Enquête française sur les méningites néonatales

23/03/11
(JIM)
Pr Jean-Jacques Baudon

Les méningites bactériennes néonatales, par définition des 28 premiers jours, sont encore grevées d'un taux de mortalité de 10 % à 15 % et de séquelles de 20 % à 50 %. Elles surviennent plus souvent après la sortie de maternité chez les enfants à terme.
Une enquête pluricentrique réalisée sur la période 2001-2007 à partir de 114 unités représentant 61 % des services français et 168 laboratoires de bactériologie, a permis d'en réunir 444 cas. Les formes à révélation tardive entre J5 et J28 prédominaient (301 cas ; 68 %) sur les formes précoces survenues entre J0 et J4 (143 cas ; 32 %). Dans 89 % des cas, le diagnostic a été porté sur la culture du liquide céphalo-rachidien, dans 4 % sur l'antigène positif dans le LCR et dans 4 % sur l'hémoculture avec pléocytose du LCR ; 5 cas ont été considérés probables sur l'isolement du germe dans un autre site et éliminés de l'analyse ultérieure. Le streptocoque B (SB), dont 90 % de sérotype III, a été le germe le plus fréquemment isolé dans 258 cas (59 %) : 109 des formes précoces (77 %) et 149 des tardives (50 %). L' Escherichia coli(EC), 88 % de type K1, vient en seconde position avec 123 cas (28 %), 18 % des méningites précoces et 33 % des tardives (p<0,01). Les autres germes ont été d'autres entérobactéries que l'EC (4 %), le méningocoque (3 %), le pneumocoque (2 %) et listeria (1,5 %). Parmi les prématurés, le colibacille a été le premier germe en cause : 45 % des nouveau-nés contre 32 % pour les streptocoques B, particulièrement chez les moins de 33 semaines d'âge gestationnel.
Les manifestations les plus fréquentes ont été les convulsions (34 %), présentes dans 41 % des méningites à SB et 25 % de celles à EC (p<0,01) puis l'état de choc (24 % des cas). Le taux de mortalité a été de 13 %, sans différence selon le germe mais plus élevé chez les prématurés (26 %) que les enfants à terme (10 % p<0,01).
Le dépistage et le traitement systématique des infections vaginales à streptocoque B, vers la 35ème semaine, a entraîné à partir de 2003 une baisse des méningites à révélation précoce, de 16,4 cas/an en moyenne contre 29,5 avant, liée à la baisse de ces infections, alors que le taux des autres infections précoces n'a pas été modifié par ces traitements non plus que celui des formes tardives. Malgré l'incidence notable des méningites tardives non SB chez les prématurés, le streptocoque demeure dans l'ensemble prédominant.
Cette enquête étant limitée à la sortie de l'hôpital, les séquelles ne sont pas mentionnées.


Gaschignard J et coll. : Neonatal bacterial meningitis. 444 cases in 7 years. Pediatr Infect Dis J., 2011; 30: 213-17