Le travail c’est la santé, mais pas en «trois-huit »

Publié le 19/03/2010
La polyarthrite rhumatoïde (PR) est le rhumatisme inflammatoire
chronique le plus fréquent. Son origine est inconnue mais divers
facteurs génétiques, immunologiques, hormonaux psychologiques et
environnementaux interviennent vraisemblablement dans sa
pathogenèse. Parmi les facteurs d’environnement, le facteur
favorisant le mieux connu actuellement est le tabagisme.
Puisqu’il a été montré que le travail en «
trois-huit » modifiait les marqueurs sériques de
l’inflammation, une équipe finlandaise a souhaité évaluer l’impact
de rythme professionnel sur la survenue d’une PR.
Cette étude prospective a été menée entre 1997 et 2004 sur
70 376 employés du secteur public finlandais qui ont répondu à une
enquête .
Ceux qui avaient des antécédents de PR au départ (n = 939) ou
pour lesquels certaines données manquaient (âge, sexe, horaire de
travail ; n = 2 035), ont été exclus laissant un échantillon final
de 67 402 participants âgés de 18-65 ans ( 80 % de femmes).
La PR était identifiée à partir des données enregistrées si un
ou plusieurs des critères suivants étaient présents: congé de
maladie pour PR, traitements hospitaliers pour PR,
remboursements spécifiques pour un traitement et /ou la rééducation
d’une PR, prescription et achat de médicaments spécifiques ou
pension d'invalidité pour PR.
Le sexe, l'âge, l’indice de masse corporelle, l'activité
physique, la consommation d'alcool, la détresse psychologique, le
tabagisme et le statut socio-économique ont été pris en compte.
Au cours du suivi moyen de 4,2 ans, 229 nouveaux cas de PR ont
été diagnostiqués. Le travail en « trois-huit » a été
associé à une augmentation du risque de PR chez les femmes. Cette
association persistait après ajustement pour toutes les
variables analysées. Chez les hommes, aucun lien n’a été retrouvé
entre trois-huit et PR.
L’association chez les femmes n’était pas expliquée par des
facteurs socio-économiques ou une détresse psychologique. Bien
qu’un excès de risque n'ait pas été observé chez les hommes, cela
doit être interprété avec prudence étant donné le faible nombre de
nouveaux cas masculins (n = 22).
Cette étude est la première à rapporter une association entre le
travail en trois-huit et la survenue d’une PR chez les femmes
et soulève ainsi l'hypothèse que le travail en «
trois-huit » pourrait augmenter le risque de polyarthrite
rhumatoïde.



Dr Juliette Lasoudris-Laloux
Puttonen S et coll. : Is shift work a risk factor for rheumatoid
arthritis? The Finnish Public Sector study. Ann Rheum Dis 2010; 69:
679-680

slt. mes remerciement pour l'article .