L'épreuve de réintroduction est nécessaire pour le diagnostic d'allergie alimentaire

12/04/11
(JIM)
Pr JJ Baudon

La fréquence de l'allergie alimentaire augmente dans tous les pays. Et, la facilité de recherche d'une allergie alimentaire par les anticorps IgE entraîne des régimes d'éviction chez de nombreux enfants, en particulier en cas de dermatite atopique. Ces régimes, s'ils ne sont pas contrôlés, peuvent avoir des conséquences nutritionnelles et faire négliger les soins cutanés essentiels. Or, les prick-tests et les taux d'anticorps spécifiques ont une bonne corrélation avec les résultats des épreuves de réintroduction seulement pour certains aliments (lait, oeuf, poisson, noix et noisette). Des allergologues de Denver ont souhaité approfondir cette question, et pour ce faire, ont comparé les résultats des tests cutanés de 125 enfants, d'âge médian 4 ans (1 à 19 ans) avec ceux des épreuves de réintroduction.
Les patients avaient une dermatite atopique (DA), classée de « bénigne à sévère », en activité dans 96 % des cas. Les prick-tests ont été pratiqués avec des extraits commerciaux ou avec l'aliment frais pour la plupart des légumes et fruits. Un total de 364 épreuves de réintroduction contrôlée (ERC) cumulant 6 à 10 doses de l'aliment, données toutes les 15 à 30 minutes, a été pratiqué.
Sur ces 364 aliments exclus lors de l'examen, 325 réintroductions ont été négatives (89 %). Les réactions positives sont toutes survenues dans les 2 heures suivant l'introduction mal tolérée ; aucune poussée de la DA n'a été notée le lendemain.
Chez 44 enfants, sous régime d'exclusion en fonction des résultats d'anticorps IgE ou de prick-tests, 111 aliments ont été réintroduits : dans 80 % des cas ou plus, l'ERC a été négative sauf pour le blé (77 %). Des ERC positifs ont été constatés pour l'oeuf, la banane, la cacahuète, le soja et le blé.
Chez 67 enfants sous régime en raison de réactions antérieures, anaphylaxie (5 %), digestives (17 %), respiratoires (18 %) et/ou cutanées (76 %), 122 aliments ont été réintroduits sans réaction dans plus de 75 % des cas. Des réactions positives ont été constatées avec l'oeuf, le poulet, le lait, l'avoine, le soja, les pois, le blé, les haricots. Les résultats des ERC ont été comparés aux taux des IgE spécifiques dont la valeur prédictive varie selon les aliments. Les ERC n'ont pas été pratiqués en cas de taux élevés pour l'oeuf et la cacahuète.
Deux patients sur 5 avec des IgE anti-lait élevés ont eu une ERC négative. Pour les autres aliments, l'ERC a été négative 66 fois sur 71 (93 %), sauf pour la banane (n = 2) et le blé (n = 3).
Au total, sauf en cas d'anaphylaxie, l'épreuve de réintroduction est indispensable.
Commentaire : d'autres travaux ont montré la fréquence des prick-tests et anticorps faussement positifs dans la DA. Ceci ne s'applique pas obligatoirement à d'autres manifestations cliniques.


Fleischer DM et coll. : Oral food challenges in children with a diagnosis of food allergy. J Pediatr 2011 ; 158 : 578-83.