Dépistage systématique du cancer broncho-pulmonaire par scanner à faible dose : beaucoup de faux positifs
le 05 MAI 2010
Le dépistage systématique du cancer broncho-pulmonaire (CBP) est théoriquement une bonne idée…qui se heurte à la réalité des faits. Même si le pronostic grave de cette tumeur incite à sa détection précoce, laquelle est beaucoup plus largement prônée aux Etats-Unis qu’en Europe pour des raisons multiples, l’intérêt du dépistage systématique n’a jamais été validé par des études contrôlées. Or celui-ci peut être une source de « surdiagnostic », autrement dit de faux positifs aux conséquences potentiellement catastrophiques, tout comme sont susceptibles de l’être d’autres types de dépistages.
Le développement de la tomodensitomé trie thoracique à faibles doses (TDM-FD) entraînant une irradiation bien moindre que les autres appareils plus classiques, réveille l’appétence pour le dépistage systématique du CBP. Il ne faut, pour autant, pas oublier certains fondamentaux de l’aide à la décision médicale, notamment le rapport bénéfice/risque ou plus simple encore, le rapport avantages/inconvé nients.
Une étude de cohorte prospective multicentrique réalisée dans le cadre du National Lung Screening Trial s’est penchée sur ce problème. Il s’agit en fait d’un essai randomisé auquel ont participé 3 190 sujets âgés de 55 à 74 ans, inclus en fonction de certains critères, tels un tabagisme chronique actuel ou ancien (30 paquets-années au moins) et, bien sûr, l’absence de tout CBP dans les antécédents. Dans un groupe, c’est la TDM-FD qui a été réalisée à l’inclusion et sur une base annuelle par la suite et dans l’autre la radiographie thoracique standard. La randomisation a été centralisée et stratifiée en fonction de l’âge, du sexe et du centre spécialisé. Les faux-positifs ont été définis par l’absence d’autres arguments en faveur du diagnostic positif, mais aussi par l’absence de tout CBP lors d’un suivi d’au minimum 12 mois.
Une analyse statistique des données du type Kaplan–Meier a démontré que la probabilité cumulée d’un ou plusieurs faux-positifs dans ce contexte était de 21 % lors du premier scanner et de 33 % lors du second (un an après). Pour les clichés thoraciques simples, les valeurs correspondantes ont été respectivement de 9 % et de 15 %. Ces résultats ont débouché sur des explorations invasives chez 7 % des patients soupçonnés de CBP sur les données tomodensitomé triques, versus 4 % sur les données radiographiques.
En bref, le dépistage systématique du CBP au moyen de la TDM- FD expose à un nombre substantiel de faux positifs dans un laps de temps qui n’excède pas deux ans. Qu’en est il au-delà ? Il faut d’autres études avant de préconiser un tel dépistage, dans les conditions actuelles tant économiques que psychosociales et physiques… sans négliger les autres facteurs.
Dr Philippe Tellier
Crosswell MC et coll. Cumulative Incidence of False-Positive Test Results in Lung Cancer Screening A Randomized Trial. Ann Intern Med., 2010
le 05 MAI 2010
Le dépistage systématique du cancer broncho-pulmonaire (CBP) est théoriquement une bonne idée…qui se heurte à la réalité des faits. Même si le pronostic grave de cette tumeur incite à sa détection précoce, laquelle est beaucoup plus largement prônée aux Etats-Unis qu’en Europe pour des raisons multiples, l’intérêt du dépistage systématique n’a jamais été validé par des études contrôlées. Or celui-ci peut être une source de « surdiagnostic », autrement dit de faux positifs aux conséquences potentiellement catastrophiques, tout comme sont susceptibles de l’être d’autres types de dépistages.
Le développement de la tomodensitomé trie thoracique à faibles doses (TDM-FD) entraînant une irradiation bien moindre que les autres appareils plus classiques, réveille l’appétence pour le dépistage systématique du CBP. Il ne faut, pour autant, pas oublier certains fondamentaux de l’aide à la décision médicale, notamment le rapport bénéfice/risque ou plus simple encore, le rapport avantages/inconvé nients.
Une étude de cohorte prospective multicentrique réalisée dans le cadre du National Lung Screening Trial s’est penchée sur ce problème. Il s’agit en fait d’un essai randomisé auquel ont participé 3 190 sujets âgés de 55 à 74 ans, inclus en fonction de certains critères, tels un tabagisme chronique actuel ou ancien (30 paquets-années au moins) et, bien sûr, l’absence de tout CBP dans les antécédents. Dans un groupe, c’est la TDM-FD qui a été réalisée à l’inclusion et sur une base annuelle par la suite et dans l’autre la radiographie thoracique standard. La randomisation a été centralisée et stratifiée en fonction de l’âge, du sexe et du centre spécialisé. Les faux-positifs ont été définis par l’absence d’autres arguments en faveur du diagnostic positif, mais aussi par l’absence de tout CBP lors d’un suivi d’au minimum 12 mois.
Une analyse statistique des données du type Kaplan–Meier a démontré que la probabilité cumulée d’un ou plusieurs faux-positifs dans ce contexte était de 21 % lors du premier scanner et de 33 % lors du second (un an après). Pour les clichés thoraciques simples, les valeurs correspondantes ont été respectivement de 9 % et de 15 %. Ces résultats ont débouché sur des explorations invasives chez 7 % des patients soupçonnés de CBP sur les données tomodensitomé triques, versus 4 % sur les données radiographiques.
En bref, le dépistage systématique du CBP au moyen de la TDM- FD expose à un nombre substantiel de faux positifs dans un laps de temps qui n’excède pas deux ans. Qu’en est il au-delà ? Il faut d’autres études avant de préconiser un tel dépistage, dans les conditions actuelles tant économiques que psychosociales et physiques… sans négliger les autres facteurs.
Dr Philippe Tellier
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