Attention aux infections virales nosocomiales chez l'enfant hospitalisé

Pr Jean-Jacques Baudon

Attention aux infections virales nosocomiales chez l'enfant hospitalisé

L'épidémiologie des infections virales nosocomiales (IVN) est mal connue : leur incidence pourrait varier de 5 % à 23 % des infections nosocomiales. Les plus communes sont les infections à virus respiratoire syncitial (VRS) et à rotavirus (RV). Leur fréquence est sous-estimée si les infections révélées après la sortie ne sont pas prises en compte.
Une équipe de Bâle les a enregistrées pendant 24 mois de façon prospective en population pédiatrique. Des questionnaires électroniques standardisés ont été remplis par les médecins pendant l'hospitalisation et après la sortie par les parents, en tenant compte de la durée d'incubation de 1 à 3 jours pour le RV et de 3 à 6 jours pour le VRS. Les virus ont été recherchés dans les selles et les prélèvements naso-pharyngés. Tous les enfants hospitalisés dans les différents services de pédiatrie ont été inclus à l'exception de l'orthopédie et de la néonatologie. Pendant la période de surveillance, 6 250 patients ont été hospitalisés plus de 24h, en moyenne 5 jours, soit 34 608 jours/patient. Parmi ceux-ci, pour des raisons matérielles, seuls 1 272 enfants ont pu être inclus dans la surveillance post hospitalisation ; le taux de retour des questionnaires a été 45 %.
Durant l'hospitalisation, 52 enfants ont contracté 54 IVN (0,8 % incidence 1,6/1 000 jours patients) : 38 (70 %) étaient gastro-intestinales dont 21 par RV, 10 respiratoires hautes et 6 basses dont 2 à VRS. La plus forte incidence des IVN a été observée dans l'unité de nourrissons (3,8 o/oo jours/patients), la plupart étant gastro-intestinales principalement à RV. Après la sortie, 12 cas supplémentaires se sont déclarés donc un total de 66 IVN soit un taux de 1,1 % (1,9/o/oo jours/patients), 70 % étant intestinales dont 3 ont nécessité la réhospitalisation.
En moyenne, les patients atteints d'INV, en comparaison de ceux indemnes étaient plus jeunes : 48 mois contre 76 (p<0,05) et leur durée d'hospitalisation plus prolongée : 28 jours contre 5 (p<0,05). Le motif de l'admission n'était pas une infection dans 53 % des cas : dans ce groupe, 40 cas d'IVN (sur les 66 ; 61 %) ont été identifiés dont 24 digestives. Chez les patients admis pour infection, les localisations respiratoires étaient prédominantes : ces enfants ont eu davantage d'infections digestives nosocomiales (15/1 224) que ceux admis pour gastro-entérite (1/651 p<0,05). Enfin les nourrissons de moins d'un an ont contracté plus souvent des IVN (27/1 334 2 %) que les plus âgés (39/4 916 0,8 %).
En conclusion, le recensement des infections nosocomiales doit se prolonger après la sortie. En raison d'une forte incidence saisonnière ces IVN doivent inciter au renforcement des précautions d'hygiène, notamment avec les solutions hydro alcooliques.

Buettcher M. : Prospective surveillance of nosocomial viral infections during and after hospitalization at a University Children's Hospital. Pediatr Infect Dis J 2010;29:950-5