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RACE II : un virage dans la prise en charge de l’Ac/FA Fumed10


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    RACE II : un virage dans la prise en charge de l’Ac/FA

    grandbleu
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    RACE II : un virage dans la prise en charge de l’Ac/FA Empty RACE II : un virage dans la prise en charge de l’Ac/FA

    Message par grandbleu Mar 23 Mar 2010, 00:49

    Publié le 22/03/2010
    Face à une arythmie complète par fibrillation auriculaire
    (Ac/FA), le contrôle de la fréquence cardiaque (CF) est l’attitude
    le plus souvent adoptée actuellement. En effet, en 2002, deux
    études randomisées, américaines et européennes, ont démontré que le
    contrôle du rythme (CR) n’avait pas d’avantage sur le CF tant en
    terme de mortalité que de développement ou d’aggravation d’une
    insuffisance cardiaque que de fréquence des accidents vasculaires
    cérébraux (AVC).
    Restait à résoudre la question de l’objectif à atteindre en terme
    de fréquence cardiaque (FC). Conjointement les sociétés américaines
    et européennes de cardiologie ont opté pour un contrôle strict de
    la fréquence assignant comme objectif au traitement une FC
    inférieure à 80/min au repos et à 110 lors d’un effort modéré. Mais
    il faut souligner que ces recommandations qui ne sont pas fondées
    sur des études cliniques d’envergure sont d’application souvent
    délicates en raison des effets secondaires possibles (et fréquents)
    des traitements bradycardisants prescrits pour le CF.
    Double aveugle impossible


    C’est pourquoi un groupe néerlandais a entrepris un essai
    clinique (1) destiné à comparer contrôle strict de la FC selon les
    recommandations et contrôle « indulgent », l’étude RACE II (pour
    Rate Control Efficacy in Permanent Atrial Fibrillation :
    a Comparison between Lenient versus strict Rate Control
    II).
    Six cent quatorze sujets de moins de 80 ans présentant une Ac/FA
    permanente, recevant un traitement anticoagulant ou de l’aspirine
    (en fonction de leur niveau de risque thrombo-embolique) et dont la
    FC de repos était supérieure à 80/min ont été inclus dans
    l’étude. Ils ont été randomisés en ouvert entre deux stratégies :
    contrôle strict de la FC avec comme objectifs ceux des
    recommandations et contrôle « indulgent » avec comme
    objectif une FC de repos inférieure à 110/min. Pour atteindre la FC
    souhaitée, un ou plusieurs médicaments dromotropes négatifs étaient
    prescrits (bêta-bloqueurs, anticalciques non dihydropyridiques,
    digoxine) à des doses ajustées en fonction des résultats. Le suivi
    a duré de 2 à 3 ans.
    Le critère principal de jugement était un indice composite
    regroupant décès de cause cardiovasculaire, hospitalisation pour
    insuffisance cardiaque, AVC ou embolies artérielles systémiques,
    hémorragies et arythmies menaçant le pronostic vital.
    Pas d’avantage du contrôle strict de la fréquence


    Les objectifs en terme de FC ont été atteints dans 97,7 % des
    cas avec la stratégie « indulgente » et dans 67 % des observations
    avec le contrôle strict. Ces échecs dans le groupe contrôle strict
    s’expliquaient dans un quart des cas par des effets secondaires des
    médicaments bradycardisants.
    Sur le critère principal de jugement, les deux stratégies se
    sont révélées équivalentes avec 12,9 % d’événements défavorables
    avec la stratégie « indulgente » et 14,9 % avec le contrôle strict
    (différence non significative en faveur du contrôle «
    indulgent »). Dans le détail, aucune différence
    significative n’a été constatée en faveur de l’une ou l’autre
    stratégie sur aucun des événements regroupés dans l’indice
    composite. De plus, au plan symptomatique, les deux groupes étaient
    équivalents à l’issue de l’essai. Un avantage significatif a été
    noté en revanche en faveur du contrôle « indulgent » : une
    réduction très nette du nombre de consultations nécessaires pour
    tenter d’atteindre la FC souhaitée (75 contre 684 ;
    p<0,001). Enfin, une analyse par sous groupes n’a pas
    retrouvé de différence entre les deux stratégies quel que soit le
    score de risque d’AVC CHADS2 de départ.
    Vers de nouvelles recommandations


    Il apparaît donc que se fixer un objectif nettement moins
    ambitieux en terme de FC que celui préconisé par les
    recommandations, n’entraîne ni augmentation de la morbi-mortalité
    cardiovasculaire (et tout particulièrement de la fréquence de
    l’insuffisance cardiaque), ni majoration de la symptomatologie.
    Ce travail a bien sûr quelques limites qui sont soulignées par
    l’éditorialiste du New England Journal of Medicine (2)
    :
    - ses conclusions ne sont pas nécessairement applicables à des
    patients à la fonction ventriculaire gauche plus altérée que dans
    RACE II (FEVG moyenne 52 %) ;
    - on ne peut, en théorie, exclure un effet favorable à plus long
    terme du contrôle strict ;
    - certains patients dont l’insuffisance cardiaque est favorisée par
    une FC élevée tirent peut-être un bénéfice d’un contrôle rigoureux
    de la FC.
    Ces réserves étant faites, pour l’éditorialiste, bien que
    beaucoup de cardiologues risquent d’être mal à l’aise avec un
    objectif aussi « laxiste » pour la FC, celui-ci devrait être adopté
    en pratique clinique et une fois atteint, le traitement
    éventuellement ajusté en fonction de la symptomatologie et du bien
    être clinique.
    Ainsi en moins de 10 ans, on sera passé d’une attitude
    privilégiant la restauration du rythme sinusal (au moyen de
    thérapeutiques lourdes) au simple maintien de la FC de repos en
    dessous de 110/min.
    Sic transit…


    Dr Anastasia Roublev
    1) Van Gelder I et coll. : Lenient versus strict rate control in
    patients with atrial fibrillation. N Engl J Med 2010; publication
    avancée en ligne le 15 mars 2010 (10.1056/NEJMoa1001337).
    2) Dorian
    P. Rate control in atrial fibrillation. N Engl J Med 2010; publication
    avancée en ligne le 15 mars 2010 (10.1056/NEJMoa1002301).

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