(JIM)
Dr Nicolas Chabert
Un poids de naissance élevé est associé au surpoids ou à l'obésité dans l'enfance et à l'âge adulte, avec toutes leurs conséquences négatives, comme l'ont montré plusieurs études.
Alors que l'obésité devient l'un des tous premiers facteurs de risque de surmortalité, il semble donc important aux yeux de certains épidémiologistes de déterminer quels mécanismes conduisent à un surpoids de naissance. Mais les difficultés sont de taille pour parvenir à cet objectif comme nous le démontre un vaste travail conduit aux Etats-Unis.
Plus d'un million d'enfants et leurs 500 000 mères
David S Ludwig et coll. ont tenté de dissocier facteurs génétiques et environnementaux grâce à un protocole d'étude sophistiqué. Pour réduire au minimum les influences génétiques sur le poids de naissance, les auteurs ont isolé parmi les 2 359 000 enfants « singletons» nés entre 1989 et 2003 dans le New Jersey et le Michigan, ceux dont la mère avait donné naissance à au moins un autre enfant. On disposait donc ainsi d'une cohorte de 1164 750 enfants nés de 513 501 femmes. Pour Ludwig et coll., considérant par hypothèse que génétique et socio-démographie de ces frères et soeurs étaient comparables, on ne pouvait expliquer l'essentiel des différences de poids de naissance dans une même fratrie que par des variations environnementales, portant en particulier sur l'alimentation maternelle avant ou pendant la grossesse. Ils se sont en particulier attachés à rechercher des corrélations entre prise de poids durant la grossesse et poids de naissance.
10 kg de plus pour la mère : 100 grammes de plus pour l'enfant
Sur l'ensemble de l'échantillon il est apparu que ces deux variables étaient bien corrélées, une prise de poids de 20 à 22 kg étant associée par exemple à un poids de naissance accru de 103 g en moyenne par rapport à la prise de poids recommandée de 8 à 10 kg. Fait essentiel, pour réduire l'influence des facteurs génétiques et socio-démographiques, la même relation a été constatée à l'échelle individuelle, puisque, par exemple, lorsque au cours de deux grossesses successives, la prise de poids durant la gestation augmentait de plus de 12 kg, le poids de naissance était accru de 107 g. De façon schématique, tout se passe comme si, la prise de poids durant la grossesse (sur laquelle un régime peut avoir une influence positive) est un élément du poids de naissance, qui serait lui-même un facteur de risque de surcharge pondérale ou d'obésité future.
Une complexité insuffisamment évaluée
De fait la réalité est probablement plus complexe et ce pour de multiples raisons :
- l'évaluation de la prise de poids durant la grossesse était en partie basée sur l'interrogatoire des mères durant les consultations prénatales ce qui laisse la place à des erreurs qui ne sont peut-être pas indépendantes d'autres facteur comme notamment l'indice de masse corporelle (IMC) initial ;
- l'IMC de ces femmes avant la gestation n'étant pas connu dans ce travail, on ne peut affirmer que la prise de poids durant la grossesse est un facteur de surpoids du nouveau né indépendant de l'adiposité initiale de la mère (il faut cependant signaler un élément supplémentaire de complexité puisqu'un IMC élevé avant la gestation est généralement associé à une faible prise de poids durant la grossesse) ;
- le fait d'avoir procédé à des comparaisons dans des fratries n'exclut pas des facteurs génétiques puisque, sans évoquer la possibilité de pères différents, les gènes maternels transmis varient bien sûr d'une grossesse à l'autre ;
- enfin, on ne peut éliminer une relation causale inverse entre prise de poids maternelle et poids de naissance ; car on peut supposer que des facteurs hormonaux ou métaboliques en provenance du foetus puissent influer sur la quantité d'aliments ingérés par la mère.
Ainsi, malgré cette étude de poids, il semble difficile d'être aussi affirmatif que les auteurs...
Ludwig D et coll. : The association between pregnancy weight gain and birthweight : a within-family comparison. Lancet 2010, publication avancée en ligne le 5 août 2010 (DOI:10.1016/S0140-6736(10)60751-9).
Dr Nicolas Chabert
Un poids de naissance élevé est associé au surpoids ou à l'obésité dans l'enfance et à l'âge adulte, avec toutes leurs conséquences négatives, comme l'ont montré plusieurs études.
Alors que l'obésité devient l'un des tous premiers facteurs de risque de surmortalité, il semble donc important aux yeux de certains épidémiologistes de déterminer quels mécanismes conduisent à un surpoids de naissance. Mais les difficultés sont de taille pour parvenir à cet objectif comme nous le démontre un vaste travail conduit aux Etats-Unis.
Plus d'un million d'enfants et leurs 500 000 mères
David S Ludwig et coll. ont tenté de dissocier facteurs génétiques et environnementaux grâce à un protocole d'étude sophistiqué. Pour réduire au minimum les influences génétiques sur le poids de naissance, les auteurs ont isolé parmi les 2 359 000 enfants « singletons» nés entre 1989 et 2003 dans le New Jersey et le Michigan, ceux dont la mère avait donné naissance à au moins un autre enfant. On disposait donc ainsi d'une cohorte de 1164 750 enfants nés de 513 501 femmes. Pour Ludwig et coll., considérant par hypothèse que génétique et socio-démographie de ces frères et soeurs étaient comparables, on ne pouvait expliquer l'essentiel des différences de poids de naissance dans une même fratrie que par des variations environnementales, portant en particulier sur l'alimentation maternelle avant ou pendant la grossesse. Ils se sont en particulier attachés à rechercher des corrélations entre prise de poids durant la grossesse et poids de naissance.
10 kg de plus pour la mère : 100 grammes de plus pour l'enfant
Sur l'ensemble de l'échantillon il est apparu que ces deux variables étaient bien corrélées, une prise de poids de 20 à 22 kg étant associée par exemple à un poids de naissance accru de 103 g en moyenne par rapport à la prise de poids recommandée de 8 à 10 kg. Fait essentiel, pour réduire l'influence des facteurs génétiques et socio-démographiques, la même relation a été constatée à l'échelle individuelle, puisque, par exemple, lorsque au cours de deux grossesses successives, la prise de poids durant la gestation augmentait de plus de 12 kg, le poids de naissance était accru de 107 g. De façon schématique, tout se passe comme si, la prise de poids durant la grossesse (sur laquelle un régime peut avoir une influence positive) est un élément du poids de naissance, qui serait lui-même un facteur de risque de surcharge pondérale ou d'obésité future.
Une complexité insuffisamment évaluée
De fait la réalité est probablement plus complexe et ce pour de multiples raisons :
- l'évaluation de la prise de poids durant la grossesse était en partie basée sur l'interrogatoire des mères durant les consultations prénatales ce qui laisse la place à des erreurs qui ne sont peut-être pas indépendantes d'autres facteur comme notamment l'indice de masse corporelle (IMC) initial ;
- l'IMC de ces femmes avant la gestation n'étant pas connu dans ce travail, on ne peut affirmer que la prise de poids durant la grossesse est un facteur de surpoids du nouveau né indépendant de l'adiposité initiale de la mère (il faut cependant signaler un élément supplémentaire de complexité puisqu'un IMC élevé avant la gestation est généralement associé à une faible prise de poids durant la grossesse) ;
- le fait d'avoir procédé à des comparaisons dans des fratries n'exclut pas des facteurs génétiques puisque, sans évoquer la possibilité de pères différents, les gènes maternels transmis varient bien sûr d'une grossesse à l'autre ;
- enfin, on ne peut éliminer une relation causale inverse entre prise de poids maternelle et poids de naissance ; car on peut supposer que des facteurs hormonaux ou métaboliques en provenance du foetus puissent influer sur la quantité d'aliments ingérés par la mère.
Ainsi, malgré cette étude de poids, il semble difficile d'être aussi affirmatif que les auteurs...
Ludwig D et coll. : The association between pregnancy weight gain and birthweight : a within-family comparison. Lancet 2010, publication avancée en ligne le 5 août 2010 (DOI:10.1016/S0140-6736(10)60751-9).
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