Arrêt cardiaque : mortalité plus élevée en cas d’hyperoxie
Publié le 23/06/2010
Le pronostic des arrêts cardiaques (AC) reste sombre et ce, malgré le succès initial de la réanimation cardiorespiratoire. En effet, on considère que seulement 40 % des patients admis à l’hôpital à la suite d’un AC en sortiront vivants.
Parmi les facteurs expliquant ce taux de mortalité élevé, on évoque le phénomène d’ischémie-reperfusion c’est à dire l’augmentation du dommage tissulaire induit par une carence temporaire en oxygène lorsque cet apport est restauré. Les résultats d’études expérimentales suggèrent en effet qu’une exposition à de trop fortes doses d’oxygène après un arrêt circulatoire pourrait majorer les dégâts cérébraux.
Un projet clinique a cherché à démontrer si ce concept pouvait être extrapolé à l’homme. Il s’agit d’une étude de cohorte utilisant la base de données des unités de soins intensifs (USI) de 130 hôpitaux aux Etats-Unis, entre 2001 et 2005.
Les adultes âgés de plus de 17 ans, admis en USI après un arrêt cardiaque non traumatique et pour lesquels on dispose d’une gazométrie artérielle dans les 24 premières heures sont inclus. La population est répartie en trois groupes : un groupe « hyperoxie » quand la PaO2 de la première gazométrie artérielle est supérieure ou égale à 300 mmHg ; un groupe « hypoxie » quand le chiffre de PaO2 est inférieur à 60 mmHg (ou avec un rapport PaO2/Fi O2 <300) ; et normoxie pour ceux n’entrant pas dans l’une ou l’autre de ces catégories.
Sur 8 736 dossiers d’AC, 6 326 sont exploitables. Le groupe hyperoxie représente 18 % du total (1 156 malades), le groupe hypoxie, 63 % (soit 3 999) et le groupe normoxie, 19 % (1 171 patients).
La mortalité intra-hospitalière globale est de 56 %. La mortalité est significativement plus élevée dans le groupe hyperoxie avec un taux de 63 % (IC 95 % : 60 %-66 %) que dans le groupe hypoxie (taux de 57 % [IC 95 % : 56%-59%]) et dans le groupe normoxie (mortalité de 45 % [IC 95 % : 43 %-48 %]).
De plus, la proportion de patients sortant autonomes de l’hôpital est plus basse dans le groupe hyperoxie que dans le groupe normoxie (29 % vs 38 %, p<0,002).
En analyse multivariée, neuf facteurs sont associés à la variable mortalité. Parmi les facteurs préexistants, on retiendra l’âge, un état de dépendance préalable, un AC se produisant aux urgences, un traitement en cours par chimiothérapie et une insuffisance rénale chronique. Les données physiologiques de mauvais pronostic sont l’hypotension à l’arrivée en USI, la tachycardie, l’hypoxie et selon les résultats de la présente étude, l’hyperoxie.
En conclusion, cette étude montre qu’après un AC, il est fréquent que les malades se retrouvent en hyperoxie (1 sur 5) car souvent de forts débits d’O2 sont maintenus pour des durées très variables après le rétablissement d’une circulation efficace. La mortalité plus élevée dans ce sous-groupe doit toutefois faire reconsidérer ces pratiques en contrôlant la réoxygénation afin d’éviter une hyperoxie délétère, l’objectif étant de maintenir la saturation percutanée entre 94 et 96 %.
Dr Béatrice Jourdain
Kilgannon JH et Coll : Association between arterial hyperoxia following resuscitation from cardiac arrest and in-hospital mortality JAMA, 2010 ; 303 : 2165-2171
Publié le 23/06/2010
Le pronostic des arrêts cardiaques (AC) reste sombre et ce, malgré le succès initial de la réanimation cardiorespiratoire. En effet, on considère que seulement 40 % des patients admis à l’hôpital à la suite d’un AC en sortiront vivants.
Parmi les facteurs expliquant ce taux de mortalité élevé, on évoque le phénomène d’ischémie-reperfusion c’est à dire l’augmentation du dommage tissulaire induit par une carence temporaire en oxygène lorsque cet apport est restauré. Les résultats d’études expérimentales suggèrent en effet qu’une exposition à de trop fortes doses d’oxygène après un arrêt circulatoire pourrait majorer les dégâts cérébraux.
Un projet clinique a cherché à démontrer si ce concept pouvait être extrapolé à l’homme. Il s’agit d’une étude de cohorte utilisant la base de données des unités de soins intensifs (USI) de 130 hôpitaux aux Etats-Unis, entre 2001 et 2005.
Les adultes âgés de plus de 17 ans, admis en USI après un arrêt cardiaque non traumatique et pour lesquels on dispose d’une gazométrie artérielle dans les 24 premières heures sont inclus. La population est répartie en trois groupes : un groupe « hyperoxie » quand la PaO2 de la première gazométrie artérielle est supérieure ou égale à 300 mmHg ; un groupe « hypoxie » quand le chiffre de PaO2 est inférieur à 60 mmHg (ou avec un rapport PaO2/Fi O2 <300) ; et normoxie pour ceux n’entrant pas dans l’une ou l’autre de ces catégories.
Sur 8 736 dossiers d’AC, 6 326 sont exploitables. Le groupe hyperoxie représente 18 % du total (1 156 malades), le groupe hypoxie, 63 % (soit 3 999) et le groupe normoxie, 19 % (1 171 patients).
La mortalité intra-hospitalière globale est de 56 %. La mortalité est significativement plus élevée dans le groupe hyperoxie avec un taux de 63 % (IC 95 % : 60 %-66 %) que dans le groupe hypoxie (taux de 57 % [IC 95 % : 56%-59%]) et dans le groupe normoxie (mortalité de 45 % [IC 95 % : 43 %-48 %]).
De plus, la proportion de patients sortant autonomes de l’hôpital est plus basse dans le groupe hyperoxie que dans le groupe normoxie (29 % vs 38 %, p<0,002).
En analyse multivariée, neuf facteurs sont associés à la variable mortalité. Parmi les facteurs préexistants, on retiendra l’âge, un état de dépendance préalable, un AC se produisant aux urgences, un traitement en cours par chimiothérapie et une insuffisance rénale chronique. Les données physiologiques de mauvais pronostic sont l’hypotension à l’arrivée en USI, la tachycardie, l’hypoxie et selon les résultats de la présente étude, l’hyperoxie.
En conclusion, cette étude montre qu’après un AC, il est fréquent que les malades se retrouvent en hyperoxie (1 sur 5) car souvent de forts débits d’O2 sont maintenus pour des durées très variables après le rétablissement d’une circulation efficace. La mortalité plus élevée dans ce sous-groupe doit toutefois faire reconsidérer ces pratiques en contrôlant la réoxygénation afin d’éviter une hyperoxie délétère, l’objectif étant de maintenir la saturation percutanée entre 94 et 96 %.
Dr Béatrice Jourdain
Kilgannon JH et Coll : Association between arterial hyperoxia following resuscitation from cardiac arrest and in-hospital mortality JAMA, 2010 ; 303 : 2165-2171
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