espoir dans les atteintes neurologiques du SHU

L’immuno-adsorption, un nouveau traitement pour les formes neurologiques de SHU

Publié le 12/09/2011

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L’épidémie de syndromes hémolytiques et urémiques (SHU) du printemps dernier en Allemagne a été d’une exceptionnelle ampleur avec plus de 800 patients atteints. Ces SHU, qui étaient dus à des infections par Escherichia coli-entero-hémorragique producteurs de shigatoxine (STEC) se sont compliqués dans près d’un tiers des cas de manifestations neurologiques allant de la confusion à l’état de mal épileptique. Les réanimateurs allemands ont généralement traité ces atteintes neurologiques par des plasmaphérèses et dans certains cas particulièrement graves par de l’éculizumab, un anticorps monoclonal anti-protéine C5 du complément indiqué dans la prise en charge de l’hémoglobinurie paroxystique nocturne.

12 malades ne répondant pas aux plasmaphérèses


Dans le cadre d’un essai ouvert, une équipe des Hôpitaux de Greifswald et de Hanovre a testé un nouveau traitement de sauvetage chez 12 patients souffrant de complications neurologiques graves rebelles aux plasmaphérèses et à l’éculizumab : l’immuno-absorption.

Andreas Greinacher et coll. ont en effet émis l’hypothèse selon laquelle les troubles neurologiques qui surviennent au cours de la deuxième semaine de la maladie sont liés (au moins en partie) à des anticorps produits en réponse à l’infection par des Escherichia coli producteurs de shigatoxine. L’immuno-adsorption a consisté, à l’aide de dispositifs spécifiques (colonnes peptidiques), à dépléter le plasma des immunoglobulines en deux séances suivies d’une administration intraveineuse d’IgG. Pour réduire le risque infectieux de ce type de thérapeutique, les patients suspects cliniquement d’une autre infection ou ayant des taux de procalcitonine élevés ont été exclus de l’étude.

Une amélioration neurologique durant les séances d’immuno-adsorption


Le traitement a été bien toléré et l’état neurologique des 12 malades évalué par un score de 1 à 3 s’est amélioré dans tous les cas. Tous les patients ont survécu avec dans 10 cas une guérison sans séquelles neurologiques ou rénales. La responsabilité de ce traitement dans cette amélioration rapide est corroborée par le fait que, chez les patients non intubés qui pouvaient être évalués finement, les symptômes ont régressé durant les séances d’immuno-adsorption elles-mêmes.

Si ce succès semble donc confirmer l’hypothèse de travail de l’équipe allemande, il faut toutefois souligner que le mécanisme exact par lequel l’immuno-adsorption serait efficace n’est pas totalement élucidé (déplétion de complexes immuns circulants ou de la shiga-toxine elle-même).

Seules des études randomisées qui pourront être mises en place lors des prochaines épidémies de grande ampleur permettront de confirmer l’intérêt de ce type de prise en charge et de préciser ses indications à côté des plasmaphérèses et de l’éculizumab.


Dr Nicolas Chabert

Greinacher A et coll.: Treatment of severe neurological deficits with IgG depletion through immunoadsorption in patients with Escherichia coli O104:H4-associated haemolytic uraemic syndrome: a prospective trial. Lancet 2011; publication avancée en ligne le 5 septembre 2011 (DOI: 10;1016/S0140-6736(11)61253-1)