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    Le changement de la politique nationale Algérienne de santé est impératif

    MIRAGE
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    Le changement de la politique nationale Algérienne de santé est impératif Empty Le changement de la politique nationale Algérienne de santé est impératif

    Message par MIRAGE Ven 08 Juil 2011, 09:43

    En dépit des moyens importants alloués, le rendement reste
    faible. La qualité est encore défaillante, les mauvaises conditions
    d’accueil et de séjour des malades, la pénurie de médicaments et les
    longues attentes au niveau des plateaux techniques ; on parle beaucoup
    et on ne fait rien. Nous avons assisté à un effet de déplacement des
    ressources humaines informellement du public vers le privé. Il est
    temps de formaliser cette relation informelle. Notre système
    d’assurance est en crise…

    La gestion de ces caisses durant ces dernières années en dit long…
    En cinq années, de 1999 à 2005, les dépenses de santé ont connu un
    excédent de 100%. Sur les 5 milliards de dollars alloués à ce secteur
    en 2005, 65% sont destinés aux ressources humaines, 20% pour les
    médicaments et 15% pour les équipements … (sic)» Ce ne sont là que
    quelques extraits du réquisitoire historique fait par notre ex-ministre
    des Finances, Abdelatif Benachenhou, lors de la rencontre
    euro-méditerranéenne, tenue le 9 avril 2005 à Alger. Bien que cette
    situation, objectivement décrite depuis plus de six années, ait été
    suivie après trois semaines, le 1er mai 2005, d’un changement du
    gouvernement avec le départ du ministre de la Santé ; cela n’a guère
    amélioré les prestations de ce secteur. Ce tableau noir demeure
    toujours d’actualité : mauvaises conditions de la pratique médicale;
    prise en charge défaillante des pathologies lourdes (cancer,
    insuffisance rénale, polytraumatisés...) et/ou chroniques (hypertension
    artérielle et ses complications cardiovasculaires, diabète et ses
    complications dégénératives, fatigue nerveuse), réémergence des
    maladies liées à la pauvreté (tuberculose; MTH, leishmaniose, hépatites
    virales) ou même contrôlables par la vaccination (rougeole) ; pénuries
    fréquentes de médicaments trop chers et très faible production des
    génériques (30% seulement en 2010), dégradation alarmante de l’hygiène
    générale dans nos hôpitaux, dont la plupart sont devenus de véritables
    chantiers. Un marasme généralisé, qui n’a épargné ni le médecin ni le
    malade, et qui a fait perdre au citoyen la confiance dans le système de
    santé de son pays. Il ne s’agit là que de quelques symptômes de l’échec
    de notre politique de santé. Il serait dangereux de ne pas voir la
    réalité en face, de nier l’évidence et de réduire cette détresse
    généralisée à une simple grève passagère des résidents pour une
    divergence de points de vue sur l’obligation d’un service civil. Le mal
    est beaucoup plus profond ! Vainement décriée depuis plus de deux
    décennies (El Moudjahid du 16/10/1991, EI Watan des 11,12,13 juin 2004,
    8/9/2004, 2/11/2005, 4/6/2006, 3/9/2006, 6/12/2007 ; Le Soir d’Algérie
    du 11/07/2006 ; conférence de presse du 19/11/2007 ; EI Chââb du
    24/01/2011), cette faillite de notre politique de santé n’est ni le
    fait du hasard ni le fruit de l’incompétence, elle a été soigneusement
    programmée.
    Les faits :

    Une désorganisation préméditée
    Avril 1981 : organisation incomplète et illogique de
    l’administration centrale du ministère de la Santé (décrets n°81-66 du
    18 avril 1981 ; complémentaire n°83-557 du 8 octobre 1983 ; n°85-133 du
    21 mai 1985). Trois décrets portant organisation et fonctionnement de
    cette administration en quatre années ! Plusieurs autres organigrammes
    se succéderont pour remettre à chaque fois en question l’organisation
    existante. Or, il est prouvé que la multiplication des textes est un
    facteur déterminant pour la déstabilisation d’une institution. Qui
    parmi les 25 ministres qui se sont succédé dans ce secteur depuis
    l’indépendance n’a pas souhaité, essayé et/ou obtenu «son propre
    organigramme» ? L’organigramme version 2011, avec 4 directions
    générales et 43 directions, est à l’heure actuelle au niveau de la
    Fonction publique et c’est la principale préoccupation des responsables
    de l’administration centrale du MSPRH.
    Des disparités régionales officialisées
    Septembre 1981 : Création des secteurs sanitaires (SS): structure la
    plus importante (hôpital) autour de laquelle gravitent toutes
    structures de santé situées dans une aire géographique déterminé
    (daïra) et ensemble de la population qui réside dans cet espace (décret
    n°242-25 du 5 septembre 1981).
    Février 1986 : sans donner le temps
    de recul nécessaire pour évaluer objectivement cette organisation en
    SS, qui a pourtant fait ses preuves d’efficacité dans bon nombre de
    pays, on créa les centres hospitalo-universitaires (CHU) par décret
    n°86-25 du 11 février 1986. L’amélioration de la qualité des
    prestations de soins et la formation de pointe étaient les principaux
    arguments avancés par les partisans de ces CHU, dont la création n’a
    jamais fait l’unanimité. On paye très cher, à ce jour, le «prestige» de
    cette dénomination de «CHU», dont le seul mérite est la surconsommation
    budgétaire. Il y eut des années où les crédits alloués aux 13 CHU
    implantés dans seulement 10 wilayas (4 à Alger, et un à Oran, Tlemcen,
    Sidi Bel Abbès, Blida, Tizi Ouzou, Sétif, Constantine, Annaba et Batna)
    dépasseront le 1/3 du budget global de la santé, alors que les 216
    structures restantes -185 SS + 32 établissements hospitaliers
    spécialisés (EHS) - implantés dans toutes les wilayas du pays, se
    partageront le reste.
    On balaya d’un coup de plume les énormes avantages que procuraient
    les SS qui répondaient harmonieusement à tous nos besoins, aussi bien
    de soins que de formation. Un SS par daïra assurait : (1°) - des soins
    accessibles à tous les citoyens ; (2°) - des soins hiérarchisés,
    puisque c’est le médecin généraliste qui voit en premier lieu le
    malade, le prend en charge et décide éventuellement de l’adresser chez
    le spécialiste (c’est le circuit obligatoire imposé ces dernières
    années par la sécurité sociale en France pour des impératifs
    économiques !) ; (3°) - une formation de qualité, vu qu’il ne pouvait
    être érigé en secteur sanitaire universitaire (SSU) que lorsque les
    capacités de formation médicale étaient réunies. Outre la couverture
    sanitaire de tout le pays, l’augmentation considérable de nos capacités
    pédagogiques et la systématisation de la hiérarchie administrative ; le
    respect du découpage administratif national (1 SS/daïra) encourage la
    participation des collectivités locales au financement des dépenses de
    santé pour leur région, ce qui est fondamental pour la promotion de la
    santé et le développement socio-économique. Alors que la population
    générale a doublé au cours des trois dernières décennies (22 millions
    en 1982), que les effectifs médicaux se sont multipliés, que toutes les
    études épidémiologiques montrent une progression alarmante de certaines
    pathologies lourdes, notre réalité sur le terrain est bien triste. Des
    daïras aussi peuplées que Dar EI Beida ne disposent même pas d’un SS,
    des unités de base implantées dans une daïra sont gérées par le SS
    d’une autre, au sein de certains SS et EHS - statutairement non
    universitaires - des services et même seulement des individus, sont
    universitaires et d’autres non, et il n’y a pratiquement plus
    d’étudiants en médecine dans ces SS, alors que, normalement, c’est au
    niveau de ces polycliniques et centres de santé, que ces étudiants
    doivent débuter par l’acquisition des soins infirmiers avant d’entrer
    dans les hôpitaux universitaires. Dans des CHU (même de la capitale),
    des services manquent pour les spécialités les plus demandées
    (cardiologie, endocrinologie, oncologie, néphrologie, chirurgie
    générale, traumatologie...) alors que des professeurs se bousculent
    dans certains services, des spécialistes de santé publique participent
    à la formation médicale sans être rémunérés pour cette tâche, plus de
    deux mille anciens maîtres assistants n’ont pas pu progresser dans leur
    carrière, et des étudiants ne font presque plus de stages pratiques
    pour certains modules, à cause des sureffectifs et de la surcharge des
    services.
    Sont-ce les prestations de qualité des partisans des CHU ? Nous
    sommes restés figés durant plus d’un quart de siècle dans 13 CHU, et
    dans pratiquement les mêmes services hospitalo-universitaires de 1986.
    Pourquoi ? Nous pouvions pourtant plus que tripler nos capacités
    pédagogiques, et donc améliorer considérablement la qualité de nos
    soins et de notre formation, qualité constamment réclamée par le
    citoyen et revendiquée à chaque mouvement de protestation par les
    professionnels de ce secteur. A Alger, il y a aujourd’hui 13 daïras, et
    c’est donc 13 SSU que nous aurions dû avoir, au lieu des 4 CHU actuels.
    Quel gâchis !
    Mai 2007 : création des établissements publics
    hospitaliers et des établissements publics de santé de proximité ( ?)
    deux entités par un seul texte (décret exécutif n°07/140 du 19 mai
    2007), texte tellement flou et illogique, que son application sur le
    terrain est pratiquement impossible. C’est l’achèvement de la
    désintégration du système de santé et le coup de grâce pour les soins
    de santé de base. Le 30e Congrès maghrébin de médecine et de chirurgie
    a eu lieu à Casablanca, du 5 au 9 juin 2001, et a eu pour thème
    principal : «Les Réformes de santé au Maghreb».
    Après présentation en plénière des rapports des trois pays (Maroc,
    Tunisie, Algérie), le docteur Charles Boel, du département des
    ressources humaines de l’OMS, un expert international en fin de
    carrière, ouvrit les débats catastrophé: «Je voudrais m’adresser à
    notre ami le représentant de l’Algérie, vous aviez une organisation
    sanitaire excellente en SS et SSU, qui a fait ses preuves d’efficacité
    dans tous les pays où elle a été appliquée, pourquoi diable l’avez-vous
    changée (sic) ?»
    Des réformes illusoires
    A ce jour, un secteur aussi vital pour le pays est encore géré selon
    les dispositions d’une loi promulguée dans un tout autre contexte
    politique et socioéconomique de gratuité des soins et d’économie
    dirigée, depuis 1985 ; alors que cinq ministres se sont déjà succédé
    sur un projet de loi initié en 2002 et qui est toujours au stade de
    projet ! Pourquoi ? Jusqu’à quand ? Peut-être après l’organigramme de
    2011, qui semble beaucoup plus important ?
    Il est de notoriété
    publique qu’une réforme, dans n’importe quel domaine que ce soit, est
    censée être limitée dans le temps. Or, à ce jour, après neuf années et
    la succession de 5 ministres de la Santé, nos fameuses réformes
    hospitalières, qui ont fait changer au ministère de la Santé et de la
    Population sa dénomination de MSP, pour devenir en 2002 le ministère de
    la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière (MSPRH) sont
    toujours au stade «on va faire». Pour le citoyen, rien n’a changé !
    Un financement insuffisant, sans contrôle ni évaluation
    La santé est un domaine où les dépenses n’ont pas de plafond. On
    peut toujours mieux faire. Malgré les efforts considérables consentis
    par l’Etat en matière de besoins de santé, le financement des dépenses
    de santé reste en dessous des capacités nationales, et même trop
    faibles par rapport aux données comparatives de nos voisins : Voir le
    tableau ci-dessous
    Les propos tenus à Paris, par un éminent
    professeur français en 2007, sont à méditer : «Vous n’êtes ni le Maroc
    ni la Tunisie, vous avez les capacités d’avoir dix hôpitaux comme le
    George Pompidou (sic).»
    Mars 2004 : le ministre de la Santé déclare, devant la presse : «Nous
    avons débloqué une enveloppe de cent milliards de dinars pour éponger
    principalement de dette des 13 CHU.» (Liberté du 23 mars 2004)
    Malheureusement, aucun de nos perspicaces journalistes n’a eu la
    curiosité professionnelle de l’interroger sur l’origine de cette énorme
    dette, ou si cette nouvelle et consistante enveloppe sera encore
    offerte aux même gestionnaires concepteurs de cette dette. Le citoyen
    n’est-il pas alors en droit de s’inquiéter sur la situation du contrôle
    et de l’évaluation de ces dépenses destinées à la préservation de sa
    santé et de sa vie ? On efface tout et on recommence encore à zéro
    Octobre 2010 : Le gouvernement a rattrapé un retard de 28 ans en se
    dotant d’une loi de règlement budgétaire (la dernière remonte à 1982),
    la seule capable de contrôler les dépenses décidées chaque année par la
    loi de finances et la loi de finances complémentaire (EI Watan du
    1110/2010). Mais, la commission ministérielle chargée de l’élaboration
    des comptes nationaux de la santé (créée par décision ministérielle
    n°82/MSPRH/MIN du 9 décembre 2002), s’est limitée à la publication de
    son premier rapport en 2003. Depuis, plus rien ! Pourquoi ? Comment
    vont alors faire les deux chambres parlementaires pour remplir leur
    obligation constitutionnelle et contrôler les dépenses de santé : «Le
    gouvernement rend compte à chaque chambre du Parlement, de
    l’utilisation des crédits budgétaires qu’elle lui a votés pour chaque
    exercice budgétaire. L’exercice est clos en ce qui concerne le
    Parlement, par le vote par chacune des chambres d’une loi portant
    règlement budgétaire pour l’exercice considéré» (article 160 de la
    Constitution) ?

    Des violations délibérées de la constitution et des textes qui en découlent

    Juin 1997 : l’Arrêt de la Cour suprême, n°161718 du 8 juin 1997, est
    notifié au ministère de la Santé, dans sa forme exécutoire, par un
    huissier de justice, le 1er octobre 1997. A ce jour, huit ministres de
    la Santé se sont succédé sur l’inexécution de cette décision prononcée
    par la plus haute instance judiciaire du pays depuis 14 ans.
    Juillet 2001 : quatre arrêts interministériels et ministériels relatifs
    à cette exécution sont abusivement bloqués chez le DRH du MSPRH depuis
    2001 à ce jour (arrêtés des 26/06/2001, 31/12/2001, 06/03/2002,
    21/09/2002).
    Avril 2007 : des décisions irrégulières sont délibérément établies le
    15/04/2007, avec la bénédiction du DRH du MSPRH, pour arrêter
    abusivement la rémunération d’un professeur hospitalo-universitaire, et
    sont toujours en vigueur à ce jour (décisions n° 1084 et 1086/DG/CHU
    Blida).
    Mars 2009 : le ministre de la Santé (le Dr Barkat) ordonne, par
    écrit, le 24 mars 2009, l’exécution de l’arrêt de la Cour suprême, mais
    se heurte au refus du DRH du MSPRH. Après un bras de fer qui dura 14
    mois avec son subordonné, il quitta le ministère, vaincu.
    Juin 2010
    : dès son arrivée, le ministre de la Santé actuel donna les mêmes
    instructions que son prédécesseur… Après dix mois de persévérance, il
    réussit à se faire établir deux arrêtés pour l’exécution de l’arrêt de
    la Cour suprême. Malheureusement, il se rendit tardivement compte que
    ces «arrêtés» (n°07 et 08/MIN du 20 février 2011), que lui a fait
    signer son DRH, sont inapplicables et ne sont en fait qu’un leurre pour
    gagner du temps, en attendant le prochain ministre. Tous les courriers
    émanant des plus hautes autorités du pays (présidence de la République,
    Premier ministère, Ministres...), pour faire respecter la loi et
    exécuter cette décision de justice demeurent, à ce jour, lettre morte
    dans les archives du DRH du MSPRH. En poste depuis 2005, ce dernier use
    et abuse des prérogatives liées à sa fonction, gère à sa manière les
    carrières de tous les professionnels de la Santé. Il a déjà consommé
    trois ministres et se prépare pour le 4e. Peu importe pour lui les
    protestations et les mouvements de grève, l’essentiel est qu’il reste
    au-dessus des lois de la République. Qui est derrière ce super «commis
    de l’Etat» ?
    *Professeur hospitalo-universitaire au CHU Mustapha-Juriste

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    Le changement de la politique nationale Algérienne de santé est impératif Empty Re: Le changement de la politique nationale Algérienne de santé est impératif

    Message par MIRAGE Ven 08 Juil 2011, 09:44

    Le changement de la politique nationale de santé est impératif (2e
    partie et fin) ; des grèves anormalement prolongées pour des
    revendications légitimes et accessibles - El Watan - Algérie - 07/07/2011


    Avril 1991 : le plan de carrière des spécialistes de santé
    publique et leur progression en spécialistes de 1er, 2e et 3e degrés
    sont clairement définis : décret exécutif n° 091-106 du 27 avril 1991,
    portant statut particulier des praticiens médicaux généralistes et
    spécialistes de santé publique.

    Octobre 2002 : durant plus de dix années de
    revendications par leurs syndicats, ce statut sera totalement ignoré
    par l’administration centrale du MSP, puis modifié et complété en 2002
    par un second texte (décret présidentiel n°02-338 du 16 octobre 2002),
    dont la non-application, également, justifiera les fameuses grèves des
    spécialistes de santé publique. Malgré la sagesse qui caractérisa ces
    mouvements légitimes - discontinus (17 au 24 février 2002 et 22 avril
    au 14 mai 2002), puis continus (28 septembre au 13 novembre 2002 et 6
    janvier au 5 mars 2004) – l’administration centrale n’aura pour
    arguments que le reniement de ses propres engagements (PV des réunions
    des 14 mai 2002, 13 novembre 2002, 27 novembre 2002, 22 avril 2003), la
    désinformation et la discorde au sein du corps médical (communiqués de
    presse successifs des professeurs en sciences médicales, du SNPSSP et
    du MSPRH, respectivement en dates des 18, 22 et 26 janvier 204) et le
    recours, en fin de compte, à l’autorité judiciaire pour mettre fin à
    une grève légitime. Un total de 121 jours (quatre mois !) d’arrêt de
    travail pour plus de trois mille médecins spécialistes à travers le
    territoire national, puis une reprise normale, dans une totale
    indifférence des responsables de la santé publique.
    Juin 2004 : le 6 juin 2004, plus de 9000 praticiens
    de santé publique entamèrent une grève nationale et illimitée à la
    recherche de leurs droits usurpés, leur statut particulier qui existe,
    mais qui n’est pas appliqué depuis 1991.
    Ils ont eu droit au même traitement que celui prescrit à leurs
    confrères spécialistes. Puis, en 2011, des miettes leur sont jetées
    pour calmer les esprits. Il en est de même pour tous les corps de ce
    secteur (gestionnaires, paramédicaux).
    Mai 2008 : après des décennies de protestations, et
    départ à la retraite ou extinction de bon nombre d’entre eux, les
    professeurs hospitalo-universitaires ont enfin obtenu gain de cause. Un
    décret portant statut particulier de l’enseignant-chercheur
    hospitalo-universitaire est signé par le chef du gouvernement le 3 mai
    2008 et publié le 4 mai au JO de la RADP. Mais, le hic est, qu’à ce
    jour, après plus de 3 années d’attente, l’arrêté d’application de ce
    décret n’est toujours pas établi !
    Mars 2011 : plus de 5000 médecins résidents sont
    toujours en grève, depuis le 14/03/2011, et semblent, de par leur
    détermination, avoir beaucoup appris de la triste expérience de leurs
    aînés.
    Alors que la grève des hôtesses et stewards n’a duré qu’une journée
    (15/6/2011) et celle des postiers moins d’une semaine (6 jours), celle
    des médecins résidents, contre toute attente, entame son 4e mois.
    Pourtant, ce que l’homme possède de plus précieux c’est sa vie, et elle
    ne lui est offerte qu’une seule fois ! Il est évident que cette grève
    durera encore, et que les protestations perdureront toujours dans ce
    secteur, vu le despotisme démesuré clairement affiché par les
    «négociateurs» du MSPRH. Quelle crédibilité peut encore rester chez ces
    derniers qui, face aux différents syndicats, ont toujours fait preuve
    d’impéritie notoire, voire d’incompétence, au point de recourir, à
    chaque fois, à l’autorité judiciaire pour mettre fin à des
    revendications légitimes et accessibles ?
    Outre la souffrance humaine, il est certain que, de nombreux
    citoyens, surtout dans l’Algérie profonde, ont perdu leur vie ou gardé
    des séquelles indélébiles, suite à ces absences répétées et prolongées
    de médecins, souvent concomitantes à des pénuries de médicaments (stock
    de sécurité nul au 21 mars 2004 pour 271 produits, selon le rapport
    n°897/DG/PCH/2004). Est-il juste qu’aucun des responsables de ces
    tragédies nationales n’ait été identifié et encore moins inquiété ?
    L’impunité n’est pas seulement anormale ou dangereuse, elle est la
    ruine de l’Algérie. Elle est mortelle !
    La légèreté déconcertante avec laquelle sont gérées par la tutelle
    toutes ces protestations, anormalement prolongées pour un secteur aussi
    vital que la santé, est très grave. N’est-il pas temps de mettre un
    terme à cette anarchie catastrophique qui règne dans nos hôpitaux et
    dans ce secteur depuis de longues années ? Jusqu’à quand cette
    expectative inquiétante des pouvoirs publics, et en particulier des
    membres de l’APN en tant que représentants du peuple ? Pourtant, la
    Constitution est claire dans son article 161 : «L’Assemblée populaire
    nationale peut, dans le cadre de ses prérogatives, instituer à tout
    moment des commissions d’enquête sur des affaires d’intérêt général.»
    Peut-être que je me trompe, et que la santé n’est pas une affaire
    d’intérêt général ?
    Le changement de notre politique nationale de sante est impératif
    L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime, aujourd’hui, que
    la satisfaction des besoins de santé (habitat, eau potable, nutrition,
    éducation, routes, électricité, gaz…) des populations, est plus
    efficace pour l’amélioration de leur état de santé que la réponse
    ponctuelle à leur demande de soins. La médecine moderne est de plus en
    plus tributaire de la biotechnologie, et seul le développement
    socioéconomique local pourra apporter le bien-être, ainsi que le
    plateau technique indispensable à une pratique médicale «conforme aux
    données actuelles de la science», comme l’exige la loi.
    L’égalité d’accès aux soins n’assure pas à elle seule l’égalité de
    santé. Pour réaliser l’objectif de justice poursuivi, il est sans doute
    nécessaire de mener une politique explicite de réduction des inégalités
    sociales de santé. L’intersectorialité des politiques de santé suppose
    le préalable d’une vision globale permettant de fédérer toutes les
    énergies.
    Le rôle des collectivités locales et leur participation effective à
    la promotion de la santé dans leur région sont fondamentaux pour la
    réussite de toute politique de santé.
    Le développement extraordinaire des moyens de télécommunications
    (Internet, télémédecine...), la réorganisation du système national de
    santé en SS et SSU (1 SS/daïra), la participation des collectivités
    locales au financement et à la gestion décentralisée de ces structures,
    et le choix judicieux des hommes, le contrôle, l’évaluation... feront
    que chaque SS pourra délibérément publier ses offres et ses demandes,
    négocier directement ses mesures incitatives (plateau technique,
    salaire conséquent, logement cessible...) avec n’importe quel
    spécialiste, et aspirer, voire devenir SSU. Nous aurons alors, enfin,
    un secteur public et un secteur privé complémentaires et compétitifs
    dans l’intérêt du malade. Le service civil, les affectations
    arbitraires et le despotisme démesuré de l’administration centrale ne
    seront plus alors qu’un mauvais souvenir.
    Dans sa conférence de presse du 29 mai 2001, le Premier ministre a
    déploré, à juste titre, les disparités régionales en matière de santé.
    Certes, il n’y a pas pire douleur morale que la mort d’une mère de
    famille lors d’un accouchement, et pourtant, cette mort terrible est
    encore fréquente en Algérie en 2011, après 27 années d’instauration du
    service civil.
    Pourquoi ? Que sont devenus les milliers de spécialistes formés
    durant des générations par l’université algérienne au prix d’énormes
    sacrifices ? Combien sont-ils restés dans ces zones enclavées ?
    N’est-il pas temps de faire une pause pour évaluer objectivement les
    atouts et les faiblesses de cette politique de santé appliquée depuis
    27 ans, plutôt que de continuer à défendre l’indéfendable ?
    Ces disparités ne sont-elles pas la preuve palpable d’un échec de la
    politique sanitaire nationale menée depuis des années, contre vents et
    marées, plutôt qu’un manque de nationalisme du médecin algérien ?
    Il y a 45 ans, une ordonnance datée du 4 avril 1966 instaura
    l’obligation d’exercer à mi-temps dans les structures de santé publique
    pour les médecins, pharmaciens et autres praticiens du secteur privé.
    Elle avait été bien acceptée et appliquée de bon cœur, car le contexte
    politique, historique, socioéconomique et psychologique était favorable.
    Il y a 24 ans, les réformes entamées à partir de 1988, en vue d’une
    libéralisation des différents secteurs économiques touchèrent le
    secteur de la santé. Les premières mesures adoptées en «faveur» de la
    santé furent l’autorisation d’ouverture de cliniques privées, la
    suppression du service civil (instauré depuis 5 années par la loi
    n°84-10 du 11 février 1984) et du zoning. On assista alors à une
    hémorragie importante de spécialistes hospitalo-universitaires, due
    autant à la dégradation des conditions de travail dans le secteur
    public qu’aux perspectives de leur enrichissement rapide dans le
    secteur privé.
    De même, des régions entières, parmi les plus déshéritées, se
    retrouvèrent dépourvues de spécialistes algériens, qui sont allés
    s’installer à titre privé dans les grandes villes ou même ont carrément
    émigré vers d’autres pays. Mais, cette situation grave n’avait pas fait
    revenir les décideurs de l’époque sur leur choix de libéralisation de
    l’économie nationale. Ils avaient opté pour l’économie de marché, pour
    la loi de l’offre et de la demande, ils ne pouvaient qu’en assumer les
    conséquences. Est-il possible, après 24 années, de revenir sur
    l’ouverture des cliniques privées, cliniques protégées aujourd’hui par
    le principe du «droit acquis» ?
    Il y a 12 ans, après avoir été
    abandonné, sans texte, durant plus de 10 années, le service civil est
    remis sur selle par un décret exécutif (n°99-176 du 2 août 1999).
    Si durant ces 12 dernières années, personne n’a remis en question sa
    réinstauration ou réclamé sa suppression, c’est tant mieux pour ses
    partisans. Mais, à partir du moment où les médecins résidents réclament
    leur droit d’égalité avec leurs concitoyens, les pouvoirs publics n’ont
    de faculté que d’y accéder à leur revendication de ce droit
    constitutionnel universel : «Les institutions ont pour finalité
    d’assurer l’égalité en droits et devoirs de tous les citoyens et
    citoyennes en supprimant les obstacles qui entravent l’épanouissement
    de la personne humaine et empêchent la participation effective de tous,
    à la vie politique, économique, sociale et culturelle» (Art.31 de la
    Constitution algérienne) ? Contrairement à ce que beaucoup pensent, il
    n’y a, dans ce cas d’espèce, ni bras de fer, ni défi, ni entêtement ;
    il y a seulement une seule vérité, celle d’être avec ou contre la loi.
    N’est-il pas temps, à l’heure où des consultations politiques sont
    engagées au plus haut sommet de l’Etat, pour une transition pacifique
    vers un Etat de droit et de justice, de commencer à respecter la
    Constitution et les textes qui en découlent ?
    C’est par le respect et la sacralisation de la loi que se sont
    édifiées les plus grandes nations du monde ! Aux USA, il n’y a pas pire
    crime que la violation d’une loi fédérale !
    Abdelwahab Bengounia. Professeur hospitalo-universitaire au CHU Mustapha, juriste

    Santé maghreb

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