Le sex-ratio menacé par l'AMP ?

18/01/11
(JIM)
Dr Viola Polena

Le sex-ratio (SR) à la naissance se calcule en divisant le nombre de naissances d'enfants mâles par le nombre de naissances totales. Dans la plupart des populations humaines, les SR s'écartent légèrement de 50 %, c'est-à-dire de l'égalité mâles/femelles. Le SR des bébés issus des techniques d'AMP (Assistance médicale à la procréation) varie comme dans toutes les autres populations. Cependant on ne sait pas si ces variations sont dues aux causes naturelles (environnementales ou biologiques) ou aux techniques d'AMP. L'hypothèse que l'AMP pourrait être à l'origine des altérations du SR a conduit à la réalisation de plusieurs études dont les résultats sont restés contradictoires. Une des limites de ces études était souvent la taille insuffisante des échantillons pour démontrer un éventuel impact des techniques d'AMP.
Dans ce contexte, une large étude rétrospective représentative de la population a évalué l'impact des différentes techniques d'AMP sur le sex-ratio des naissances. Cette étude porte sur 13 368 enfants accouchés par 13 165 femmes ayant bénéficié d'un transfert d'embryon unique (SET) entre 2002 et 2006 dans les cliniques d'AMP en Australie et en Nouvelle-Zélande.
La régression logistique a été utilisée pour modéliser l'effet des différentes techniques d'AMP sur le sex-ratio à la naissance. Le sex-ratio brut était de 51,3 %, ce qui n'est pas différent du SR de la population Australienne (p=0,655). La majorité des femmes qui ont accouché à la suite d'un SET étaient âgées de 30 à 39 ans (75,1 %).
Les différentes procédures d'AMP sont apparues avoir un impact significatif sur le sex-ratio à la naissance. Une différence significative a été observée notamment entre le groupe FIV et ICSI (p=0,001), davantage de garçons naissant après un FIV SET (transfert d'embryon après FIV ; 53 %) qu'après ICSI SET (transfert d'embryon après injection intracytoplasmique de spermatozoïde ; 50 %). De la même façon, après le transfert d'un seul blastocyste, naissaient plus de garçons qu'après le transfert d'un embryon au stade cellulaire (54,1 % vs. 49,9 % ; p<0,001).
La comparaison des différents régimes spécifiques d'AMP a montré que c'est la FIV avec le transfert d'un blastocyste (FIV SBT) qui a « produit » le plus d'enfants de sexe masculin (56,1 %) et que c'est l'ICSI avec transfert d'un seul embryon au stade cellulaire qui en a donné le moins (48,7 %).
En conclusion, les résultats de cette étude confirment que les régimes spécifiques d'AMP peuvent altérer significativement le sex-ratio des bébés à la naissance. Á ce jour, l'impact des régimes d'AMP sur le SR de la population n'est pas significatif, mais le recours de plus en plus fréquent aux techniques d'AMP pourrait modifier les choses. Par ailleurs, les cliniques d'AMP et les couples ayant recours aux techniques d'AMP devraient êtres informés sur les influences des procédures d'AMP sur le sex ratio.


Dean JH et coll. : The effect on human sex ratio at birth by assisted reproductive technology (ART) procedures--an assessment of babies born following single embryo transfers, Australia and New Zealand, 2002-2006. BJOG. 2010 Dec;117: 1628-34. doi: 10.1111/j.1471-0528.2010.02731.x. Epub 2010 Sep 28.