Près de 2,5 millions de Marocains atteints de maladies auto-immunes : une pathologie féminine à 75%

Souvent méconnues mais aux conséquences très lourdes, les maladies auto-immunes touchent entre 7 et 10% de la population mondiale dont environ 2,5 millions de personnes au Maroc, dont les trois quarts sont des femmes. Elles englobent des pathologies très diverses et plus au moins graves et représentent la 3ème cause de mortalité dans le monde après les affections cardiovasculaires et les cancers. Elles occupent également le deuxième ou troisième rubrique de dépenses de santé dans la plupart des pays. C’est ce qui ressort d’un communiqué de l’Association marocaine des maladies auto-immunes et systématiques (AMMAIS) qui organise la troisième journée de cette pathologie ce samedi 23 novembre.
Quand on parle des maladies les plus répandues au Maroc, on pense tout de suite au diabète, aux problèmes cardiovasculaires ou à l’obésité, les maladies auto-immunes ne figurent pas sur la liste, car elles sont très mal connues des Marocains. C’est un concept scientifique relativement récent et encore peu médiatisé au Maroc. Il s’agit en fait du dérèglement du système immunitaire. En effet, notre corps dispose d’un réseau de cellules spécialisées et d’organes censés nous protéger des bactéries, virus et autres infections. Le cœur de ce dispositif repose sur sa capacité à faire la différence entre ces agresseurs et nos propres cellules; un défaut de fonctionnement peut rendre le corps incapable de les distinguer. C’est un ensemble de maladies très différentes dans leur expression clinique et dans les organes intéressés, mais qui ont en commun le même mécanisme : le système immunitaire du malade s’attaque à certains constituants de son propre hôte comme s’ils étaient des substances étrangères ; il produit alors des anticorps dirigés contre soi (auto-anticorps). C’est en quelque sorte une autodestruction partielle.
Ces nombreuses pathologies, plus d’une centaine, sont la maladie cœliaque ou intolérance au gluten, lupus, scléroses en plaques, myasthénie, diabète juvénile, ainsi que des maladies thyroïdiennes, du sang, du système digestif. Les symptômes sont très variables selon la maladie en cause, et peuvent être non spécifiques, d’où la nécessité d’une démarche diagnostique approfondie. Seulement leurs premières manifestations souvent dissimulées et peu perceptibles se présentent sous forme de fatigue, étourdissements, douleurs diffuses venant et disparaissant font fréquemment douter de leur déclenchement. Beaucoup ne sont diagnostiquées que plusieurs années après. Aujourd’hui, de nouvelles thérapeutiques issues d’organismes vivants «biothérapie» ouvrent de grands espoirs pour éradiquer ce fléau. Le seul traitement peut coûter autour de 60.000 DH, un prix malheureusement très élevé et pas à la portée de tout le monde au Maroc. A rappeler également que ce mal est principalement féminin, il concerne 75% des femmes, soit 3 à 4 femmes pour un homme. Certaines maladies vont même jusqu’à frapper 10 à 20 fois plus de femmes, au moins une femme sur 9 est ou en sera atteinte au cours de sa vie.
Quant à la rencontre scientifique organisée par l’AMMAIS, elle portera essentiellement sur les échanges ayant trait aux dommages parfois mortels de cette pathologie sur les organes «cibles», dont le cœur, les poumons, le foie, le système nerveux, l’œil… Des experts internationaux dont le Professeur Loïc Guillevin, président d’honneur d’AMMAIS, et les représentants d’associations de malades français et marocains seront présents pour débattre de ce fléau et sensibiliser le public sur sa gravité.

Libération novembre 2013

Les maladies auto-immunes du 21ème siècle : Les femmes, principales victimes de ces pathologies - L'Opinion - Maroc - 22/11/2013
L’Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS) organise sa troisième journée de l’auto-immunité samedi 23 novembre à Casablanca. Présidée par Dr Khadija Moussayer, l’association compte mettre la lumière sur des maladies émergentes du 21ème siècle qui touchent le système immunitaire dont la fonction principale est la défense du corps contre différents facteurs agresseurs tels que bactéries, virus, parasites, champignons, cellules cancéreuses, entre autres, et qui sont peu médiatisées au Maroc.
Ce type de pathologie se traduit par l’hyperactivité du système immunitaire à l’encontre de substances ou de tissus qui sont normalement présents dans le corps. Le système immunitaire, un ensemble des mécanismes de défense de l’organisme contre les microbes, virus, parasites, est capable de faire la différence entre ces agresseurs et les propres cellules du corps. Un dysfonctionnement peut rendre le corps incapable de les distinguer ; les globules blancs vont alors attaquer par erreur les cellules du corps et causer des dégâts aux organes. Une auto-destruction s’opère alors, d’où le terme employé de maladie auto-immune.
Si l’appellation « Maladie auto-immune » est inhabituelle, les maladies en soi sont connues pour la plupart. On retrouve plus d’une centaine de manifestations dont la sclérose en plaques, le diabète de type 1 (appelé autrefois « diabète juvénile » ou « diabète insulino-dépendant »), le lupus, les thyroïdites auto-immunes, la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite ankylosante, le syndrome de Goujerot-Sjögren, la maladie de Crohn, la maladie cœliaque ou intolérance au gluten, le psoriasis, la myasthénie,…A cet échantillon de pathologies chroniques s’ajoutent celles du sang et du système digestif. Les mécanismes sont semblables, seuls les organes touchés peuvent être différents.
Plus alarmant est le taux de personnes atteintes par ces maladies. Elles touchent entre 7 à 10 % de la population mondiale. Au Maroc, environ 2,5 millions de personnes sont atteintes, dont plus de 75 % sont des femmes. Le concept scientifique qualifié de relativement nouveau reste la 3ème cause de morbidité dans le monde après les affections cardiovasculaires et les cancers. Elles touchent un ou plusieurs organes selon la maladie aux causes encore incertaines (on parle d’influence des hormones sexuelles, de l’hérédité, de la pollution, des infections…). Leur progression est rapide tandis que les maladies infectieuses sont partout en nette régression.
Les victimes principales de ces pathologies du siècle sont les femmes. 3 à 4 femmes sont touchées pour un homme et certaines des maladies en question frappent 10 à 20 fois plus les femmes que les hommes. Constat élémentaire si on considère le rôle que joueraient certaines hormones féminines (les œstrogènes, les chromosomes et la grossesse) dans la stimulation de ces maladies.
Tels les cancers, les symptômes annonçant la maladie sont peu perceptibles; ils se traduisent par des signes endémiques tels que fatigue, douleurs et/ou étourdissements…trompant ainsi la vigilance, ce qui laisse le temps au mal de ronger efficacement le corps et au diagnostic d’être souvent tardif.
Les maladies auto-immunes constituent une base de la recherche scientifique, à côté des neurosciences et la cancérologie, du fait de leur caractère incurable et de la complexité des traitements- les immunosuppresseurs particulièrement- qui, faute de guérir la maladie, sont susceptibles de stopper son évolution.
Dans ce tableau macabre pointe une lueur d’espoir : l’apparition de nouvelles pratiques thérapeutiques de produits d’origine biologique, les biothérapies, appliquées généralement dans les maladies génétiques, le cancer, les transplantations cellulaires et organiques, les maladies infectieuses et la régénération et réparation tissulaire (neurologie, cardiologie, hépatologie…). Mais leur usage reste très restreint à cause de leur coût excessivement élevé et ne bénéficie qu’aux patients qui disposent d’une solide couverture médicale (un seul traitement peut coûter environ 60.000 dirhams).
La 3ème journée de l’auto-immunité portera sur cet aspect notamment et sur les dommages que les pathologies provoquent habituellement sur les organes touchés (cœur, poumons, foie, système nerveux, œil...) et qui peuvent être mortels. Les débats seront animés par des spécialistes en la matière, des experts internationaux et des représentants d’associations de malades françaises et marocaines.
Nous y reviendrons.