en l’absence de tout contexte psychiatrique maternel), une étude californienne explore l’hypothèse d’une réduction du volume de l’hippocampe préalable à la dépression, d’où son implication possible à l’origine de l’affection. Cette recherche concerne seulement des filles car les troubles dépressifs majeurs les affectent deux fois plus souvent, avec une symptomatologie à la fois plus précoce, plus fruste, mais en définitive plus sévère que chez les garçons. Et la référence à l’anamnèse maternelle s’explique par une méta-analyse de 2002 (due à AM Connell et SH Goodman) montrant une corrélation plus forte avec des antécédents dépressifs chez la mère qu’avec des antécédents analogues chez le père.
Les auteurs ont utilisé l’imagerie par résonance magnétique [2] pour examiner la structure et le volume du cerveau chez ces personnes à haut ou à faible risque familial de dépression. L’exploitation des données d’imagerie s’est faite par une analyse morphométrique basée sur la technique des voxels (contraction consacrée de « volumetric pixel » : pixel en 3D) et par un tracé manuel du dessin de l’hippocampe. Les résultats montrent, chez les sujets à haut risque de dépression, une diminution de la densité en matière grise et du volume de l’hippocampe par rapport aux sujets à bas risque, ce qui tend à indiquer que les anomalies neuroanatomiques associées à la dépression pourraient précéder la survenue de troubles dépressifs.
Cette étude ne présente pas seulement un intérêt théorique, mais pourrait avoir une utilité pratique. En effet, précisent les auteurs, l’efficacité de nombreux antidépresseurs dépend des capacités de neurogenèse dans l’hippocampe. Or ces médicaments préviennent ou peuvent même corriger, chez les sujets déprimés, la perte de volume de l’hippocampe liée au stress (stress-related hippocampal volume loss). Pour les sujets à risque, il serait donc logique d’envisager de corriger cette atrophie de la glie ou des neurones par la prescription d’antidépresseurs (ou par toute autre intervention adaptée). Enjeu ultime : retarder ou prévenir l’apparition de la maladie.
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Dr Alain Cohen
Chen MC et coll. : Decreased hippocampal volume in healthy girls at risk of depression. Arch Gen Psychiatry 2010 ; 67 (3) : 270-276
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