La tête et les jambes

(JIM)
Pr Jean-Jacques Baudon

Chez l'adulte, l'activité physique a des effets positifs sur la santé mentale et retarde le déclin cognitif. En ce qui concerne l'adolescent, l'association entre capacités cognitives et activité physique est peu documentée, à l'inverse de celle qui concerne par exemple les effets négatifs de la télévision. Les relations entre ces capacités et l'adaptation cardiorespiratoire à l'effort et d'autre part l'obésité sont mal connues.
Des auteurs espagnols ont donc entrepris une étude chez 1 820 adolescents dont 958 filles, âgés de 13 à 18,5 ans. Les capacités cognitives ont été évaluées par des tests mesurant les performances verbales, numériques et de raisonnement, avec dans chaque cas cotation de 0 à 33, soit un total de 0 à 99. L'activité sportive extrascolaire (oui ou non), le temps passé devant la télévision et les jeux vidéo ont été cotés 0, ou 1 si > 3h/j. L'adaptation cardiorespiratoire au cours d'une épreuve standard a été évaluée sur la consommation d'oxygène, la force musculaire par dynamomètre dans la main et par l'étendue d'un saut en longueur. Les indices de masse corporelle (IMC) ont été classées selon les normes habituelles. Enfin, le statut socio-économique des parents, leur niveau d'éducation et la structure familiale ont été pris en compte. Ces nombreuses données ont fait l'objet d'analyses statistiques élaborées permettant de faire la part de leur importance respective.
La participation à des activités sportives extrascolaires a été ainsi associée à de meilleures performances cognitives globales (score 54,7 contre 50,1 p<0,001) et dans le détail, aussi bien dans les capacités verbales, numériques et de raisonnement (p<0,001). Ces résultats ne sont pas modifiés après ajustement pour les paramètres sociaux, l'adaptation cardiorespiratoire, l'IMC et le temps passé devant les jeux ou la télévision. Curieusement, il n'est pas observé d'association entre les performances cognitives et le temps passé à étudier, à regarder la télévision ou les jeux vidéo. Il en est de même pour l'adaptation cardiorespiratoire et les catégories pondérales. Les activités sportives n'empiètent pas sur le temps d'étude (odd ratio 0,818) à l'inverse de la télévision ou des jeux vidéo (OR 0,53). Les performances cognitives sont comparables pour les différents niveaux d'adaptation à l'effort, de force musculaire et de poids. Par contre, la télévision ou les jeux vidéo ont une influence négative sur l'adaptation à l'effort, la force musculaire et l'IMC.
En conclusion, la participation à des activités sportives extrascolaires a un effet bénéfique sur les performances cognitives des adolescents.

Ruiz JR et coll. : Physical activity, fitness, weight status, and cognitive performance in adolescents. J Pediatr 2010;157: 917-22