Diarrhée et vomissements deux heures après le fromage du supermarché
Publié le 14/04/2010
Novembre dernier, départements du Nord, Pas de Calais, Somme, Aisne, Savoie et Gard. Ils ont été 23, au total, à présenter la même symptomatologie, plus ou moins complète : nausées, diarrhée, vomissements, douleurs abdominales à type de crampes et fièvre. Il faut dire qu’ils avaient tous commis la même erreur : celle d’acheter, en grande distribution, du fromage doux élaboré à partir de lait non pasteurisé provenant de 3 lots contaminés d’un même producteur, issus d’un unique conteneur. Les symptômes étaient survenus rapidement, entre 1h15 et 8 heures après la consommation de l’aliment contaminé, cuit ou non. Une enquête sanitaire avait été rapidement diligentée et on avait vite identifié le coupable : Staphylococcus aureus, ou plus exactement sa toxine, en l’occurrence de type E. Heureusement, tout était bien qui finissait bien et on ne signalait aucune issue fatale…
Petit retour, à l’occasion de ce regrettable épisode de 6 épidémies survenues en même temps aux extrémités du pays, sur les intoxications alimentaires staphylococciques. Volontiers sous-estimées, elles demeurent en fait, partout dans le monde, une cause majeure de toxi-infections alimentaires (TIA). Elles résultent de l’ingestion d’une entérotoxine bactérienne pré sécrétée dans les aliments par certaines souches de staphylocoques coagulase plus, Staphylococcus aureus en tête ; on comprend donc qu’on ne retrouve pas obligatoirement le micro-organisme dans le produit final, prêt à consommer, et ce d’autant moins que la toxine, thermorésistante, aurait résisté au chauffage alors même que la bactérie aurait été détruite. On a décrit à ce jour 21 entérotoxines staphylococciques (SE) distinctes, de SEA à SEIV, toutes pourvues d’une activité super antigénique –et à ce titre impliquées dans différentes pathologies humaines- mais seulement certaines (dont celle en cause ici, de type E) émétisantes. Elles sont produites dans des aliments à fort contenu protéique, et les signes cliniques apparaissent très rapidement après l’ingestion (un peu plus d’une heure pour les cas les plus précoces). Le diagnostic de certitude sera fait sur l’aliment (mise en évidence de l’entérotoxine elle même, voire d’une souche bactérienne toxigénique), la recherche n’étant pas réalisable dans les selles ou le sang des malades. On ne connaît pas la fréquence exacte de ces TIA staphylococciques, de diagnostic malaisé et qui, hors épidémie, échappent certainement à toute surveillance sanitaire. La France en tout état de cause n’est pas indemne, mais le type E y serait très rare, largement devancé par le A qui rendrait compte de 70 % des TIA staphylococciques collectives.
Il semble qu’au ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche, certains n’étaient pas mécontents de ces épisodes de diarrhées douloureuses survenus dans 3 coins fort éloignés les uns des autres du pays. Pourquoi ? Simplement parce qu’ils ont prouvé que notre système national de surveillance était très performant et capable de détecter (et d’analyser) rapidement des évènements rares. Il apparaît effectivement que l’enquête semble avoir été menée de main de maître, tant dans ses aspects épidémiologiques que bactériologiques, et que la mise en évidence des lots alimentaires contaminés a suivi de peu les premières déclarations aux DDASS. Et qu’on a ainsi pu, grâce au retrait rapide des lots contaminés, contenir au maximum le nombre des cas…
Dr Jack Breuil
Ostyn A et coll. : First evidence of a food poisoning outbreak due to staphylococcal enterotoxin type E, France, 2009. Eurosurveillance 2010; 15(13):pii=19528
Publié le 14/04/2010
Novembre dernier, départements du Nord, Pas de Calais, Somme, Aisne, Savoie et Gard. Ils ont été 23, au total, à présenter la même symptomatologie, plus ou moins complète : nausées, diarrhée, vomissements, douleurs abdominales à type de crampes et fièvre. Il faut dire qu’ils avaient tous commis la même erreur : celle d’acheter, en grande distribution, du fromage doux élaboré à partir de lait non pasteurisé provenant de 3 lots contaminés d’un même producteur, issus d’un unique conteneur. Les symptômes étaient survenus rapidement, entre 1h15 et 8 heures après la consommation de l’aliment contaminé, cuit ou non. Une enquête sanitaire avait été rapidement diligentée et on avait vite identifié le coupable : Staphylococcus aureus, ou plus exactement sa toxine, en l’occurrence de type E. Heureusement, tout était bien qui finissait bien et on ne signalait aucune issue fatale…
Petit retour, à l’occasion de ce regrettable épisode de 6 épidémies survenues en même temps aux extrémités du pays, sur les intoxications alimentaires staphylococciques. Volontiers sous-estimées, elles demeurent en fait, partout dans le monde, une cause majeure de toxi-infections alimentaires (TIA). Elles résultent de l’ingestion d’une entérotoxine bactérienne pré sécrétée dans les aliments par certaines souches de staphylocoques coagulase plus, Staphylococcus aureus en tête ; on comprend donc qu’on ne retrouve pas obligatoirement le micro-organisme dans le produit final, prêt à consommer, et ce d’autant moins que la toxine, thermorésistante, aurait résisté au chauffage alors même que la bactérie aurait été détruite. On a décrit à ce jour 21 entérotoxines staphylococciques (SE) distinctes, de SEA à SEIV, toutes pourvues d’une activité super antigénique –et à ce titre impliquées dans différentes pathologies humaines- mais seulement certaines (dont celle en cause ici, de type E) émétisantes. Elles sont produites dans des aliments à fort contenu protéique, et les signes cliniques apparaissent très rapidement après l’ingestion (un peu plus d’une heure pour les cas les plus précoces). Le diagnostic de certitude sera fait sur l’aliment (mise en évidence de l’entérotoxine elle même, voire d’une souche bactérienne toxigénique), la recherche n’étant pas réalisable dans les selles ou le sang des malades. On ne connaît pas la fréquence exacte de ces TIA staphylococciques, de diagnostic malaisé et qui, hors épidémie, échappent certainement à toute surveillance sanitaire. La France en tout état de cause n’est pas indemne, mais le type E y serait très rare, largement devancé par le A qui rendrait compte de 70 % des TIA staphylococciques collectives.
Il semble qu’au ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche, certains n’étaient pas mécontents de ces épisodes de diarrhées douloureuses survenus dans 3 coins fort éloignés les uns des autres du pays. Pourquoi ? Simplement parce qu’ils ont prouvé que notre système national de surveillance était très performant et capable de détecter (et d’analyser) rapidement des évènements rares. Il apparaît effectivement que l’enquête semble avoir été menée de main de maître, tant dans ses aspects épidémiologiques que bactériologiques, et que la mise en évidence des lots alimentaires contaminés a suivi de peu les premières déclarations aux DDASS. Et qu’on a ainsi pu, grâce au retrait rapide des lots contaminés, contenir au maximum le nombre des cas…
Dr Jack Breuil
Ostyn A et coll. : First evidence of a food poisoning outbreak due to staphylococcal enterotoxin type E, France, 2009. Eurosurveillance 2010; 15(13):pii=19528
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