Tuberculose MDR et XDR : un problème (aussi) européen

Tuberculose MDR et XDR : un problème (aussi) européen

29/04/2010



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La tuberculose est une cause majeure de décès dans le monde, et l’OMS estime que 32 % de la population mondiale est infectée par Mycobacterium tuberculosis. Le sigle MDR (MultiDrug-Resistance) définit la résistance aux antituberculeux de 1ère ligne, isoniazide et rifampicine, tandis que le sigle XDR (eXtensively Drug-Resistance) définit la résistance aux antituberculeux de 2ème ligne : fluoroquinolones et au moins une des molécules injectables (amikacine, capréomycine ou kanamycine). Ces phénomènes de résistance menacent le contrôle de la tuberculose dans le monde, mais aussi en Europe où un système de surveillance mis en place dès 1998 permet aux auteurs d’analyser l’évolution du phénomène, en particulier depuis 2007.
Des données de résistance étaient disponibles pour 25 pays en 2008, représentant un total de 28 295 cas (66,3 % des cas de culture positive). La proportion de souches résistantes à au moins un antituberculeux était de 15,3 % ( n= 4 343) et il y avait 6 % de souches MDR (résistance primaire ou retraitement). Les états baltes (Lettonie, Lituanie et Estonie) et la Roumanie avaient les pourcentages les plus élevés (15,6 %, 17,1 %, 21,3 % et 14,7 % respectivement). La proportion de souches MDR parmi les nouveaux cas était globalement de 2,8 %, allant de 0 à 25 % avec là encore un maximum pour les pays baltes (de 9,0 à 15,4 %) et l’Islande (25 %, un seul cas). En ce qui concerne la résistance secondaire, constatée lors d’un retraitement, la proportion globale de souches MDR représentait 23,2 % avec toujours un maximum pour les pays baltes (31,9 % à 45,5 %), Chypre (33,3 %, un seul cas) et la Roumanie (27,2 %).
Seuls 13 pays ont pu fournir des données concernant les antituberculeux de 2ème ligne : parmi les 1 122 souches MDR rapportées par ces pays en 2007, 68 étaient XDR (6,1 %). En 2008, la proportion atteignait 7,3 % (90 souches). La Lituanie déclarait 19 cas (contre 6 en 2007) et la Roumanie 54.
Ces données soulignent deux points importants concernant la résistance de M.tuberculosis en Europe : le recueil de données de résistance est incomplet et suboptimal (34,4 % des cas notifiés en 2008) ce qui s’explique notamment par un taux de culture faible (57,5 %) et sous-entend une certaine faiblesse des programmes de lutte contre l’infection. D’autre part, cette résistance reste une menace en Europe en particulier en Estonie, Lettonie, Lituanie et Roumanie. L’augmentation globale de 32,4 % constatée pour les souches XDR peut s’expliquer par l’amélioration du recueil de données, mais également par un véritable accroissement du phénomène.

Dr Muriel Macé
Ködmön C et coll. : Multidrug-and extensively drug-resistant tuberculosis: a persistent problem in the European Union and European economic area. Euro Surveill., 2010; 15(11). pii: 19519.