Les CELLULES-SOUCHES … A L’ŒIL, pour réparer une cornée

Le traitement ophtalmologique que vient de
rapporter un institut médical anglais spécialisé dans la culture de
cellules-souches pour le traitement de lésions oculaires constitue une
considérable avancée dans la réparation de la cornée humaine. Une équipe
du NorthEast England Stem Cell Institute (NESCI), à
Newcastle-upon-Tyne, un centre spécialisé rattaché aux Universités de
Newcastle et de Durham, a réussi à reconstituer la cornée d’un homme de
38 ans, aveugle d’un œil depuis 1994, lorsque intervenant dans une rixe à
bord d’un bus, il reçut dans l’œil droit une giclée d’ammoniaque du
spray de défense d’un des agresseurs.

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Selon
les ophtalmologistes il avait perdu la possibilité de régénérer sa
cornée, du fait des dommages irréversibles causés aux cellules-souches
naturelles qui permettent en principe cette autoréparation. Ce dommage
est appelé par les ophtalmologistes anglais Limbal Stem Cell Deficiency
ou LSCD. Il peut être d’origine congénitale ou, comme ici, accidentelle.

La
LSCD est une affection douloureuse, qui rend aveugle – la vision se
fait à travers un voile brumeux -, chaque clignement de paupière est
également douloureux et l’œil est hypersensible à la lumière. Le suivi
médical est long et coûteux – le LSCD touche souvent de jeunes patients –
et nécessite des mesures sociales particulières lorsque les deux yeux
sont touchés.
Dans le cas présent, le patient avait la chance d’avoir
encore un œil valide, ce qui a permis son inclusion dans un essai de
thérapie cellulaire, comportant sept autres patients. L’équipe du NESCI a
prélevé une très faible quantité de cellules-souches cornéennes sur
l’œil sain et les a placé en culture dans un milieu nutritif. Lorsque
leur expansion a été jugée suffisante, les cellules de culture ont
permis de remplacer les cellules « brûlées » de l’œil atteint. Et le
patient a retrouvé une vision normale de l’œil droit du fait de la
disparition de l’opacité cornéenne.

La thérapie cellulaire
autologue (à partir des cellules du patient), comme l’expliquent les
ophtalmologistes du NESCI, évite les problèmes de rejet, donc les
effets secondaires des traitements immunosuppresseurs, après greffe de
cornée de donneur. Cette technique est aussi applicable aux opacités
cornéennes consécutives à des lésions par lentilles de contact,
accident du travail avec brûlures thermiques ou chimiques, etc.

Dans
le monde, l’opacité cornéenne (corneal cloudiness) cécitante toucherait
8 millions de personnes, 10 % de la totalité des personnes aveugles,
selon le Dr Francisco Figueiredo, ophtalmologiste, l’un des responsables
de l’opération. Le LSCD est d’origine congénitale ou acquise, et dans
cette dernière les brûlures chimiques en sont une cause majoritaire.
Pour l’équipe du NESCI, la thérapie cellulaire permettre la guérison
plutôt que de se contenter de traitements symptomatiques. Elle restaure
la qualité de vie et permet une réinsertion socioprofessionnelle.
De
son côté, le Pr Majlinda Lako, co-auteur de l’opération, souligne que
cette étude démontre que la transplantation exclusive de
cellules-souches de culture est une méthode sûre et efficace de
reconstitution de la surface cornéenne et restaurer une vision utile
chez les sujets ayant un LSCD unilatéral. C’est une recherche porteuse
d’espoir pour aider des centaines de personnes à recouvrer la vue, comme
en témoignent ces résultats enthousiasmants.

La culture des
cellules-souches cornéennes a été développée au NESCI par le Dr Sajjad
Ahmad, qui souligne le travail d’équipe impliquant biologistes
cellulaires et médecins… Le mot de la fin est au Pr Michael Whitaker,
co-directeur du NESCI : « Les cellules-souches de la moelle osseuse ont
été utilisées depuis des années pour traiter le cancer et les maladies
immunitaires, mais c’est la première thérapie de cellules-souches
réussie utilisant des cellules-souches oculaires, un pas important vers
la clinique… », c'est à dire son entrée en ophtalmologie hospitalière.

Auteur : Alexis Yapnine (traduction/adaptation), avec informations de NESCI (Visuels), mise en ligne le 14 janvier 2010