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1 - Introduction
La légionellose, étiologie commune de pneumonies communautaires et nosocomiales est provoquée par des bactéries du genre Legionella,intracellulaires facultatives à Gram négatif, à tropisme hydrique, largement répandue dans la nature. Elles sont présentes dans les écosystèmes naturels et les réseaux de distribution d'eaux. L’homme se contamine par inhalation d’aérosols contaminés. Le diagnostic de certitude reposera sur la présence d’une pneumonie associée à des critères biologiques précis. Il devra être le plus rapide possible (antigène urinaire et mise en culture). La déclaration de chaque cas est obligatoire pour permettre de détecter précocement les cas groupés.
2 - Habitat
3 - Caractéristiques bactériologiques
Ces bacilles à Gram négatif (faiblement colorés) sont non sporulés, non acidorésistants, non capsulés, de 0,3 à 0,9 µm de large sur 2 à 20 µm de long et forment une famille de 46 espèces et 64 sérogroupes : L. pneumophila est l’espèce la plus importante en pathologie humaine, responsable de plus de 95 %. L. pneumophila sérogroupe 1 est associé à plus de 80 % des cas.
4 - Pouvoir pathogène : LA LEGIONELLOSE
I - Manifestations cliniques des légionelloses
Les légionelloses incluent 3 formes cliniques distinctes provoquées par des bactéries du genre Legionella :
- la légionellose ou maladie des légionnaires
- la fièvre de Pontiac
- les formes extra-pulmonaires
La légionellose ou maladie des légionnaires est caractérisée par une pneumonie aiguë. Après une période d’incubation de 2 à 10 jours, les patients présentent un syndrome pseudogrippal avec fièvre, toux sèche, céphalées, myalgies, anorexie...... A la phase d’état, le tableau associe une fièvre élevée, une dyspnée et une toux importante pouvant s’accompagner d’expectorations. La pneumonie est souvent associée à des signes digestifs à type de diarrhée ou confusionnels. Aucun argument clinique et radiologique ne permet de différencier avec certitude les légionelloses des autres étiologies de pneumonie, dont celle à pneumocoque.
II - Notions épidémiologiques
La légionellose est une maladie à déclaration obligatoire (http://www.invs.sante.fr). Il faut interroger le malade ou sa famille sur les sites fréquentés dans les 2 à 10 jours précédant l'apparition des signes cliniques.
Fréquence
5 - Diagnostic bactériologique
I - Quand demander un diagnostic bactériologique ?
Devant toute pneumonie accompagnée d’un des critères suivants :
Bien préciser au biologiste : Recherche de Legionella
II- Nécessité d’un diagnostic de certitude
Le diagnostic de certitude doit être le plus rapide possible et peut être réalisé par :
III - La recherche d’antigènes urinaires
IV - Culture - Isolement
VI - Sérodiagnostic
La technique d'immunofluorescence indirecte (IFI) reste la méthode de référence, mais des techniques ELISA sont actuellement proposées.La chaine polysaccharidique (paroi) est le support de l’antigénicité O et caractéristique de chaque sérogroupe de L. pneumophila. Les immunoglobulines totales sont détectées (IgM, IgG et IgA).
Seule la mise en évidence d'une augmentation du titre des anticorps (de 4 fois) permet de confirmer le diagnostic de légionellose. Pour un titre élevé précoce, la sensibilité est faible ainsi que la valeur prédictive positive (10 %).
Les inconvénients du sérodiagnostic :
- ne permet qu'un diagnostic, tardif voire rétrospectif.
- de nombreuses réactions croisées en IFI ont été décrites: mycobactéries, leptospires, Chlamydia, Mycoplasma, Citrobacter, Campylobacter et Coxiella burnetii, sérogroupes et espèces de Legionella.
6 - Enquête épidémiologique
La première phase de l'investigation est une enquête épidémiologique clinique comprenant un interrogatoire précis pour définir les dates et les lieux de séjour, la date de survenue des symptômes...... et de relever méticuleusement les activités des patients pendant les dix jours précèdant la maladie.
7 - Sensibilité aux antibiotiques et approche thérapeutique
Les antibiotiques efficaces sont : macrolides, fluoroquinolones, tétracyclines et rifampicine.
Les légionelles étant des bactéries à développement intracellulaire, l’étude in vitro de la sensibilité aux antibiotiques de ces bactéries ne peut être directement corrélée avec l’activité clinique des molécules. L'antibiogramme n’est pas recommandé du fait de résultats ininterprétables en clinique.
Approche thérapeutique
Les macrolides peuvent être utilisés en monothérapie pour les légionelloses communautaires non sévères. Les fluoroquinolones (notamment la lévofloxacine) et l’azithromycine (macrolide) sont devenues les antibiotiques de choix dans le traitement des légionelloses sévères et celles touchant les immunodéprimés.
cf Posologies recommandées
8 - Prophylaxie - prévention [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Rien ne justifie actuellement la mise en place d’une antibioprophylaxie pour les personnes ayant été exposées à des aérosols contaminés.
La prévention repose sur une surveillance environnementale et clinique qui nécessite un programme d'entretien régulier des réseaux (nettoyage pour éliminer le tartre), une circulation permanente de l'eau avec élimination des bras morts et une température suffisante de l'eau (60°C au site de production et 50°C aux points d'usage). L’objectif cible dans les établissements de santé est de maintenir la concentration en légionelles < 103 UFC / litre d’eau.
Ce cours a été préparé par Sophie Jarraud, Pascale Girardo, Monique Reyrolle, Jérôme Etienne.
Faculté de Médecine Laennec - Université Claude bernard , 69372 Lyon cedex 08 )
1 - Introduction
La légionellose, étiologie commune de pneumonies communautaires et nosocomiales est provoquée par des bactéries du genre Legionella,intracellulaires facultatives à Gram négatif, à tropisme hydrique, largement répandue dans la nature. Elles sont présentes dans les écosystèmes naturels et les réseaux de distribution d'eaux. L’homme se contamine par inhalation d’aérosols contaminés. Le diagnostic de certitude reposera sur la présence d’une pneumonie associée à des critères biologiques précis. Il devra être le plus rapide possible (antigène urinaire et mise en culture). La déclaration de chaque cas est obligatoire pour permettre de détecter précocement les cas groupés.
2 - Habitat
Les légionelles sont des bactéries d’origine hydrotellurique présentes à l’état naturel dans les eaux douces (lacs et rivières) et les sols humides. A partir du milieu naturel, la bactérie colonise les sites artificiels lorsque les conditions de son développement sont réunies (température inférieure à 50°C, bras morts, présence de biofilm, présence d’autres microorganismes des milieux aquatiques comme les cyanobactéries ou les amibes libres ou présence de certains matériaux tel que fer, zinc, PVC). Exemple: cumulus. |
Les systèmes de climatisation sont également contaminés. Tous les éléments constitutifs ou annexes de ces systèmes qui comportent de l'eau stagnante (tours aéro-réfrigérantes, humidificateurs, bacs de réserve d'eau...) et qui génèrent de la vapeur et des condensations sont des réservoirs potentiels de germes. Les autres sources sont les piscines, les bains à remous, les équipements des stations thermales, les fontaines ......... |
Ces bacilles à Gram négatif (faiblement colorés) sont non sporulés, non acidorésistants, non capsulés, de 0,3 à 0,9 µm de large sur 2 à 20 µm de long et forment une famille de 46 espèces et 64 sérogroupes : L. pneumophila est l’espèce la plus importante en pathologie humaine, responsable de plus de 95 %. L. pneumophila sérogroupe 1 est associé à plus de 80 % des cas.
4 - Pouvoir pathogène : LA LEGIONELLOSE
I - Manifestations cliniques des légionelloses
Les légionelloses incluent 3 formes cliniques distinctes provoquées par des bactéries du genre Legionella :
- la légionellose ou maladie des légionnaires
- la fièvre de Pontiac
- les formes extra-pulmonaires
La légionellose ou maladie des légionnaires est caractérisée par une pneumonie aiguë. Après une période d’incubation de 2 à 10 jours, les patients présentent un syndrome pseudogrippal avec fièvre, toux sèche, céphalées, myalgies, anorexie...... A la phase d’état, le tableau associe une fièvre élevée, une dyspnée et une toux importante pouvant s’accompagner d’expectorations. La pneumonie est souvent associée à des signes digestifs à type de diarrhée ou confusionnels. Aucun argument clinique et radiologique ne permet de différencier avec certitude les légionelloses des autres étiologies de pneumonie, dont celle à pneumocoque.
Maladie des légionnaires | Fièvre de Pontiac | Localisations extrapulmonaires | |
mortalité | 20% | 0% | Atteintes hématologiques |
période d'incubation | 2-10 jours | 1-2 jours | Atteintes neurologiques |
symptomes | fièvre, toux, myalgie, maux de tête, douleur thoracique, diarrhée, confusion | syndrome grippal : fièvre, toux, myalgie | Atteintes cardiaques myocardite, péricardite, endocardite |
poumon | pneumonie, pleurésie, abcès pulmonaire | pas de pneumopathie, pas d'abcès pulmonaire | |
rein | désordres rénaux : protéinurie, hématurie, insuffisance rénale | pas de manifestations | Atteintes musculaires, rhabdomyolyse |
foie | peu d'anomalie de la fonction hépatique | pas de manifestations | |
tractus gastrointestinal | diarrhée aqueuse, douleur abdominale, nausées, vomissements | pas de manifestations | localisations digestives rétinite, sinusite |
système nerveux central | somnolence, délire, désorientation, confusion | pas de manifestations |
II - Notions épidémiologiques
La légionellose est une maladie à déclaration obligatoire (http://www.invs.sante.fr). Il faut interroger le malade ou sa famille sur les sites fréquentés dans les 2 à 10 jours précédant l'apparition des signes cliniques.
Elle s’observe toute l’année avec un pic saisonnier en été et en automne. Les facteurs de risque sont: âge (> 50 ans), sexe (masculin), tabagisme, éthylisme, traitements immunosuppresseurs avec maladies sous-jacentes, enfin exposition prolongée ou fréquente à des sources de contamination (voyages, hôtels, centres de loisirs ou de soins…). L'âge médian des cas est de 58 ans (extrêmes 17 - 98). |
2 à 15 % des pneumonies communautaires nécessitant une hospitalisation |
3ème ou 4ème rang des étiologies des pneumonies hospitalisées |
807 cas déclarés en France en 2001 |
estimation : plus de1200 cas diagnostiqués par an en France |
Globalement 1 cas pour 100 000 habitants par an en France |
80 % des cas sont communautaires (20 % des cas sont nosocomiaux) |
La contamination se fait essentiellement par inhalation d’eau contaminée diffusée en aérosol. Les sources de contamination sont variées telles douches et panaches des tours aéro-réfrigérantes..... (cf habitat). Ces aérosols atteignent les alvéoles pulmonaires (1); les légionelles infestent les macrophages alvéolaires (2), survivent et se multiplient dans les phagosomes à pH neutre (3 - 4). L’inhibition de la fusion du phagosome et des vacuoles lysosomiales permet la survie intracellulaire des légionelles et entraîne la destruction des macrophages (5). Il n'y a pas de transmission inter-humaine. |
5 - Diagnostic bactériologique
I - Quand demander un diagnostic bactériologique ?
Devant toute pneumonie accompagnée d’un des critères suivants :
Absence d’amélioration sous traitement par ß-lactamine |
Patient présentant un terrain favorisant |
En situation épidémique |
En présence d’une pneumonie nosocomiale (systématique) |
Voyageurs |
Exposition professionnelle à l’eau (En situation épidémique ?????) |
II- Nécessité d’un diagnostic de certitude
Le diagnostic de certitude doit être le plus rapide possible et peut être réalisé par :
Méthodes de diagnostic | Sensibilité | Spécificité |
Immunofluorescence directe | 25 | 65 |
Mise en culture du prélèvement | 62 | 100 |
Recherche d’antigènes urinaires | 55-80 | 99 |
Sérologie | 10-75 | 95-99 |
Amplification de gènes spécifiques | ? | ? |
III - La recherche d’antigènes urinaires
Cette recherche permet un dépistage simple, rapide et précoce des cas à Legionella pneumophila sérogroupe 1. - les antigènes apparaissent précocement : dans les 2 à 3 jours suivant les signes cliniques (88 % des patients). - leur excrétion est longue et variable: de quelques jours à 2 mois, voire un an. - l'excrétion n'est pas influencée par l'antibiothérapie. délai de réponse : ELISA : 4 heures et immunochromatographie sur membrane : 15 minutes |
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] | La détection des antigènes est actuellement réalisée par une méthode immunoenzymatique (ELISA) ou par une technique d'immunochromatographie sur membrane. Performances du test : Spécificité : 99 % (L. pneumophila sérogroupe 1) Sensibilité : 80 %. La concentration des urines avant analyse permet d’augmenter la sensibilité sans affecter la spécificité. |
Prélèvements d’où peuvent être isolées les légionelles : - Lavage broncho-alvéolaire, - Expectorations, - Aspiration trachéale, - Aspiration bronchique, - Biopsie pulmonaire, - Liquide pleural, - Sang. Exceptionnellement : liquide articulaire, péricardique |
La culture est lente de 3 à 10 jours. nécessitant des milieux spécialisés : BCYE (“Buffered Charcoal Yeast Extract”) contenant de la cystéine, du fer et du charbon. Ces bactéries aérobies strictes ont leur croissance favorisée par la présence de CO2 (2,5 %). Les colonies présentent un aspect caractéristique dit en “verre fritté” (loupe binoculaire au grossissement x 30). L’identification des colonies est réalisée par immuno- fluorescence directe ou agglutination de particules de latex à l’aide d’anticorps spécifiques. Les techniques de biologie moléculaire (PCR) sont encore peu utilisées. |
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] | V - L’examen direct peut être réalisé par immunofluorescence directe (IFD) à l’aide d’anticorps monoclonaux reconnaissant tous les sérogroupes de L. pneumophila. Avantage : Cette technique permet un diagnostic rapide (moins de 4 heures). Inconvénients : Sensibilité faible : 25 à 40 % avec un seuil de détection de 104 UFC/mL Spécificité faible : 60 à 70 %, liée à des réactions immunologiques croisées: Pseudomonas aeruginosa, P. fluorescens, Stenotrophomonas maltophilia, Bordetella pertussis,Bacteroides fragilis,Francisella tularensis. |
VI - Sérodiagnostic
La technique d'immunofluorescence indirecte (IFI) reste la méthode de référence, mais des techniques ELISA sont actuellement proposées.La chaine polysaccharidique (paroi) est le support de l’antigénicité O et caractéristique de chaque sérogroupe de L. pneumophila. Les immunoglobulines totales sont détectées (IgM, IgG et IgA).
Seule la mise en évidence d'une augmentation du titre des anticorps (de 4 fois) permet de confirmer le diagnostic de légionellose. Pour un titre élevé précoce, la sensibilité est faible ainsi que la valeur prédictive positive (10 %).
Les inconvénients du sérodiagnostic :
- ne permet qu'un diagnostic, tardif voire rétrospectif.
- de nombreuses réactions croisées en IFI ont été décrites: mycobactéries, leptospires, Chlamydia, Mycoplasma, Citrobacter, Campylobacter et Coxiella burnetii, sérogroupes et espèces de Legionella.
6 - Enquête épidémiologique
La première phase de l'investigation est une enquête épidémiologique clinique comprenant un interrogatoire précis pour définir les dates et les lieux de séjour, la date de survenue des symptômes...... et de relever méticuleusement les activités des patients pendant les dix jours précèdant la maladie.
Cette investigation permet de définir s'il s'agit d'une légionellose communautaire (liée ou non à un voyage) ou nosocomiale, et de repérer les cas groupés. La seconde phase de l'investigation est l'enquête épidémiologique microbiologique (recherche de marqueurs moléculaires). Exemple de comparaison de souches par électrophorèse en champ pulsé (PFGE): |
Les antibiotiques efficaces sont : macrolides, fluoroquinolones, tétracyclines et rifampicine.
Les légionelles étant des bactéries à développement intracellulaire, l’étude in vitro de la sensibilité aux antibiotiques de ces bactéries ne peut être directement corrélée avec l’activité clinique des molécules. L'antibiogramme n’est pas recommandé du fait de résultats ininterprétables en clinique.
Approche thérapeutique
Les macrolides peuvent être utilisés en monothérapie pour les légionelloses communautaires non sévères. Les fluoroquinolones (notamment la lévofloxacine) et l’azithromycine (macrolide) sont devenues les antibiotiques de choix dans le traitement des légionelloses sévères et celles touchant les immunodéprimés.
cf Posologies recommandées
8 - Prophylaxie - prévention [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Rien ne justifie actuellement la mise en place d’une antibioprophylaxie pour les personnes ayant été exposées à des aérosols contaminés.
La prévention repose sur une surveillance environnementale et clinique qui nécessite un programme d'entretien régulier des réseaux (nettoyage pour éliminer le tartre), une circulation permanente de l'eau avec élimination des bras morts et une température suffisante de l'eau (60°C au site de production et 50°C aux points d'usage). L’objectif cible dans les établissements de santé est de maintenir la concentration en légionelles < 103 UFC / litre d’eau.
Ce cours a été préparé par Sophie Jarraud, Pascale Girardo, Monique Reyrolle, Jérôme Etienne.
Faculté de Médecine Laennec - Université Claude bernard , 69372 Lyon cedex 08 )
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