Emmanuelle BUISSON, Juriste en Droit de la Santé
Les faits
En juillet 1993, une patiente de 38 ans glisse sur le sol mouillé alors qu'elle effectue des travaux ménagers ; elle fait une chute en arrière sur le dos. Elle dit "s'être claqué le dos sur une marche". L'après-midi de cette chute, souffrant de dorsalgies et présentant des sensations vertigineuses, la patiente consulte son médecin traitant ; ce dernier lui prescrit un antivertigineux et un supplément minéral. La douleur s'atténue, mais la patiente présente toujours des pertes d'équilibre et des vertiges.
Mi-août, soit un mois plus tard, appréhendant une sclérose en plaques (sa belle-soeur en étant atteinte), elle consulte d'elle-même un neurologue. Le neurologue consulté ne constate rien d'anormal à l'examen clinique ; il aurait dit à la patiente que "tout cela était dans sa tête".
Deux mois et demi après cette consultation, au mois d'octobre, la patiente revoit le neurologue en raison de difficultés sphinctériennes accompagnées, de temps à autre, de fuites urinaires, et également, par intervalles, de phénomènes paresthésiques avec fourmillements au niveau du pied droit. Le praticien réalise un examen neurologique qui s'avère normal ; une IRM cérébrale est néanmoins demandée par le neurologue, recherchant une affection démyélinisante. Cet examen, réalisé un mois après cette consultation (mi-novembre), est normal. Le neurologue indiquera, lors de l'expertise, que c'est à cette époque qu'il a appris que la patiente avait fait une chute, par un appel téléphonique du médecin traitant de cette dernière ; ces propos seront réfutés par la patiente qui indiquera avoir informé le neurologue de sa chute et de ses symptômes dès sa première consultation.
Quinze jours plus tard, en décembre 1993, la patiente réalise une IRM médullaire lombo-sacrée ; une hernie discale L1-L2 est alors diagnostiquée, avec une image d'empreinte sur le fourreau dural. Le résultat de cette IRM est transmis à la patiente par le neurologue deux jours plus tard lors d'une consultation ; ce dernier notait alors : "paraparésie, troubles sensitifs, troubles sphinctériens, vessie neurologique, phénomènes d'engourdissement et anesthésie en selle. IRM lombo-sacrée : hernie discale L1-L2 avec image d'empreinte sur le fourreau dural, responsable d'un tableau évolutif de paraparésie des membres inférieurs". Rendez-vous était pris par le neurologue au CHU afin que la patiente soit hospitalisée 4 jours plus tard dans le service de neurochirurgie. Cependant, la patiente faisait une chute dans sa cuisine le lendemain de la consultation. Le médecin traitant, appelé en urgence par le mari de la patiente, faisait immédiatement hospitaliser cette dernière.
La patiente subissait alors une ablation de la hernie discale en partie extériorisée ; cette hernie comprimait l'étui dural à l'étage L1-L2. Cependant, les signes neurologiques ne s'amélioraient pas. Vingt-quatre heures après l'intervention, une paraplégie de niveau supérieur D10 apparaissait. Une volumineuse hernie discale à l'étage D9-D10 latéralisée du côté droit, était découverte par une IRM réalisée rapidement et explorant la moelle dorsale. Cette hernie était extraite lors d'une réintervention ; la patiente récupérait alors partiellement son déficit sensitivo-moteur des membres inférieurs.
Dix mois après cette réintervention, en octobre 1994, la patiente présentait une aggravation de son déficit neurologique séquellaire ; une ischémie médullaire étendue depuis l'étage D7-D8 jusqu'au cône terminal, avec un pronostic très réservé, était alors diagnostiquée par l'IRM réalisée.
La procédure
L'expert judiciaire conclut que le médecin généraliste a correctement pris en charge la patiente.
Concernant le neurologue, l'expert constate que si, comme ce dernier le confirme, il n'a été informé de la chute de la patiente qu'en novembre 1993, il "aurait dû, devant cet antécédent, rechercher une autre explication qu'une maladie démyélinisante aux symptômes présentés. Il aurait dû essayer d'obtenir une IRM plus rapidement".
Bien plus, l'expert retient que le neurologue a commis "une faute indiscutable" dans la prise en charge de sa patiente en ne la faisant pas hospitalier pour le traitement de la compression médullaire lorsqu'il a constaté, par le biais des résultats de l'IRM révélant une compression du fourreau dural, qu'il existait une paraparésie accompagnée de troubles sphinctériens, de troubles sensitifs, de vessie neurologique et d'une anesthésie en selle. Pour l'expert, cette "prise en charge fautive" représente une perte de chance pour la patiente ; il retient une Incapacité Permanente Partielle (IPP) de 65
Les faits
En juillet 1993, une patiente de 38 ans glisse sur le sol mouillé alors qu'elle effectue des travaux ménagers ; elle fait une chute en arrière sur le dos. Elle dit "s'être claqué le dos sur une marche". L'après-midi de cette chute, souffrant de dorsalgies et présentant des sensations vertigineuses, la patiente consulte son médecin traitant ; ce dernier lui prescrit un antivertigineux et un supplément minéral. La douleur s'atténue, mais la patiente présente toujours des pertes d'équilibre et des vertiges.
Mi-août, soit un mois plus tard, appréhendant une sclérose en plaques (sa belle-soeur en étant atteinte), elle consulte d'elle-même un neurologue. Le neurologue consulté ne constate rien d'anormal à l'examen clinique ; il aurait dit à la patiente que "tout cela était dans sa tête".
Deux mois et demi après cette consultation, au mois d'octobre, la patiente revoit le neurologue en raison de difficultés sphinctériennes accompagnées, de temps à autre, de fuites urinaires, et également, par intervalles, de phénomènes paresthésiques avec fourmillements au niveau du pied droit. Le praticien réalise un examen neurologique qui s'avère normal ; une IRM cérébrale est néanmoins demandée par le neurologue, recherchant une affection démyélinisante. Cet examen, réalisé un mois après cette consultation (mi-novembre), est normal. Le neurologue indiquera, lors de l'expertise, que c'est à cette époque qu'il a appris que la patiente avait fait une chute, par un appel téléphonique du médecin traitant de cette dernière ; ces propos seront réfutés par la patiente qui indiquera avoir informé le neurologue de sa chute et de ses symptômes dès sa première consultation.
Quinze jours plus tard, en décembre 1993, la patiente réalise une IRM médullaire lombo-sacrée ; une hernie discale L1-L2 est alors diagnostiquée, avec une image d'empreinte sur le fourreau dural. Le résultat de cette IRM est transmis à la patiente par le neurologue deux jours plus tard lors d'une consultation ; ce dernier notait alors : "paraparésie, troubles sensitifs, troubles sphinctériens, vessie neurologique, phénomènes d'engourdissement et anesthésie en selle. IRM lombo-sacrée : hernie discale L1-L2 avec image d'empreinte sur le fourreau dural, responsable d'un tableau évolutif de paraparésie des membres inférieurs". Rendez-vous était pris par le neurologue au CHU afin que la patiente soit hospitalisée 4 jours plus tard dans le service de neurochirurgie. Cependant, la patiente faisait une chute dans sa cuisine le lendemain de la consultation. Le médecin traitant, appelé en urgence par le mari de la patiente, faisait immédiatement hospitaliser cette dernière.
La patiente subissait alors une ablation de la hernie discale en partie extériorisée ; cette hernie comprimait l'étui dural à l'étage L1-L2. Cependant, les signes neurologiques ne s'amélioraient pas. Vingt-quatre heures après l'intervention, une paraplégie de niveau supérieur D10 apparaissait. Une volumineuse hernie discale à l'étage D9-D10 latéralisée du côté droit, était découverte par une IRM réalisée rapidement et explorant la moelle dorsale. Cette hernie était extraite lors d'une réintervention ; la patiente récupérait alors partiellement son déficit sensitivo-moteur des membres inférieurs.
Dix mois après cette réintervention, en octobre 1994, la patiente présentait une aggravation de son déficit neurologique séquellaire ; une ischémie médullaire étendue depuis l'étage D7-D8 jusqu'au cône terminal, avec un pronostic très réservé, était alors diagnostiquée par l'IRM réalisée.
La procédure
L'expert judiciaire conclut que le médecin généraliste a correctement pris en charge la patiente.
Concernant le neurologue, l'expert constate que si, comme ce dernier le confirme, il n'a été informé de la chute de la patiente qu'en novembre 1993, il "aurait dû, devant cet antécédent, rechercher une autre explication qu'une maladie démyélinisante aux symptômes présentés. Il aurait dû essayer d'obtenir une IRM plus rapidement".
Bien plus, l'expert retient que le neurologue a commis "une faute indiscutable" dans la prise en charge de sa patiente en ne la faisant pas hospitalier pour le traitement de la compression médullaire lorsqu'il a constaté, par le biais des résultats de l'IRM révélant une compression du fourreau dural, qu'il existait une paraparésie accompagnée de troubles sphinctériens, de troubles sensitifs, de vessie neurologique et d'une anesthésie en selle. Pour l'expert, cette "prise en charge fautive" représente une perte de chance pour la patiente ; il retient une Incapacité Permanente Partielle (IPP) de 65
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