Trois anti-hypertenseurs, c’est souvent trop !

Trois anti-hypertenseurs, c’est souvent trop !

Publié le 25/03/2010



Le sujet âgé, a fortiori très âgé, est souvent vulnérable aux agressions les plus diverses parmi lesquelles figurent en bonne place les médicaments. Ces derniers doivent être utilisés avec prudence dans ce contexte, la posologie et les schémas thérapeutiques «méritant» d’être adaptés au cas par cas, en tenant compte de la susceptibilité individuelle qui dépasse les simples contraintes pharmacocinétiques. Les nouveaux objectifs en matière de pression artérielle ne sont pas nécessairement à prendre au pied de la lettre chez le sujet âgé, loin s’en faut, la souplesse de la prescription devant rester la règle.

Une étude multicentrique, réalisée au Royaume-Uni, illustre ce propos. Il s’agit en l’occurrence d’une émanation de la British Women’s Heart and Health Study dans laquelle ont été incluses 3 775 femmes âgées de 60 à 80 ans, ceci entre 1999 et 2001. Les participantes vivaient toutes au sein de la communauté, hors institution. L’objectif du traitement des données statistiques transversales a été de rechercher une relation entre pharmacothérapie et hypotension orthostatique (HO) (définie par une baisse de la PA systolique > ou = 20 mm Hg et/ou de la PA diastolique > ou =10 mm Hg lors du passage en orthostatisme).

La prévalence de l’HO a été estimée à 28 %, mais celle-ci s’est avérée plus élevée en cas d’HTA, en outre positivement liée à l’âge. Indépendamment du traitement ou du diagnostic d’HTA, l’augmentation de la PA a été étroitement associée à l’HO (p<0,001), mais aussi au nombre d’antihypertenseurs, ce qui n’est pas vraiment une surprise.

Le risque d’HO, en fait l’odds ratio (OR) a été évalué à 2,24 chez les femmes exposées à trois antihypertenseurs ou plus (versus aucun, p<0,001). Cette association a été très légèrement atténuée par la prise en compte de l’âge et des co-morbidités, l’OR étant alors de 1,99 (p=0,003). Les co-morbidités multiples ont fait repasser l’OR à 2,28, indépendamment de l’âge, du nombre et du type des antihypertenseurs (p=0,005).

L’HTA non contrôlée, le recours à trois antihypertenseurs ou plus et les co-morbidités multiples semblent être les variables les plus prédictives quant au risque d’hypotension orthostatique chez la femme âgée. Cette complication iatrogène classique mérite d’être recherchée régulièrement afin de parer à ses conséquences potentiellement néfastes.


Dr Philippe Tellier



Kamaruzzaman S et coll. The association between orthostatic hypotension and medication use in the British Women’s Heart and Health Study. Age and Ageing 2010 ; 39 : 51-56.