À l’heure où les phtalates sont sous les feux de l’actualité pour leurs effets indésirables potentiels sur la fertilité masculine, une nouvelle étude, conduite par des équipes de l’université d’Uppsala, laisse soupçonner un autre effet perturbateur, endocrinien et métabolique, des phtalates : un accroissement du risque de diabète de type 2 (DT2).
C’est au sein de la Prospective Investigation of the Vasculature in Uppsala Seniors Study, que PM Lind et coll. ont mené cette étude transversale, entre 2001 et 2004, pour examiner le lien entre prévalence du DT2 et taux sanguins de métabolites de phtalates pris comme indicateur d’exposition à ces agents chimiques ubiquitaires.
Les sujets inclus, au nombre de 1 016, âgés de 70 ans, ont répondu à un questionnaire afin de préciser les antécédents médicaux, le niveau d’éducation, les traitements suivis, et les habitudes de vie dont le tabagisme. Un prélèvement sanguin a été effectué à jeun, pour dosages de la glycémie et des lipides, de la pro-insuline et de l’insuline, et de 10 métabolites des phtalates.
Parmi ceux-ci, seuls les 4 métabolites détectables chez au moins 96 % des participants : le monométhylphtalate (MMP), le monoisobutylphtalate (MiBP), le monoéthylphtalate (MEP) et le mono-2-éthylhexylphtalate (MEHP), ont été retenus dans l’analyse.
Le rapport pro-insuline/insuline aplasmaa été utilisé comme indicateur d’insulinosécrétion, l’indice HOMA-IR (Homeostastis model assessment-insulin resistance) comme indicateur de résistance à l’insuline, et le diabète a été défini par l’existence d’un diabète connu, l’utilisation de médicaments hypoglycémiants ou la présence d’une glycémie à jeun dépassant 7,0 mmol/l.
Un risque de DT2 plus que doublé
Dans la population étudiée, où 114 sujets avaient un DT2, le taux médian de MMP était de 1,7 ng/ml (1,0-4,1 ng/ml), celui de MiBP de 16,2 ng/ml (10,4-76,3), celui de MEP de 12,2 ng/ml (8,9-19,5), et celui de MEHP de 4,9 ng/ml (2,6-15,2 ng/ml), chez les participants ayant un DT2. Les chiffres correspondants étaient, chez les non-diabétiques, respectivement de 1,5 ng/ml (0,8-3,0), 11,4 ng/ml (7,0-17), 13,3 ng/ml (9,2-24,5), et 4,5 ng/ml (2,0 15,8 ng/ml).
L’analyse, après ajustements (notamment sur le sexe, le niveau d’éducation, la cholestérolémie et la triglycéridémie, l’IMC, le tabagisme, l’exercice physique), associe significativement, pour 3 des 4 métabolites de phtalates considérés, au quintile le plus élevé, en comparaison du quintile le plus bas, une augmentation de la prévalence du diabète de type 2.
Les odds ratio correspondants étaient de 2,54 (IC à 95 % 1,25-5,13 ; p = 0,010) pour le MMP, de 2,00 (1,03-3,88 ; p = 0,040) pour le MiBP et de 2,27 (1,0-4,81 ; p = 0,031) pour le MEP. En revanche, aucune relation significative entre taux de MEHP et prévalence du DT2 n’a été constatée.
Les taux de MiBP étaient associés principalement à une plus faible insulinosécrétion, tandis que ceux de MEP et de MMP étaient surtout associés à l’insulinorésistance.
Des conséquences importances en terme de santé publique
Cette étude fait apparaître, dans une population de septuagénaire, un lien significatif entre le diabète de type 2 et l’exposition aux phtalates. Ces derniers sont des agents chimiques produits en très grande quantité et largement répandus, comme plastifiants et comme fixateurs, dans l’environnement (entre autres, dans les emballages alimentaires, les jouets, les revêtements muraux, des sols et des câbles, les rideaux de douche, les colles, les laques, les adhésifs…, présents dans les poussières de l’air intérieur, ainsi que dans les dispositifs médicaux et les médicaments, dans les cosmétiques…).
Certains métabolites des phtalates seraient impliqués dans l’altération du métabolisme du glucose chez le sujet âgé, à des niveaux d’exposition couramment observés. La capacité de liaison des phtalates au PPAR-gamma (peroxisome proliferator-activated receptor-gamma, déjà la cible de certains traitements) pourrait sous-tendre cet impact délétère sur l’insulinosécrétion et l’insulinorésistance.
L’étude est cependant transversale, et la causalité de la relation observée, reste à déterminer ; elle appelle confirmation par des études complémentaires, prospectives, incluant des mesures répétées des taux sanguins de métabolites des phtalates (ceux-ci étant susceptibles de variations plus rapides que les taux urinaires) et sur de grands échantillons, dans des populations diverses.
Dr Julie Perrot
C’est au sein de la Prospective Investigation of the Vasculature in Uppsala Seniors Study, que PM Lind et coll. ont mené cette étude transversale, entre 2001 et 2004, pour examiner le lien entre prévalence du DT2 et taux sanguins de métabolites de phtalates pris comme indicateur d’exposition à ces agents chimiques ubiquitaires.
Les sujets inclus, au nombre de 1 016, âgés de 70 ans, ont répondu à un questionnaire afin de préciser les antécédents médicaux, le niveau d’éducation, les traitements suivis, et les habitudes de vie dont le tabagisme. Un prélèvement sanguin a été effectué à jeun, pour dosages de la glycémie et des lipides, de la pro-insuline et de l’insuline, et de 10 métabolites des phtalates.
Parmi ceux-ci, seuls les 4 métabolites détectables chez au moins 96 % des participants : le monométhylphtalate (MMP), le monoisobutylphtalate (MiBP), le monoéthylphtalate (MEP) et le mono-2-éthylhexylphtalate (MEHP), ont été retenus dans l’analyse.
Le rapport pro-insuline/insuline aplasmaa été utilisé comme indicateur d’insulinosécrétion, l’indice HOMA-IR (Homeostastis model assessment-insulin resistance) comme indicateur de résistance à l’insuline, et le diabète a été défini par l’existence d’un diabète connu, l’utilisation de médicaments hypoglycémiants ou la présence d’une glycémie à jeun dépassant 7,0 mmol/l.
Un risque de DT2 plus que doublé
Dans la population étudiée, où 114 sujets avaient un DT2, le taux médian de MMP était de 1,7 ng/ml (1,0-4,1 ng/ml), celui de MiBP de 16,2 ng/ml (10,4-76,3), celui de MEP de 12,2 ng/ml (8,9-19,5), et celui de MEHP de 4,9 ng/ml (2,6-15,2 ng/ml), chez les participants ayant un DT2. Les chiffres correspondants étaient, chez les non-diabétiques, respectivement de 1,5 ng/ml (0,8-3,0), 11,4 ng/ml (7,0-17), 13,3 ng/ml (9,2-24,5), et 4,5 ng/ml (2,0 15,8 ng/ml).
L’analyse, après ajustements (notamment sur le sexe, le niveau d’éducation, la cholestérolémie et la triglycéridémie, l’IMC, le tabagisme, l’exercice physique), associe significativement, pour 3 des 4 métabolites de phtalates considérés, au quintile le plus élevé, en comparaison du quintile le plus bas, une augmentation de la prévalence du diabète de type 2.
Les odds ratio correspondants étaient de 2,54 (IC à 95 % 1,25-5,13 ; p = 0,010) pour le MMP, de 2,00 (1,03-3,88 ; p = 0,040) pour le MiBP et de 2,27 (1,0-4,81 ; p = 0,031) pour le MEP. En revanche, aucune relation significative entre taux de MEHP et prévalence du DT2 n’a été constatée.
Les taux de MiBP étaient associés principalement à une plus faible insulinosécrétion, tandis que ceux de MEP et de MMP étaient surtout associés à l’insulinorésistance.
Des conséquences importances en terme de santé publique
Cette étude fait apparaître, dans une population de septuagénaire, un lien significatif entre le diabète de type 2 et l’exposition aux phtalates. Ces derniers sont des agents chimiques produits en très grande quantité et largement répandus, comme plastifiants et comme fixateurs, dans l’environnement (entre autres, dans les emballages alimentaires, les jouets, les revêtements muraux, des sols et des câbles, les rideaux de douche, les colles, les laques, les adhésifs…, présents dans les poussières de l’air intérieur, ainsi que dans les dispositifs médicaux et les médicaments, dans les cosmétiques…).
Certains métabolites des phtalates seraient impliqués dans l’altération du métabolisme du glucose chez le sujet âgé, à des niveaux d’exposition couramment observés. La capacité de liaison des phtalates au PPAR-gamma (peroxisome proliferator-activated receptor-gamma, déjà la cible de certains traitements) pourrait sous-tendre cet impact délétère sur l’insulinosécrétion et l’insulinorésistance.
L’étude est cependant transversale, et la causalité de la relation observée, reste à déterminer ; elle appelle confirmation par des études complémentaires, prospectives, incluant des mesures répétées des taux sanguins de métabolites des phtalates (ceux-ci étant susceptibles de variations plus rapides que les taux urinaires) et sur de grands échantillons, dans des populations diverses.
Dr Julie Perrot
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