Les urgences cardiovasculaires constituent le premier motif de
consultation. Le nombre de cas admis aux urgences semble être
important. Le président de la Société algérienne de cardiologie, le Pr
Bouhouita, du service de cardiologie de l’hôpital Mustapha Bacha
revient dans cet entretien sur les urgences cardiovasculaires qui
demeurent très fréquentes en Algérie. Il signale que les structures
médicales et les moyens de prise en charge sont disponibles. Mais il
précise que les patients consultent tardivement, après les premiers
symptômes. Il recommande alors le lancement de campagne de
sensibilisation que la Société algérienne de cardiologie compte
organiser.
Les urgences cardiovasculaires constituent aujourd’hui un
sérieux problème de santé publique en termes de prise en charge. Qu’en
est-il en Algérie ?
Les urgences cardiovasculaires sont parmi les plus fréquentes des
urgences médicales en Algérie comme partout dans le monde. L’enquête
réalisée par l’Institut national de santé publique (INSP) en 2003
l’avait déjà bien montré. Le travail que nous avons mené au niveau de
l’ensemble des points de garde de la wilaya d’Alger le confirme.
Effectivement, ces urgences posent un problème de santé publique de par
leur fréquence, mais surtout parce qu’elles mettent en jeu, dans un
nombre important de cas, le pronostic vital du patient. Il faut un
diagnostic sûr, rapide et une prise en charge adéquate. Le temps est un
facteur primordial.
Les pathologies prédominantes sont les pics hypertensifs
dominés par l’infarctus du myocarde et les accidents vasculaires
cérébraux qui sont les premières causes de décès. Quels sont les
premiers gestes pour sauver les malades ?
Les infarctus du myocarde, les accidents vasculaires cérébraux, les
urgences hypertensives (à ne pas confondre avec les pics hypertensifs)
sont effectivement les pathologies dominantes. Dans l’enquête qu’a
menée la Société algérienne de cardiologie, avec le concours de la
direction de la santé de la wilaya d’Alger, nous avons dénombré au
moins 16 infarctus du myocarde et 9 accidents vasculaires cérébraux par
jour. Ces chiffres sont considérables et donnent la mesure des
problèmes que rencontrent les structures de santé. Les premiers gestes
à faire, c’est avant tout de se diriger le plus rapidement possible
vers les structures de santé. Lorsqu’un patient ressent un symptôme
grave, c’est une véritable course contre la montre qui s’engage. Plus
vite le diagnostic sera établi, meilleure et plus rapide sera la prise
en charge.
La Société algérienne de cardiologie a mis en place un
registre algérois des syndromes coronaires aigus. Quelles sont les
conclusions de votre enquête ?
Justement, l’un des buts de l’enquête était d’analyser la prévalence
des urgences cardiovasculaires, un jour donné, dans une zone
géographique bien déterminée, en l’occurrence il s’agissait dans ce cas
précis de la wilaya d’Alger. Grâce au concours de la direction de la
santé de la wilaya d’Alger, nous avons observé pendant 24 heures ce qui
se passait dans toutes les structures sanitaires qui assurent une
garde. Le but principal était, outre de déterminer la fréquence des
infarctus du myocarde, d’en analyser la prise en charge. Plus de 4747
patients qui ont consulté ce jour-là ont été inclus dans l’étude. Les
résultats sont très intéressants. Tout d’abord, il faut rendre hommage
aux personnels de santé qui assurent ces gardes de nuit comme de jour
tout au long de l’année.
Ensuite, nous avons été frappés par le maillage extraordinaire des
structures de santé et par leur répartition. Tous les patients sont
examinés, traités sur place ou orientés vers d’autres structures.
Beaucoup d’informations sur les horaires des consultations, les délais,
le mode d’arrivée aux urgences et les données démographiques ont été
recueillies. Ainsi, il est intéressant de noter que près d’un quart des
gens qui s’adressent aux urgences sont âgés de plus de 70 ans.
Malheureusement, les patients consultent tardivement après le premier
symptôme, particulièrement en ce qui concerne l’infarctus du myocarde,
ce qui les prive des traitements modernes et efficaces qui sont
pourtant disponibles. Une autre conclusion de ce travail est qu’en
l’absence d’un centre de régulation des urgences, les patients sont
souvent orientés vers d’autres structures, sans que l’on sache avec
certitude si des lits d’urgences sont disponibles.
Quels sont justement les moyens de prévention contre ces maladies ?
Vous savez, lorsqu’on parle de prévention, il faut distinguer la
prévention générale, primaire, qui s’adresse forcément à de larges
couches de la population et qui vise à empêcher l’apparition d’un
certain nombre de maladies ou de leurs complications. Le simple fait de
lutter contre la tabagisme, qui est massif dans notre pays et touche
des sujets de plus en plus jeunes, permettrait de réduire sensiblement
un grand nombre d’affections cardiovasculaires et cancéreuses. Dans le
cas qui nous intéresse, il s’agit de traiter les complications d’une
maladie qui était déjà connue, ou qui se révèle brusquement par un
événement majeur. La population concernée est, bien sûr, plus limitée
en nombre. Il s’agit pour nous de cibler ces patients dits «à haut
risque» (sujets âgés, fumeurs, hypertendus diabétiques, ayant un taux
élevé de cholestérol …) et de leur dire : «Attention, si vous ressentez
un symptôme qui vous alarme (comme une douleur prolongée dans la
poitrine, une difficulté à respirer, des palpitations…), il faut
consulter le plus rapidement possible.»
Est-ce qu’il existe un programme national de lutte contre les facteurs de risque ?
Effectivement, il existe un programme national de lutte contre les
maladies non transmissibles. Ce projet très ambitieux vise justement à
prévenir un certain nombre de maladies cardiovasculaires et de cancers
dont la fréquence augmente considérablement. Ces maladies, qui ont
toujours existé, sont malheureusement plus nombreuses et cela pour
plusieurs raisons : un changement brutal de notre mode de vie avec
l’adoption d’un style de type occidental, le vieillissement relatif de
notre population avec un allongement spectaculaire de l’espérance de
vie, des diagnostics qui se font de mieux en mieux avec l’accès plus
facile aux soins et aux méthodes modernes d’exploration. D’autres
raisons plus complexes liées à l’environnement et aux toxiques sont
probablement mis en cause, mais elles sont plus difficiles à démontrer.
Ce programme est très important et l’on peut s’enorgueillir de son
existence, car il pourrait réduire de manière substantielle ces
affections comme cela a été observé dans certains pays. Parallèlement,
il faut des campagnes de sensibilisation des populations à risque,
c’est ce compte entreprendre la Société algérienne de cardiologie.
Djamila Kourta
Elwatan
consultation. Le nombre de cas admis aux urgences semble être
important. Le président de la Société algérienne de cardiologie, le Pr
Bouhouita, du service de cardiologie de l’hôpital Mustapha Bacha
revient dans cet entretien sur les urgences cardiovasculaires qui
demeurent très fréquentes en Algérie. Il signale que les structures
médicales et les moyens de prise en charge sont disponibles. Mais il
précise que les patients consultent tardivement, après les premiers
symptômes. Il recommande alors le lancement de campagne de
sensibilisation que la Société algérienne de cardiologie compte
organiser.
Les urgences cardiovasculaires constituent aujourd’hui un
sérieux problème de santé publique en termes de prise en charge. Qu’en
est-il en Algérie ?
Les urgences cardiovasculaires sont parmi les plus fréquentes des
urgences médicales en Algérie comme partout dans le monde. L’enquête
réalisée par l’Institut national de santé publique (INSP) en 2003
l’avait déjà bien montré. Le travail que nous avons mené au niveau de
l’ensemble des points de garde de la wilaya d’Alger le confirme.
Effectivement, ces urgences posent un problème de santé publique de par
leur fréquence, mais surtout parce qu’elles mettent en jeu, dans un
nombre important de cas, le pronostic vital du patient. Il faut un
diagnostic sûr, rapide et une prise en charge adéquate. Le temps est un
facteur primordial.
Les pathologies prédominantes sont les pics hypertensifs
dominés par l’infarctus du myocarde et les accidents vasculaires
cérébraux qui sont les premières causes de décès. Quels sont les
premiers gestes pour sauver les malades ?
Les infarctus du myocarde, les accidents vasculaires cérébraux, les
urgences hypertensives (à ne pas confondre avec les pics hypertensifs)
sont effectivement les pathologies dominantes. Dans l’enquête qu’a
menée la Société algérienne de cardiologie, avec le concours de la
direction de la santé de la wilaya d’Alger, nous avons dénombré au
moins 16 infarctus du myocarde et 9 accidents vasculaires cérébraux par
jour. Ces chiffres sont considérables et donnent la mesure des
problèmes que rencontrent les structures de santé. Les premiers gestes
à faire, c’est avant tout de se diriger le plus rapidement possible
vers les structures de santé. Lorsqu’un patient ressent un symptôme
grave, c’est une véritable course contre la montre qui s’engage. Plus
vite le diagnostic sera établi, meilleure et plus rapide sera la prise
en charge.
La Société algérienne de cardiologie a mis en place un
registre algérois des syndromes coronaires aigus. Quelles sont les
conclusions de votre enquête ?
Justement, l’un des buts de l’enquête était d’analyser la prévalence
des urgences cardiovasculaires, un jour donné, dans une zone
géographique bien déterminée, en l’occurrence il s’agissait dans ce cas
précis de la wilaya d’Alger. Grâce au concours de la direction de la
santé de la wilaya d’Alger, nous avons observé pendant 24 heures ce qui
se passait dans toutes les structures sanitaires qui assurent une
garde. Le but principal était, outre de déterminer la fréquence des
infarctus du myocarde, d’en analyser la prise en charge. Plus de 4747
patients qui ont consulté ce jour-là ont été inclus dans l’étude. Les
résultats sont très intéressants. Tout d’abord, il faut rendre hommage
aux personnels de santé qui assurent ces gardes de nuit comme de jour
tout au long de l’année.
Ensuite, nous avons été frappés par le maillage extraordinaire des
structures de santé et par leur répartition. Tous les patients sont
examinés, traités sur place ou orientés vers d’autres structures.
Beaucoup d’informations sur les horaires des consultations, les délais,
le mode d’arrivée aux urgences et les données démographiques ont été
recueillies. Ainsi, il est intéressant de noter que près d’un quart des
gens qui s’adressent aux urgences sont âgés de plus de 70 ans.
Malheureusement, les patients consultent tardivement après le premier
symptôme, particulièrement en ce qui concerne l’infarctus du myocarde,
ce qui les prive des traitements modernes et efficaces qui sont
pourtant disponibles. Une autre conclusion de ce travail est qu’en
l’absence d’un centre de régulation des urgences, les patients sont
souvent orientés vers d’autres structures, sans que l’on sache avec
certitude si des lits d’urgences sont disponibles.
Quels sont justement les moyens de prévention contre ces maladies ?
Vous savez, lorsqu’on parle de prévention, il faut distinguer la
prévention générale, primaire, qui s’adresse forcément à de larges
couches de la population et qui vise à empêcher l’apparition d’un
certain nombre de maladies ou de leurs complications. Le simple fait de
lutter contre la tabagisme, qui est massif dans notre pays et touche
des sujets de plus en plus jeunes, permettrait de réduire sensiblement
un grand nombre d’affections cardiovasculaires et cancéreuses. Dans le
cas qui nous intéresse, il s’agit de traiter les complications d’une
maladie qui était déjà connue, ou qui se révèle brusquement par un
événement majeur. La population concernée est, bien sûr, plus limitée
en nombre. Il s’agit pour nous de cibler ces patients dits «à haut
risque» (sujets âgés, fumeurs, hypertendus diabétiques, ayant un taux
élevé de cholestérol …) et de leur dire : «Attention, si vous ressentez
un symptôme qui vous alarme (comme une douleur prolongée dans la
poitrine, une difficulté à respirer, des palpitations…), il faut
consulter le plus rapidement possible.»
Est-ce qu’il existe un programme national de lutte contre les facteurs de risque ?
Effectivement, il existe un programme national de lutte contre les
maladies non transmissibles. Ce projet très ambitieux vise justement à
prévenir un certain nombre de maladies cardiovasculaires et de cancers
dont la fréquence augmente considérablement. Ces maladies, qui ont
toujours existé, sont malheureusement plus nombreuses et cela pour
plusieurs raisons : un changement brutal de notre mode de vie avec
l’adoption d’un style de type occidental, le vieillissement relatif de
notre population avec un allongement spectaculaire de l’espérance de
vie, des diagnostics qui se font de mieux en mieux avec l’accès plus
facile aux soins et aux méthodes modernes d’exploration. D’autres
raisons plus complexes liées à l’environnement et aux toxiques sont
probablement mis en cause, mais elles sont plus difficiles à démontrer.
Ce programme est très important et l’on peut s’enorgueillir de son
existence, car il pourrait réduire de manière substantielle ces
affections comme cela a été observé dans certains pays. Parallèlement,
il faut des campagnes de sensibilisation des populations à risque,
c’est ce compte entreprendre la Société algérienne de cardiologie.
Djamila Kourta
Elwatan
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