Une nouvelle stratégie de dépistage pour le cancer de la vessie

Le cancer de la vessie (KV) est un cancer fréquent (7 % des nouveaux cas de cancer aux Etats-Unis en 2012). Dans un quart des cas, les sujets sont dépistés au stade d’envahissement musculaire (pT2). Il serait très bénéfique d’obtenir un diagnostic précoce (carcinome in situ-CIS-, ou tumeurs papillaires pTa). Le dépistage pendant 14 j par bandelettes dévoilant une hématurie microscopique (BHM) est utile mais sa valeur prédictive positive pour un KV n’est que de 8 %, d’où l’intérêt de lui associer des marqueurs moléculaires afin de réduire le taux des cystoscopies inutiles.
Étant donné la prépondérance masculine, l’étude n’a concerné que les hommes. Les auteurs néerlandais en ont contacté 6 500, âgés de 50 à 75 ans, qui ont rempli un questionnaire sur leurs antécédents familiaux, les médicaments qu’ils prenaient, les toxiques auxquels ils étaient exposés, leur consommation de tabac, etc. Le test BHM a été pratiqué chez 1 747 sujets, et s’est avéré 409 fois positif sur l’un au moins des prélèvements. Parmi eux, 385 ont accepté qu’on recherchât 4 marqueurs moléculaires dans leurs urines vérifiées stériles, dont le FGFR3, basé sur la mutation des gènes du récepteur R3 du facteur de croissance des fibroblastes. La positivité d’un des 4 tests entraînait une cystoscopie ; si celle-ci montrait une lésion vésicale, on la biopsiait ; dans le cas contraire, un nouveau BHM était programmé 6 mois plus tard.
Les tests moléculaires pratiqués sur les 385 sujets ont été positifs pour au moins l’un d’entre eux dans 75 cas (19 %) ; les 71 cystoscopies suscitées par ces résultats ont permis la mise en évidence de 4 KV (et d’une tumeur rénale). Parmi les 70 hommes pour lesquels un nouveau BHM a été décidé 6 mois plus tard, aucun nouveau cas de KV n’a été trouvé.
Chacun des 4 marqueurs avait des paramètres différents : par exemple le FGFR3 avait une sensibilité de 25 %, uns spécificité de 99,7 % et une valeur prédictive négative de 99,8 %.
Parmi les 1 721 hommes ayant précisé leur consommation de tabac, 428 (1/4) n’avaient jamais fumé, 1 293 avaient fumé ou continuaient de le faire, et avaient plus souvent que les premiers des hématuries microscopiques, mais, curieusement, 3 des 4 KV dépistés concernaient des non-fumeurs.  Quant aux hommes exposés (teintures, solvants, métaux lourds), ils ne différaient pas de leurs congénères par l’incidence des hématuries microscopiques ni les marqueurs.
Malgré son faible rendement, l’addition de la recherche de marqueurs à la détection par bandelettes a drastiquement réduit le nombre de cystoscopies pratiquées.


Dr Jean-Fred Warlin

Bangma CH et coll. : Outcomes of a bladder cancer screening program using home hematuria testing and molecular markers. Eur Urol., 2013; 64: 41-47. doi: 10.1016/j.eururo.2013.02.036

JIM 2013