Publié le 12/03/2010
De même que, selon l’aphorisme antique, « Il n’y a pas loin
du Capitole à la Roche Tarpéienne », le génie passe pour
confiner à la folie : remontant aux écrits d’Aristote ou de Platon,
cette notion demeure répandue dans les croyances populaires.
Conduite sous l’égide des prestigieux King’s College
(Londres) et Institut Karolinska (Stockholm), une étude
examine cette hypothèse d’une corrélation entre le niveau
d’intelligence élevé et des troubles bipolaires, à la lumière de
statistiques émanant du registre suédois des résultats scolaires,
établi depuis 1988 (population de départ : plus de 900 000 sujets).
Les auteurs analysent le lien éventuel entre les résultats
scolaires (sanctionnés par l’examen de fin d’études secondaires,
passé en Suède à l’âge de 16 ans) et une hospitalisation ultérieure
en psychiatrie, entre 17 et 31 ans. Cette recherche confirme
l’hypothèse de départ : « les individus aux performances
scolaires élevées ont un risque quatre fois plus élevé de
développer des troubles bipolaires, comparativement à ceux dont les
résultats restent moyens ».
Mais ce lien semble concerner seulement les hommes, comme le
suggère le stéréotype classique du « génie perturbé »
(qu’il s’agisse de scientifiques comme Georg Cantor [1] ou
d’artistes comme Vincent Van Gogh [2] ). Ce rapport entre
créativité, intelligence et vulnérabilité psychique semble
toutefois plus complexe car, à l’autre extrémité de la distribution
(gaussienne) des résultats au « bac » suédois, on observe
aussi une augmentation (plus modérée) du risque de troubles
bipolaires. Schématiquement, rappellent les auteurs, des niveaux
élevés de réussite scolaire sont associés à un risque accru de
troubles bipolaires, mais à un risque réduit de schizophrénie,
tandis que des niveaux faibles aux examens sont associés
simultanément à des risques accrus pour ces deux maladies (troubles
bipolaires et psychose). Et plus particulièrement au risque de
schizophrénie, lié semble-t-il à des facteurs « à la fois
génétiques et environnementaux », et « susceptibles
d’altérer le neuro-développement ».Dr Alain Cohen
MacCabe JH et coll. : Excellent school performance at age 16 and
risk of adult bipolar disorder : national cohort study. Br J of
Psychiatry 2010 ; 196 : 109-115.
De même que, selon l’aphorisme antique, « Il n’y a pas loin
du Capitole à la Roche Tarpéienne », le génie passe pour
confiner à la folie : remontant aux écrits d’Aristote ou de Platon,
cette notion demeure répandue dans les croyances populaires.
Conduite sous l’égide des prestigieux King’s College
(Londres) et Institut Karolinska (Stockholm), une étude
examine cette hypothèse d’une corrélation entre le niveau
d’intelligence élevé et des troubles bipolaires, à la lumière de
statistiques émanant du registre suédois des résultats scolaires,
établi depuis 1988 (population de départ : plus de 900 000 sujets).
Les auteurs analysent le lien éventuel entre les résultats
scolaires (sanctionnés par l’examen de fin d’études secondaires,
passé en Suède à l’âge de 16 ans) et une hospitalisation ultérieure
en psychiatrie, entre 17 et 31 ans. Cette recherche confirme
l’hypothèse de départ : « les individus aux performances
scolaires élevées ont un risque quatre fois plus élevé de
développer des troubles bipolaires, comparativement à ceux dont les
résultats restent moyens ».
Mais ce lien semble concerner seulement les hommes, comme le
suggère le stéréotype classique du « génie perturbé »
(qu’il s’agisse de scientifiques comme Georg Cantor [1] ou
d’artistes comme Vincent Van Gogh [2] ). Ce rapport entre
créativité, intelligence et vulnérabilité psychique semble
toutefois plus complexe car, à l’autre extrémité de la distribution
(gaussienne) des résultats au « bac » suédois, on observe
aussi une augmentation (plus modérée) du risque de troubles
bipolaires. Schématiquement, rappellent les auteurs, des niveaux
élevés de réussite scolaire sont associés à un risque accru de
troubles bipolaires, mais à un risque réduit de schizophrénie,
tandis que des niveaux faibles aux examens sont associés
simultanément à des risques accrus pour ces deux maladies (troubles
bipolaires et psychose). Et plus particulièrement au risque de
schizophrénie, lié semble-t-il à des facteurs « à la fois
génétiques et environnementaux », et « susceptibles
d’altérer le neuro-développement ».Dr Alain Cohen
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Psychiatry 2010 ; 196 : 109-115.
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