Des statines pour améliorer le pronostic de la pneumonie ?

Les statines sont décidément parées de bien des vertus et pas
seulement pour la prévention cardio-vasculaire. Une revue
systématique récente mettait en lumière leur possible rôle dans la
prévention et le traitement des infections. Neuf études entraient
dans l’analyse et suggéraient notamment un effet protecteur des
statines contre les septicémies et un effet de réduction de la
mortalité par infection. Une équipe du Royaume Uni a choisi de se
concentrer sur la possible efficacité des statines sur le pronostic
des pneumonies, en réalisant une étude de cohorte.

Près de 130 000 patients sous statines étaient comparés à plus de
600 000 autres patients ne prenant pas ce traitement. Pendant la
durée du suivi, 9 073 pneumonies ont été diagnostiquées, dont 1 398
chez des sujets sous traitement a long cours par statine.
Les auteurs ont voulu réduire le plus possible le risque de biais
par « indication », et ont ainsi comparé les patients ayant des «
scores de propension » comparables, c'est-à-dire ayant des «
profils » de risques identiques et la même probabilité de recevoir
un traitement par statine. Parmi ces patients ayant des « scores de
propension » comparables, 109 sur les 847 patients sous statine et
578 sur les 2 927 autres sont décédés dans les 6 mois suivant le
diagnostic de pneumonie (HR [Hazard ratio] = 0,67 ;
intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 0,49 à 0,91), suggérant
une relation entre la prise de statines et une mortalité plus
basse. En pratique, selon ces résultats, il faudrait traiter 15
patients pour prévenir 1 décès.

Les auteurs admettent que, l’étude étant faite sur le mode
observationnel, ils ne peuvent être certains que l’effet observé
est réellement en rapport avec l’utilisation des statines. Ils ne
peuvent bien entendu pas affirmer non plus que les statines
auraient un effet positif si elles étaient administrées seulement à
partir du diagnostic de pneumonie. Ils se basent toutefois sur des
travaux récents qui semblent indiquer que les statines ont une
action rapide sur les fonctions endothéliales et le flux artériel
et que les marqueurs de l’inflammation tels la C Reactiv Protein
diminuent significativement dès le 3ème jour suivant le début d’un
traitement. Ces données, ajoutées au fait que les statines sont
bien tolérées et peu chères, justifieraient selon eux la mise en
place d’un grand essai randomisé pour déterminer l’effet sur le
pronostic des pneumonies que peut avoir l’administration de statine
dès le diagnostic et, le cas échéant, en expliquer le mécanisme.


Dr Roseline Péluchon