Le poids du poids de naissance en psychiatrie

Dr Alain Cohen

Bien que certains travaux aient déjà été consacrés au lien entre un faible poids de naissance et l'incidence de la schizophrénie, ils ne se sont pas révélés parfaitement concluants. Et la question reste donc posée : défini par l'OMS comme inférieur à 2 500 grammes, un petit poids à la naissance augmente-t-il vraiment le risque de schizophrénie ?
Réalisée sur la population née en Suède entre 1973 et 1984 (suivie jusqu'en 2002) et sur celle née au Danemark entre 1979 et 1986 (suivie jusqu'en 2005), une autre étude longitudinale a donc examiné ce rapport présumé entre une réduction du poids à la naissance et une psychopathologie ultérieure, en particulier une schizophrénie. Les auteurs confirment l'association de cette psychose avec un petit poids de naissance. Mais ce rapprochement ne constitue pas une corrélation spécifique, car il ne se résume ni à un poids inférieur à 2 500 grammes, ni au diagnostic de schizophrénie, mais il semble en fait concerner toute forme de pathologie mentale à l'âge adulte (adult mental disorder).
En revanche, les auteurs n'observent aucune association significative entre un poids de naissance très élevé (supérieur à 4 500 grammes) et une future pathologie mentale, contrairement à d'autres études aboutissant pourtant à une conclusion opposée (risque pour le neuro-développement, chez les enfants trop gros à la naissance). Mais certaines questions subsistent, notamment la responsabilité du tabagisme maternel, connu pour son incidence fâcheuse sur le poids de naissance. Et donc, indirectement, sur une majoration possible du risque psychiatrique ? Par ailleurs, d'autres études montrent que cette association entre un poids de naissance trop faible et une psychopathologie ultérieure n'est guère modifiée par l'ajustement d'autres paramètres : le statut marital de la mère, son âge, la parité de l'enfant, l'hérédité d'une maladie mentale. En particulier, la probabilité d'un faible poids de naissance ne dépend pas du moment où la mère peut développer, elle-même, une maladie mentale (avant ou après l'accouchement).

Abel KM et coll. : Birth weight, schizophrenia, and adult mental disorder. Arch Gen Psychiatry 2010 ; 67 : 923-930.