Qui veut voyager loin...ne ménage pas son activité physique

03/12/09

Dr Philippe Tellier

L'activité physique est chaudement recommandée pour améliorer le profil de risque cardiovasculaire et la qualité de vie, voire la longévité. Aucune limite d'âge n'est mentionnée dans ces recommandations, alors qu'il est licite de s'interroger sur ses bénéfices chez le sujet très âgé (> 70 ans). Les données publiées sont de facto peu nombreuses, ce qui permet de souligner tout l'intérêt d'une étude de cohorte prospective récente. Il s'agit de la Jerusalem Longitudinal Cohort Study(1990-2008) dans laquelle ont été inclus 1 861 sujets nés en 1920 ou en 1921, le suivi total étant in fine de 17 109 sujets-années. La mortalité toutes causes confondues, l'état de santé, les co-mordités et les performances fonctionnelles ont été systématiquement évalués aux âges de 70, 78, 85 et 88 ans, en fonction des variations du niveau de l'activité physique.
Par rapport aux sédentaires, chez les sujets physiquement actifs, la mortalité à 8 ans s'est révélée plus faible :
1) à 70 ans: 15,2 % versus 27,2 % (p <0;001);
2) à 78 ans: 26,1 % vs 40,8 % (p <0,001).
A 85 ans, la mortalité à 3 ans a été évaluée chez les sujets actifs à 6,8 %, versus 24,4 % chez les sédentaires (p<0,001). Les données ont été analysées au moyen du modèle des risques proportionnels de Cox avec ajustement en fonction des facteurs de risque. Une diminution de la mortalité en rapport avec une activité physique régulière a ainsi été mise en évidence aux âges suivants en termes de risque relatif (RR), ceci par rapport à la sédentarité :
1) 70 ans : RR=0,61) :
2) 78 ans : RR=0,69 ;
3) 85 ans : RR=0,42.
Un bénéfice significatif en termes de survie a été associé à l'activité physique débutée dans les tranches d'âge 70-78 ans (p=0,04) et 78-85 ans (p<0,001), preuve qu'il n'est jamais trop tard. Cependant, il n'a pas été mis de relation de type dose- effet entre les niveaux d'activité et la mortalité, versus sédentarité. A l'âge de 78 ans, les exercices physiques réguliers ont permis de conserver l'autonomie. Il en a été de même avec la pratique des activités de la vie quotidienne à l'âge de 85 ans. En bref, chez le sujet très âgé, la poursuite ou la reprise d'une activité physique sont bénéfiques non seulement en termes de longévité, mais aussi d'autonomie et de performances fonctionnelles.

Stessman J et coll. : Physical Activity, Function, and Longevity Among the Very Old Arch Intern Med. 2009; 169: 1476-1483.