L'adolescence, période à risques pour les troubles psychiatriques

L'adolescent a mille et une raisons d'aller mal, mais pour les psychiatres, il est essentiel de faire la part entre le processus normal de transition et les premiers signes d'un risque de trouble psychiatrique comme la schizophrénie.
Dur d'être un ado : les changements physiques n'épargnent pas le cerveau, qui subit sa première phase de maturation majeure. Pour Marie-Odile Krebs (centre hospitalier Sainte-Anne, Paris), la période de l'adolescence apparaît "biologiquement à risque pour les addictions et les troubles émotionnels". C'est aussi une période de transition sociale, où le rôle des pairs tend à devenir plus important que celui de la famille.

Pour l'immense majorité des adolescents, c'est juste un cap périlleux à passer. Mais pour certains, les premiers symptômes qui surviennent à cette période peuvent être les premières manifestations de troubles plus profonds et durables qu'il y a urgance à prendre en charge, comme l'ont souligné plusieurs spécialistes lors de la 3e journée internationale des pathologies émergentes de l'adolescent et du jeune adulte (Jipejaad), mardi à Sainte-Anne.

Fléchissement scolaire, isolement affectif et social, angoisse, dépression : ce sont les principaux symptômes qui, lorsqu'ils se répètent, conduisent à consulter au Centre d'évaluation pour jeunes adultes et adolescents de Sainte-Anne.

"On veut absolument repérer les premiers symptômes. C'est ça qu'on traque", parce que le repérage précoce "permet un meilleur traitement, une meilleure prise en charge".

Quand l'équipe repère des signes alarmants à la première consultation, le jeune bénéficie d'une journée complète de tests, en relation avec le réseau de recherche Transition cordonné par le Pr Krebs.

Même à l'issue de ce bilan réalisé par des spécialistes, il reste des cas difficiles à trancher, pour lesquels on ignore s'ils vont ou non basculer dans la schizophrénie.
"Ces patients à risque, on les suit de très près. Ce sont ceux pour qui on libère un maximum de temps", a souligné le Dr Gut.
Mais le premier contact avec le système de soins peut aussi se faire brutalement, au détour d'une crise où le jeune s'est mis physiquement en danger, a témoigné Chantal Baldacci, à Sainte-Anne. Elle accueille, au sein d'une unité de psychiatrie adulte, des adolescents manifestant des troubles de conduite.