L’incidence de l’adénocarcinome gastrique est partout, plus
élevée chez l’homme que chez la femme, le ratio d’incidence
standardisé pour l’âge étant de près de 2/1, et cette différence
étant retrouvée de façon homogène dans des populations à
prévalences différentes d’infection par Helicobacter pylori, de
tabagisme et à habitudes alimentaires diverses. Des travaux ayant
suggéré un lien notamment entre utilisation de traitements
hormonaux et cancer gastrique, des équipes européennes ont
entrepris de pousser plus avant les investigations, et ont évalué
les relations entre facteurs menstruels et reproductifs, facteurs
hormonaux endogènes et exogènes, et risque de cancer gastrique.
L’étude a porté sur 335 216 femmes, âgées de 35 à 70 ans,
enrôlées entre 1992 et 1998 pour participer à l’European
Prospective Investigation into Cancer and Nutrition (EPIC) study,
vaste étude prospective, multicentrique, impliquant 10 pays
d’Europe (Allemagne, Danemark, Espagne, France, Grèce, Italie,
Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, et Suède).
Les ratios de risque de cancer gastrique ont été estimés en
fonction de nombre de facteurs auto-rapportés : l’âge aux premières
règles et à la ménopause, la durée d’utilisation d’une
contraception orale, la prise d’un traitement hormonal substitutif,
la parité, l’âge à la première grossesse menée à terme,
l’allaitement, les fausses couches spontanées, les avortements
provoqués, l’ovariectomie, l’hystérectomie, et la durée cumulée des
cycles menstruels.
Au cours d’un suivi moyen de 8,7 ans (2 927 994 sujets-années),
un diagnostic de cancer gastrique (documenté, et validé par un
panel d’anatomopathologistes) a été porté chez 181 femmes pour
lesquelles les données d’intérêt étaient complètes. À l’entrée dans
l’étude, 23 de ces 181 femmes n’étaient pas ménopausées, 19 étaient
en période périménopausique et 139 étaient ménopausées (ménopause
naturelle pour 114, chirurgicale pour 25).
Après ajustements sur l’âge, le centre, le statut tabagique, le
niveau d’éducation, l’IMC, la consommation quotidienne moyenne de
légumes et de fruits, de viande rouge, de préparations de viandes
du commerce, et prise en compte du statut sérologique pour H.
pylori, l’analyse met en évidence :
- un risque de cancer gastrique près de 2 fois accru chez les
femmes ayant subi une ovariectomie (ratio de risque = 1,79 IC à 95
% 1,15-2,78 ; 25 cas) en comparaison des femmes non ovariectomisées
;
- un risque de cancer gastrique multiplié par plus de 2 chez les
femmes ayant eu une ovariectomie et n’ayant pas pris
d’hormonothérapie substitutive (2,25 ; 1,15-4,41) ;
- une relation inverse entre durée cumulée, en années, des cycles
menstruels et risque de cancer gastrique (0,55 ; 0,31-0,98 pour la
comparaison du quintile de durée le plus haut au quintile le plus
bas).
Les autres facteurs menstruels et reproductifs, de contraception
et traitements hormonaux soumis à analyse ne se sont pas avérés
associés au risque de cancer, et le statut sérologique pour H.
pylori à l’inclusion n’est pas apparu modifier les associations
observées.
L’interprétation de ces résultats, qui plaident pour une
relation entre hormones ovariennes endogènes et risque de cancer
gastrique, reste cependant limitée par le caractère auto-rapporté
des données menstruelles, de reproduction et d’hormonothérapie, et
par le petit nombre de cas ayant signalé une ovariectomie. Des
études complémentaires sont nécessaires pour confirmer les
relations suggérées et éclaircir les mécanismes susceptibles de
sous-tendre les inégalités, entre hommes et femmes, de risque de
cancer gastrique, cancer qui demeure au rang des premières causes
de décès par cancer de par le monde.
Dr Julie Perrot
élevée chez l’homme que chez la femme, le ratio d’incidence
standardisé pour l’âge étant de près de 2/1, et cette différence
étant retrouvée de façon homogène dans des populations à
prévalences différentes d’infection par Helicobacter pylori, de
tabagisme et à habitudes alimentaires diverses. Des travaux ayant
suggéré un lien notamment entre utilisation de traitements
hormonaux et cancer gastrique, des équipes européennes ont
entrepris de pousser plus avant les investigations, et ont évalué
les relations entre facteurs menstruels et reproductifs, facteurs
hormonaux endogènes et exogènes, et risque de cancer gastrique.
L’étude a porté sur 335 216 femmes, âgées de 35 à 70 ans,
enrôlées entre 1992 et 1998 pour participer à l’European
Prospective Investigation into Cancer and Nutrition (EPIC) study,
vaste étude prospective, multicentrique, impliquant 10 pays
d’Europe (Allemagne, Danemark, Espagne, France, Grèce, Italie,
Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, et Suède).
Les ratios de risque de cancer gastrique ont été estimés en
fonction de nombre de facteurs auto-rapportés : l’âge aux premières
règles et à la ménopause, la durée d’utilisation d’une
contraception orale, la prise d’un traitement hormonal substitutif,
la parité, l’âge à la première grossesse menée à terme,
l’allaitement, les fausses couches spontanées, les avortements
provoqués, l’ovariectomie, l’hystérectomie, et la durée cumulée des
cycles menstruels.
Au cours d’un suivi moyen de 8,7 ans (2 927 994 sujets-années),
un diagnostic de cancer gastrique (documenté, et validé par un
panel d’anatomopathologistes) a été porté chez 181 femmes pour
lesquelles les données d’intérêt étaient complètes. À l’entrée dans
l’étude, 23 de ces 181 femmes n’étaient pas ménopausées, 19 étaient
en période périménopausique et 139 étaient ménopausées (ménopause
naturelle pour 114, chirurgicale pour 25).
Après ajustements sur l’âge, le centre, le statut tabagique, le
niveau d’éducation, l’IMC, la consommation quotidienne moyenne de
légumes et de fruits, de viande rouge, de préparations de viandes
du commerce, et prise en compte du statut sérologique pour H.
pylori, l’analyse met en évidence :
- un risque de cancer gastrique près de 2 fois accru chez les
femmes ayant subi une ovariectomie (ratio de risque = 1,79 IC à 95
% 1,15-2,78 ; 25 cas) en comparaison des femmes non ovariectomisées
;
- un risque de cancer gastrique multiplié par plus de 2 chez les
femmes ayant eu une ovariectomie et n’ayant pas pris
d’hormonothérapie substitutive (2,25 ; 1,15-4,41) ;
- une relation inverse entre durée cumulée, en années, des cycles
menstruels et risque de cancer gastrique (0,55 ; 0,31-0,98 pour la
comparaison du quintile de durée le plus haut au quintile le plus
bas).
Les autres facteurs menstruels et reproductifs, de contraception
et traitements hormonaux soumis à analyse ne se sont pas avérés
associés au risque de cancer, et le statut sérologique pour H.
pylori à l’inclusion n’est pas apparu modifier les associations
observées.
L’interprétation de ces résultats, qui plaident pour une
relation entre hormones ovariennes endogènes et risque de cancer
gastrique, reste cependant limitée par le caractère auto-rapporté
des données menstruelles, de reproduction et d’hormonothérapie, et
par le petit nombre de cas ayant signalé une ovariectomie. Des
études complémentaires sont nécessaires pour confirmer les
relations suggérées et éclaircir les mécanismes susceptibles de
sous-tendre les inégalités, entre hommes et femmes, de risque de
cancer gastrique, cancer qui demeure au rang des premières causes
de décès par cancer de par le monde.
Dr Julie Perrot
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