Davantage d'auto-mutilations chez les adolescentes en surpoids

05/05/11
(JIM)
Dr Roseline Péluchon

L'automutilation est une pratique relativement fréquente chez les adolescents, et sa prévalence atteindrait 11 à 13 % dans cette population. Elle est à distinguer des conduites suicidaires, puisqu'elle interviendrait sans intention de mort, mais plutôt comme une forme morbide de contrôle de ses émotions ou une auto-punition survenant sur un mode impulsif et souvent addictif.
Une étude réalisée en Finlande s'est donnée comme objectif d'explorer le lien entre les pratiques d'automutilation et le surpoids chez des adolescents de 12 à 17 ans. Sont inclus dans cette étude 439 adolescents se présentant aux urgences d'une unité de psychiatrie. Parmi eux 156 sont en surpoids, 77 garçons et 79 filles. Les idées suicidaires et les tentatives de suicide sont étudiées elles aussi.
Le surpoids augmente significativement le risque d'automutilation (OR = 2,29), mais seulement chez les filles. Ce lien persiste après ajustement pour l'âge, le contexte familial, le tabagisme ou la consommation d'alcool ou de psychotropes (OR = 2,52). Aucune association entre le surpoids et la pratique de l'automutilation n'est retrouvée chez les garçons, ni entre le surpoids et les idées de suicide ou les tentatives de suicide.
Les auteurs estiment qu'une partie de l'explication réside dans l'importance accordée à la silhouette de la femme dans nos sociétés, alors que cela est beaucoup moins le cas pour l'homme. Les jeunes filles en surpoids se trouvent de ce fait en proie à une détresse psychologique, à des problèmes émotionnels voire au désespoir et ces sentiments négatifs peuvent se traduire par des pulsions d'automutilation. Ce serait pour elles une façon d'exprimer et d'extérioriser un poids émotionnel insupportable et de trouver une façon personnelle de contrôler ce trop-plein d'émotions.
L'absence de lien entre le surpoids et les idées ou les pratiques suicidaire conduit toutefois les auteurs à suggérer qu'une faible estime de soi ou d'autres problèmes psychologiques n'expliquent peut-être pas complètement l'association retrouvée entre surpoids et pratique de l'automutilation chez les jeunes filles. Ils émettent l'hypothèse de l'existence chez ces adolescentes de facteurs métaboliques spécifiques qui pourraient intervenir dans la neurobiologie de ces pratiques.


Riala K Et coll.: Overweight of Adolescent Girls Is Associated with Self-Mutilative Behavior. Psychopathology 2011;44:147-15