Quand les étudiants en médecine font des découvertes
Publié LE 14 MAI 2010
Qui se souvient aujourd’hui que ce sont des étudiants en médecine à qui nous sommes redevables de la découverte de l’héparine, de l’insuline, ou du sphincter d’Oddi ? Variable fut le destin de ces talentueux individus mais leur mérite justifie que l’on rappelle leurs recherches, au moins par trois exemples.
Jay McLean (1890-1957) avait mal débuté dans la vie (père mort en 1894 et beau-père ruiné par le séisme de San Francisco en 1906). Après divers « petits boulots » (laveur de ponts de bateaux), étudiant à Baltimore, dès 1916, il identifia un anticoagulant dans le foie de chien, que son maître (pas celui du chien) Howell appela, en 1918, héparine (en raison de son origine hépatique), ce qui donna lieu à des querelles sur l’antériorité du découvreur, querelles qui l’éprouvèrent toute sa vie (et même au-delà puisqu’une proposition posthume de « nobélisation » échoua en 1959).
L’enfance de Thomas Fogarthy, né en 1934 (et qui se consacre aujourd’hui au négoce de vins californiens) ne fut guère plus heureuse. Dès l’enfance, il dut travailler dans un dépôt d’équipements stériles pour aider sa mère veuve à joindre les deux bouts. Ensuite, son expérience de pêcheur à la mouche lui permit de bricoler un petit ballon à partir de doigts de gants de latex ; il le relia à un cathéter et proposa son invention à ses maîtres en chirurgie pour aller chercher les caillots sanguins par un abord accessible et peu agressif ; mais il se heurta à un refus dédaigneux et, devant l’impossibilité de faire breveter son invention, il s’entêta à la produire de manière artisanale. Il n’obtint le brevet qu’en 1963, et, 2 ans plus tard, avait traité ainsi avec succès 40 caillots fémoraux ou aorto-iliaques (sur 50 tentatives). Aujourd’hui, plus de 500 000 de ses ballons-sondes sont vendus chaque année.
Rappelons enfin, pour chatouiller notre fibre chauvine, qu’Auguste Maurice Raynaud (1834-1881), publia en 1862 à Paris sa thèse monumentale « De l’asphyxie locale et de la gangrène symétrique des extrémités », dans laquelle il décrivait (sur 25 patients, essentiellement des femmes) le syndrome auquel il devait laisser son nom, déclenché par l’exposition au froid, et caractérisé par des vasoconstrictions intermittentes des doigts, avec modification de leur couleur, douleurs, paresthésies et gangrène localisée. Fils d’un professeur au (futur) lycée Condorcet, interne multi-médaillé, Raynaud était également docteur en lettres (« Les médecins au temps de Molière »). Médecin des Hôpitaux en 1868, puis membre de l’Académie de Médecine, il échoua trois fois à la chaire d’Histoire de la Médecine et de la Chirurgie, qu’il ambitionnait depuis longtemps, et l’on peut se demander si son catholicisme fervent et affiché ne lui a pas nui lors des débuts chaotiques de la 3ème république.
Illustration : Dr Thomas Fogarty, chirurgien à l’université de Stanford et… négociant en vin.
Dr Jean-Fred Warlin
Stringer MD et Ahmadi O : Famous medical discoveries by medical students. ANZ J Surg. 2009;79:901-908.
Publié LE 14 MAI 2010
Qui se souvient aujourd’hui que ce sont des étudiants en médecine à qui nous sommes redevables de la découverte de l’héparine, de l’insuline, ou du sphincter d’Oddi ? Variable fut le destin de ces talentueux individus mais leur mérite justifie que l’on rappelle leurs recherches, au moins par trois exemples.
Jay McLean (1890-1957) avait mal débuté dans la vie (père mort en 1894 et beau-père ruiné par le séisme de San Francisco en 1906). Après divers « petits boulots » (laveur de ponts de bateaux), étudiant à Baltimore, dès 1916, il identifia un anticoagulant dans le foie de chien, que son maître (pas celui du chien) Howell appela, en 1918, héparine (en raison de son origine hépatique), ce qui donna lieu à des querelles sur l’antériorité du découvreur, querelles qui l’éprouvèrent toute sa vie (et même au-delà puisqu’une proposition posthume de « nobélisation » échoua en 1959).
L’enfance de Thomas Fogarthy, né en 1934 (et qui se consacre aujourd’hui au négoce de vins californiens) ne fut guère plus heureuse. Dès l’enfance, il dut travailler dans un dépôt d’équipements stériles pour aider sa mère veuve à joindre les deux bouts. Ensuite, son expérience de pêcheur à la mouche lui permit de bricoler un petit ballon à partir de doigts de gants de latex ; il le relia à un cathéter et proposa son invention à ses maîtres en chirurgie pour aller chercher les caillots sanguins par un abord accessible et peu agressif ; mais il se heurta à un refus dédaigneux et, devant l’impossibilité de faire breveter son invention, il s’entêta à la produire de manière artisanale. Il n’obtint le brevet qu’en 1963, et, 2 ans plus tard, avait traité ainsi avec succès 40 caillots fémoraux ou aorto-iliaques (sur 50 tentatives). Aujourd’hui, plus de 500 000 de ses ballons-sondes sont vendus chaque année.
Rappelons enfin, pour chatouiller notre fibre chauvine, qu’Auguste Maurice Raynaud (1834-1881), publia en 1862 à Paris sa thèse monumentale « De l’asphyxie locale et de la gangrène symétrique des extrémités », dans laquelle il décrivait (sur 25 patients, essentiellement des femmes) le syndrome auquel il devait laisser son nom, déclenché par l’exposition au froid, et caractérisé par des vasoconstrictions intermittentes des doigts, avec modification de leur couleur, douleurs, paresthésies et gangrène localisée. Fils d’un professeur au (futur) lycée Condorcet, interne multi-médaillé, Raynaud était également docteur en lettres (« Les médecins au temps de Molière »). Médecin des Hôpitaux en 1868, puis membre de l’Académie de Médecine, il échoua trois fois à la chaire d’Histoire de la Médecine et de la Chirurgie, qu’il ambitionnait depuis longtemps, et l’on peut se demander si son catholicisme fervent et affiché ne lui a pas nui lors des débuts chaotiques de la 3ème république.
Illustration : Dr Thomas Fogarty, chirurgien à l’université de Stanford et… négociant en vin.
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